“Ce dont nous avons besoin est une morale infinie qui inclura aussi les animaux. La compassion atteindra sa pleine mesure et profondeur lorsqu’elle comprendra toutes les créatures et ne se limitera pas uniquement à l’humanité”. Albert Schweitzer
Shambhala est décédée dans notre refuge, lors d’un accident de chasse
Le dimanche 1er décembre il y a eu un drame dans notre refuge la Petite Bohème, la douce jument Shambhala, mon âme-sœur, est décédée suite à un accident de chasse.
Une meute de chiens de chasse a tenté de pénétrer dans le refuge passant dans notre pré où nous récoltons notre foin, ce qui a fait paniquer nos rescapés. Terrorisés, certains se sont précipités contre la clôture, d’autres couraient dans tous sens. Nos chiens patous ont pu empêcher les chiens de chasse d’aller dans les prés où il y avait les animaux mais la meute s’est acharnée malgré tout à plusieurs endroits. Les chiens étaient surexcités et incontrôlables, cherchant à faire un carnage et provoquant un état de stress gravissime pour nos animaux.
Shambhala a fait plusieurs allers-retours dans le pré pour ramener les animaux dans la cour afin de les protéger, et un coup de fusil a été tiré trop près. La balle ne l’a pas touchée mais son cœur a lâché, la déflagration rajoutant du stress alors qu’elle n’en pouvait plus, elle a été fauchée en plein galop.
Alors qu’elle venait de mourir, les chiens de chasse s’acharnaient contre le grillage, complètement déchaînés, nos patous continuaient de les repousser. Aucun chasseur n’est venu récupérer les chiens de chasse.
Shambhala est morte en voulant sauver ses amis. Tous les animaux ont veillé sur son corps, se relayant…
Nous sommes encore très choqués et les autres animaux aussi. Il n’y a pas de mots pour décrire cette lancinante douleur…
Notre refuge est un lieu de soin, comment concevoir que dans le sein de ce lieu une telle atrocité puisse survenir?
Nous avons fait de cette ancienne ferme un lieu d’harmonie où nous prenons en charge des animaux victimes de maltraitance grave, de séquelles comportementales et physiques importantes suite à des traumatismes, de handicap, sauvés d’abattoir ou de négligence. Nous recueillons des chiens, chats, animaux de ferme (bovins, équins, caprins, ovins, lama, alpagas, volailles) mais aussi des animaux sauvages lourdement handicapés qui ne peuvent pas être relâchés, afin de leur éviter l’euthanasie qui est préconisée dans ces cas ( canards, oies,…)
Nous menons des actions de sensibilisation afin d’éduquer le public à la notion de bien-être animal, nous accueillons aussi des personnes atteintes de handicap mental ( autisme, troubles du comportement, trisomie,…) afin de leur permettre des moments de sérénité auprès des animaux et leur faire découvrir la beauté et la richesse des relations avec ces êtres ainsi que la nécessité de les respecter et les traiter comme des êtres sentients.
Nous avons fait des aménagements pour que la faune sauvage puisse également profiter de notre sanctuaire (nichoir à cigognes, zones pour les hérissons, bassins, plan d’eau facilitant la venue de salamandres, d’amphibiens, d’odonates et d’autres animaux, plantes mellifères pour les butineurs, poutres facilitant d’installation d’hirondelles, abris pour les de chauves-souris etc…)
Notre avons créé ce refuge il y a 15 ans, y travaillant dur, pour offrir une vie digne à ces rescapés.
Et pourtant, dans ce lieu où la vie est sacrée, la barbarie des hommes a frappé, avec cette meute de chiens dressés à tuer.
Il nous a fallu des mois, voire des années de soin et de travail pour permettre à certains de nos protégés de surmonter leurs traumatismes, et là, suite à cette tragédie, certains ne parviennent plus à se sentir en sécurité. A chaque fois qu’ils entendent désormais les bruits d’une battue, les aboiements des chiens ou les coups de feu, ils paniquent, et cela réveille leur état de stress et amène de la souffrance.
Nous avons dû par mesure de sécurité fermer notre refuge au public jusqu’à la fin de la saison de chasse, ce qui implique une absence de visibilité et donc, de dons pour nous permettre de faire fonctionner notre association.
Ce drame risque de se reproduire car le ou les propriétaires des chiens de chasse n’ont toujours pas été identifiés, je crains que même si nous parvenons à avoir leur identité, cela ne changera pas grand chose car les chasseurs circulent librement dans notre secteur et, de plus, notre refuge est entouré de chasses privées en plus de zones de chasse communales. Nous sommes inquiets aussi pour la sécurité de nos bénévoles.
La saison de chasse est souvent rallongée par le biais de dérogations et les chasseurs nous ont de plus indiqués que les tirs de nuit étaient autorisés, bien que notre refuge soit situé dans une zone humide protégée et Natura 2000. La chasse aux sangliers notamment, se pratique ici toute l’année.
Dans l’urgence avec des bénévoles nous avons réparé au mieux les dégâts dans la clôture qui ont été causés par la meute de chiens de chasse qui s’est acharnée et par la panique de nos animaux (grillage désolidarisé des piquets, grillage plié, fils détendus, arrachés, etc…). Un de nos bœufs, Padawan, s’est même jeté contre un portail en bois lors de l’attaque, le détruisant.
Nous allons mettre des treillis soudés afin de sécuriser la clôture et éviter définitivement tout risque d’intrusion, malheureusement pour le moment le coût est énorme et nos moyens ne le permettent pas. Nous avons besoin de dons pour en acheter.
C’est la seule solution que nous avons trouvée ; en effet, les treillis soudés sont extrêmement solides et rigides, ne peuvent pas plier ni blesser les animaux (y compris les animaux à cornes comme les vaches, zébu, chèvres, moutons) et sont durables dans le temps. L’idée est de faire une tranchée afin de les enterrer sur 15 cm afin de décourager les chiens de chasse de vouloir passer par dessous (ils ont tenté de passer sous notre clôture, la soulevant et l’endommageant à plusieurs endroits) et de laisser une hauteur d’au moins 1m 60 voire 1m 80 par rapport au niveau de sol.
Shambhala, l’amour pur
Shambhala était une jument qui vivait dans notre refuge depuis près de 12 ans. Son nom, Shambhala, signifie de manière littérale « ce qui nous offre l’accès à la source de bonheur pur et de joie infinie » . Dans la tradition bouddhiste, c’est un royaume mythique, une terre pure qui ne peut être située sur une carte.
Shambhala,.mon cœur t’appelle à chaque seconde. Ta chaleur, le velours de ton regard, la puissance de ton galop, ces moments hors du temps et du monde, toute la quintessence de ta présence me manquent tant . J’ai tant de gratitude pour ces moments dans ton univers où tout était poème, lumière, où l’amour vibrait si fort qu’on s’y immergeait, où la musique de ta respiration enlaçait toute vie, où ta tendresse si pure berçait la fragilité de toutes et tous.
Tu offrais ta force, la puissance de ta compassion, ta générosité… Tes pas étaient une danse, comme un vol d’oiseaux, comme l’onde diaphane d’une rivière. Dans tes yeux perlait parfois une larme qui dévalait ta joue au moindre compliment ou à la moindre émotion. Ton cœur immense débordait du plus pur amour, de la plus précieuse sagesse…
Tu es dans la rosée du matin, dans les bourgeons qui se préparent à éclore, tu es dans le feu des couchers de soleil, dans le mystère de la brume. Comment imaginer la vie sans toi? Comment imaginer les matins sans te toucher, sans laisser mes mains courir sur tes crins, sans ta tête sur mon épaule, sans ton regard, le parfum de ta crinière ?
Comment imaginer la course des nuages sans le martèlement de ton galop? Tu as protégé les autres, étant à la fois une mère universelle, un guide et une chamane. Merci pour toute ta magie, l’offrande de ta présence. Merci pour tout, mon amour. La peine est au-delà des larmes, des cris, de la douleur… Ton amour restera, comme une empreinte, un sillon de lumière qui jour après jour, deviendra sillage, qui grandira encore et toujours…
Au-delà de la douleur de ton absence, de l’impuissance atroce de n’avoir pas pu empêcher cette tragédie, il y a la volonté de poursuivre notre combat pour ceux qui souffrent, en silence, jour après jour, avec ton âme, ta mémoire et toute la sagesse que tu nous as enseignée… Tu resteras toujours à nos côtés, distillant ton amour pur et infini.
Alors je serai comme l’eau , forte, impétueuse ou douce, mais toujours décidée … Comme la rivière qui peut charrier des rochers ou creuser son lit dedans… Comme la goutte qui pénètre dans la terre pour y insuffler la vie, puis devient sève, vapeur, pour se laisser porter dans un nuage et retomber plus loin, dansant le cycle des existences.
Il y a eu le drame et la souffrance, mais la vie est là, qui palpite et ne demande qu’à s’épanouir et à être célébrée. Pour ta mémoire, pour ta lumière, ma compagne, Shambhala, nous continuerons notre combat, nos sauvetages, nous continuerons en ton nom… Nous crierons ton amour dans nos caresses, nos soins, dans l’accueil des rescapés, dans le refus de la barbarie, avec la compassion, seul rempart contre la cruauté.
Ici nous semons des graines de compassion et de respect comme des jardiniers d’amour et de conscience.
Je pense fort à toutes les victimes humaines et animales de la chasse.
L’estimation du nombre total d’animaux tués à la chasse en France varie entre 25,5 millions et 38 millions pour la saison 2021-2022, d’après Animal Cross. Ces calculs, basés sur les données de référence de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (devenu aujourd’hui l’OFB), coïncident avec les « 22 millions d’animaux tués chaque année » annoncés par l’OFB dans une enquête publiée en 2019 (portant uniquement sur la chasse à tir)…
Que ces mots puissent apaiser les cœurs de ceux qui souffrent du deuil de leur ami-humain ou animal, ainsi que les cœurs de ces animaux sacrifiés sur l’autel d’un loisir sanglant . Que mon amour et celui de Shambhala puisse vibrer dans leur âme et qu’il puisse allumer une étincelle de lumière et d’empathie dans les ténèbres…
Pour nous aider à financer la sécurisation de la clôture de notre refuge afin que ce terrible drame ne se reproduise pas :

Séverine Altmeyer
Présidente de l’association La Petite Bohème
2 commentaires
Birolini
11 mars 2025 à 9h41
Stop
Trenteseau
11 mars 2025 à 4h59
Pour la fin de la chasse, un danger pour tous dans nos campagnes et forêts