Animaux dans l'expérimentationNuméro 11Prix Descroix-Vernier EthicScience : 110 000€ pour la recherche non-animale, une première en France

Le 2 février 2023, le Comité Scientifique Pro Anima et la Fondation Descroix-Vernier ont récompensé trois équipes de chercheurs lors d’une cérémonie au Cercle de l’Union Interalliée.

Un prix unique en France

Le progrès scientifique s’inscrit dans la recherche non-animale. Cette affirmation, le Comité Scientifique Pro Anima (qui a eu pour président d’honneur Théodore Monod) la soutient depuis plus de trente ans. Le constat de Christiane Laupie-Koechlin, la fondatrice est sans appel :

« Avec 9 molécules sur 10 testées sur les animaux qui échouent lors du passage à l’homme*, il est plus que temps de mettre en valeur des méthodes de substitution plus sûres pour les humains et sans souffrance animale. »

Pour cela, elle lance en 2013 le fonds et le prix EthicScience qui récompense, tous les deux ans, un programme de recherche qui repose sur l’utilisation et/ou le développement de méthodes non-animales. Elle est rejointe, à plusieurs reprises, dans son combat par le philanthrope Jean-Baptiste Descroix-Vernier. Depuis 2005 et la création de sa fondation, l’ancien patron de Dalenys soutient, en effet, de nombreuses causes caritatives, dont Pro Anima.

Cette année, les deux associations renforcent leur collaboration pour donner plus de résonance à la cause défendue par Pro Anima. Le prix EthicScience, rebaptisé prix Descroix-Vernier EthicScience, récompense ainsi trois équipes de chercheurs et les dote de la somme de 110 000 euros. C’est la première fois, en France, qu’un tel montant est octroyé pour la recherche non-animale, par un fonds privé.

« On a tendance à l’oublier, mais les chercheurs sont des sauveurs. Grâce à eux, tous les jours, des milliers de vies sont épargnées partout dans le monde. Celles et ceux qui ont été récompensés, ce soir, sauvent des vies humaines et animales. Ils participent au progrès scientifique et élèvent l’éthique. Leur travail mérite d’être doublement encouragé et mis en lumière. » déclare Jean-Baptiste Descroix-Vernier.

Trois programmes remarquables, une lutte commune

Le comité de sélection du prix a distingué trois programmes, à l’issue de l’étude de l’ensemble des candidatures. Présidé par le professeur Jean-François Narbonne, Docteur en toxicologie et en nutrition et toxicologue de renommée internationale, le comité se compose, en tout, de huit spécialistes issus des milieux de la recherche et de la médecine.

Ces programmes s’inscrivent dans les trois catégories du prix :

Innovation (nouveaux concepts et transfert de technologies),

Développement et applicabilité (recherche à visée pratique)

Prix du jury (encouragements du comité́ de sélection).

Tous ont en commun d’apporter un élément de réponse percutant dans la lutte contre le cancer, sans qu’aucune expérimentation sur les animaux ne soit nécessaire.

Le Docteur Agathe Figarol remporte le prix Descroix-Vernier EthicScience, dans la catégorie Innovation. Elle et son équipe travaillent sur un projet de tumeur-sur-puce** pour combattre le glioblastome multiforme, la tumeur du cerveau la plus commune et la plus agressive. Le modèle qu’ils proposent, nommé 3D Glimpse, est plus proche de l’humain que ne le sera jamais un modèle animal. Il permettra de mieux comprendre et traiter le cancer du cerveau.

Le Docteur Julien Marie et Sophie Léon remportent le prix Descroix-Vernier EthicScience, dans la catégorie Développement et applicabilité. Leur méthode novatrice permet de conserver, en dehors du corps du patient, l’intégrité biologique d’une tumeur et les interactions cellulaires au sein du tissu. Déjà validée et publiée sur trois types de cancer (sein, poumon, mélanome), cette technologie ex-vivo sera bientôt adaptée à d’autres cancers, notamment ceux de mauvais pronostic (pancréas), et aux formes pédiatriques pour accélérer la mise à disposition de nouvelles actions thérapeutiques.

Le Docteur Nicolas Aznar remporte le prix Descroix-Vernier EthicScience, dans la catégorie Prix du jury. Avec le projet NEXPOCAN, Nicolas Aznar et son équipe veulent offrir la possibilité de générer des cultures d’organoïdes*** dérivées de patients de manière standardisée et plus fiable. Le but est d’améliorer le taux de succès dans le développement de médicaments anti-tumoraux ouvrant ainsi la voie à la mise en place d’essais précliniques sans animaux, mais aussi de développer une médecine personnalisée, plus efficace pour traiter les patients.

La prochaine édition du prix Descroix-Vernier EthicScience aura lieu en février 2025, les appels à candidature seront lancés début 2024.

* A. Akhtar, The Flaws and Human Harms of Animal Experimentation, Camb Q Healthc

Ethics. 2015

** Les organes sur puce et le Boc (Body on chip) sont des puces qui permettent de reproduire plusieurs parties du corps humain (tissus et organes) à l’échelle microscopique et de modéliser la physiologie et les pathologies humaines. Harvard

Wyss Institute

***Les organoïdes sont des structures cellulaires en trois dimensions qui miment l’architecture et le fonctionnement de l’organe entier. INRAE


L'équipe rédactionnelle de Pro Anima
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Association œuvrant avec des laboratoires partenaires au développement et à la promotion de programmes de recherche scientifique hors modèle animal.

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