Ce sont des mots qui sont souvent utilisés dans le domaine de l’éducation canine et qui sont parfois sujets à débat quant à leur interprétation. On pourrait penser que l’un comme l’autre consiste uniquement à faire interagir des chiens en groupe mais cela est loin d’être suffisant. Dans un premier temps, nous allons observer la définition de ces mots proposée par le dictionnaire « Le Robert ».
- Social : Relatif à un groupe d’individus considéré comme un tout, et aux rapports de ces individus entre eux.
- Sociable : Capable de vivre en société. Capable de relations faciles, qui recherche la compagnie.
La différence principale que nous pouvons constater entre ces deux définitions est que pour être capable de vivre en société il faut déjà posséder les codes sociaux correspondants. La socialisation, qui se déroule entre la 3ème et la 12ème semaine chez le chiot, est un prérequis à la sociabilisation. Durant la phase de socialisation primaire, jusqu’à 5 semaines, le chiot s’imprègne de sa race. En présence d’autres chien, il apprendra à s’identifier à un chien et agir comme un chien. La deuxième phase qui débute aux alentours de 3 semaines va créer l’empreinte interspécifique, le chiot commence à s’intéresser à d’autres espèces, interagir avec elles et obtenir les codes sociaux spécifiques à cette espèce : chats, chevaux, poules, et bien entendu l’homme. Ces nouvelles espèces seront intégrées à son tissu social.
Au-delà de 12 semaines, le seuil d’homéostasie sensorielle (le type et le niveau d’émotion face à un stimulus inconnu) du chiot est défini. La période de socialisation s’estompe puis disparait complètement après la 16ème semaine. Faire évoluer l’empreinte sociale du chiot est dès lors extrêmement difficile. C’est pour cela que la qualité des interactions intraspécifiques à cette période est primordiale pour la sociabilisation future du chiot. Une mère (ou des congénères) possédant des codes inadaptés, mauvais ou incomplets transmettra ces mêmes codes au chiot.
Le chien est un animal profondément lié et dépendant de l’humain, il vit dans une société humaine plus que canine et c’est pourquoi une grande quantité d’articles sur le sujet de la socialisation ne se limite pas aux codes canins mais aussi à la familiarisation avec cette société humaine pas toujours logique du point de vue du chien. On pourra ainsi considérer comme faisant partie de la socialisation du chiot la découverte des différents humains (âge, morphologie, vêtements, …), animaux, environnements, manipulations, objets et bruits par exemple.
La socialisation est le processus par lequel un individu assimile les connaissances, les valeurs et les comportements sociaux rattachés à la culture dont il fait partie et dont il a besoin pour survivre dans une société donnée. C’est aussi l’apprentissage de la capacité d’entrer en relation sociale avec les autres et donc l’acquisition de codes de communication communs.
La sociabilisation est la suite de cet apprentissage. Un chien sera sociable en fonction de la qualité de sa socialisation mais aussi d’une composante génétique variable d’un individu à l’autre, certaines races sont sélectionnées et donc reconnues pour avoir un comportement plus ou moins facile avec des individus qui ne sont pas de leur groupe social, animaux comme humains. Suivant ses propres codes et la qualité des interactions proposées, un chien renforcera sa sociabilité avec des situations qu’il ressentira comme positives. A l’opposé, au fil de rencontres, conflits ou bagarres, il peut perdre sa sociabilité si les mauvaises expériences s’accumulent.
Sachant que l’on retient les mauvaises expériences plus facilement que les bonnes, un chien sociable pourra plus facilement devenir associable que l’inverse. Une grande série d’interactions positives sera nécessaire pour renforcer le caractère sociable d’un chien alors qu’une seule interaction traumatisante suffira pour le casser.
Le rôle de l’humain qui veut sociabiliser son animal est alors dans ce cas de s’assurer que les interactions proposées seront considérées comme positives pour le chien. La qualité prime sur la quantité dans ce domaine. Les parcs canins par exemple peuvent être un endroit de renforcement ou bien une très mauvaise expérience en fonction du comportement des chiens et humains présents.
La sociabilisation est la mise en pratique de la socialisation.
Elle est la manifestation de la sociabilité qui est le désir de rentrer en contact avec le type d’individus auquel on a été socialisé préalablement.
Pour terminer je vais prendre comme exemple deux chiens que je côtoie pour illustrer la variété possible pour chaque individu.
Le premier est correctement socialisé, il possède de bons codes et il sait les exprimer avec une émotion à un niveau raisonnable mais n’est pas sociable. Les interactions avec les autres génèrent du stress et il préfère les éviter. La sociabilisation renforce ses codes et lui permet de les maintenir mais il n’est pas demandeur plus que ça.
Le deuxième est moins socialisé, ses codes sont plus limités et proposent moins de nuances mais il est très sociable. L’envie d’interagir avec les autres est présente mais l’émotion est parfois trop forte dans la joie comme dans la colère ou la peur et des codes sociaux étant moins développés, la communication est moins claire ce qui peut provoquer des conflits. Cela nous explique pourquoi un chien qui aime l’interaction pourra provoquer plus facilement des conflits qu’un autre qui l’aime moins et nous montre aussi qu’une socialisation correcte n’est pas obligatoirement gage de sociabilité chez le chien en tant qu’individu.
Grégory Laurent
Coach en comportement canin pour ApacheDog
Il y a un commentaire
David Roussin
15 janvier 2021 à 20h16
Merci Greg d’expliquer la différence entre la Socialisation et la Sociabilisation avec des mots simples.