Avez-vous entendu parler d’Animal washing ou de Welfare washing? Il ne s’agit pas d’une nouvelle station de lavage automatique pour chien, mais bien de la version faunistique du Green washing, pratique publicitaire trompeuse sanctionnée depuis 2021. Face aux enjeux d’éco-durabilité et de préservation de la biodiversité, la tentation d’éco-blanchiment par le biais de l’animal, suscitant de vives émotions auprès du consommateur, est hélas à la portée de toutes les organisations. Alors, voici nos 8 bons conseils pour vous éviter tout risque d’être « taclé » d’Animal washing.
A savoir : le Green washing apparu dans les années 80 défini comme l’éco-blanchiment par l’ARPP* est une technique marketing ou publicitaire utilisée dans le but de se donner une image écologique trompeuse de ses activités ou de ses marques. Les entreprises qui font du Green washing mettent en avant des préoccupations environnementales qu’elles sont loin d’avoir dans leurs pratiques courantes et manquent souvent de preuves sur la véracité des faits. L’émergence croissante de l’impact par l’image, notamment en mettant en scène l’animal malgré lui, laisse une porte ouverte à cette nouvelle tendance, celle de l’Animal washing.
Illustrons le principe d’Animal washing par cet exemple fictif, à seul objectif pédagogique, celui de mettre l’accent sur un profond décalage d’intentions : « Un constructeur se vante d’aller nettoyer la suie sur le pelage des chevreuils qui ont souffert des incendies estivaux, terrorisés et errants en bordure de forêt alors qu’il continue d’urbaniser déraisonnablement en construisant des murs infranchissables, coupant ainsi les corridors écologiques menant aux points d’eau naturels, source de vie et d’échappatoire pour ces mêmes chevreuils ». C’est une pratique qui détourne l’attention du consommateur, suscite beaucoup d’émoi et qui donne une fausse « bonne conscience » à ceux qui en font la promotion.
Mais comment l’éviter ? Voici 8 façons de repenser certaines actions avant qu’elles ne se transforment en Animal washing.
1/Eviter la super promo du mois : pour chaque achat, le produit X reverse une partie de ses ventes au profit des animaux. Un coup de promotion est un acte purement publicitaire, alors qu’une action pérenne quelles que soit les ventes est une action engagée dans le temps. Il va de soi que stimuler les ventes d’un produit ponctuellement en profitant de l’empathie du consommateur pour la cause animale n’est pas une pratique responsable. A l’inverse, reverser un % de ses ventes ou de ses profits, sans l’utiliser comme levier marketing, au profit d’associations œuvrant pour la cause animale prend alors tout son sens.
2/Jouer la transparence et promouvoir des comportements d’achats responsables : c’est tout l’enjeu d’un label, celui de travailler sur la chaîne de fabrication du produit et de sensibiliser le consommateur à devenir un consom-acteur, en choisissant un produit qui répond à des exigences reconnues et contrôlées (ex. étiquette Bien-être animal, label MSC, Peta…). Point de vigilance : travailler sur l’intégralité de son offre produit plutôt que sur son seul produit star.
3/Une charte d’engagement authentique et crédible : présenter à sa clientèle une charte d’engagements durables par paliers pour éviter la souffrance animale en intégrant toutes les étapes de la chaine de valeur de l’entreprise ou du procédé de fabrication des produits. En vous appuyant de l’aide des experts, vous pouvez identifier où se situe l’impact maximal de l’activité de l’entreprise sur la faune ou l’animal domestique afin de le réduire ou l’éliminer. Même minime, un engagement bien raisonné peut inciter d’autres à le reproduire et cumuler ainsi les bénéfices collectivement à plus grande échelle.
4/Faire un choix éclairé sur l’animal, ses conditions de détention ou de vie, son habitat ou les produits dérivés : bien identifier la cible animale sur laquelle l’organisation souhaite agir positivement. Pourquoi choisir l’espèce animale qui parle le plus à sa clientèle, lorsque que les enjeux sont ailleurs, certes moins évidents à première vue mais plus porteurs ? Modérer son impact sur l‘habitat des animaux ou sur l’utilisation des produits dérivés est souvent tout aussi judicieux pour la sauvegarde d’une espèce animale.
5/Former ses collaborateurs sur la responsabilité sociétale (RSE) oui, mais également sur la responsabilité des marques (RSM) en intégrant une composante éco-durable qui implique les êtres vivants. Pensons à la planète mais également à ceux qui y vivent, les jeunes recrues s’appuieront par la suite sur ces connaissances acquises et sauront en faire bon usage dans leur carrière.
6/Communiquer autrement : stop aux photos chocs ou aux photos fun, les méthodes d’acquisition sur le web qui utilisent l’animal pour séduire surfent parfois sur la souffrance animale. Le suicide food à l’instar « de la vache qui rigole » en est un exemple et n’a plus sa place désormais. Faute de règles précises sur l’éthique de l’image animalière, la dérive est rapide et pourtant des codes de bonnes pratiques existent auprès des professionnels.
7/S’améliorer : ne pas hésiter à faire évoluer dans le temps les actions de sensibilisation et la communication en fonction de l’évolution des comportements, des tendances sociétales mais également des changements climatiques. Lorsque l’on aborde le délicat sujet du transport des animaux, quels qu’ils soient, domestiques et marchands, de compagnie, on ne peut que s’interroger sur l’intérêt et les modalités face au réchauffement climatique. Doit-on emmener son animal en vacances sur les routes en pleine canicule ou sur la plage à toute heure de la journée sans nécessité absolue ? Un animal est-il bien dans une voiture, un camion, un train ou un avion ? Le bien-être animal est une science qui ne s’improvise pas.
8/Et enfin, agir sur le terrain : de nombreux acteurs terrains ont besoin d’aide et de soutien car défendre la cause animale demande une énergie à chaque instant. Alors, même les plus petites actions comptent. Engager des partenariats avec les associations ou les experts vous aideront à prioriser et orienter les actions là où elles sont les plus profitables.
En lisant cet article, vous avez déjà fait un grand pas, celui d’une prise de conscience. Si la vie animale est au cœur de vos préoccupations, rien ne vous empêche de développer vous aussi votre pôle de compétences en faveur d’activités animo-responsables.
*L’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité
Corinne Lesaine
Docteure-vétérinaire sur TELEVET (lien : https://televet.co/corinne-lesaine)
Fondatrice d’Aloki Conseil et du blog Animo Aloki, pour des actions animo-responsables
Vétérinaire conseil nutrition, bien-être, santé animale (& biodiversité)
2 commentaires
Corinne Lesaine
13 août 2022 à 12h25
Merci Brigitte, les vétérinaires bénéficient d’une belle expérience dans ce domaine et sont toujours de bons conseils
Brigitte Leblanc
11 août 2022 à 16h12
Bravo pour cet article très éclairant, Corinne!