Nîmes, une des villes françaises pour laquelle l’article 521-1 du Code pénal (Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende) ne s’applique pas pour les taureaux de corrida[1] : des herbivores tenus en captivité au sein d’une arène et ce, en raison d’une soit disant tradition.
Or, la corrida[2] n’est pas une tradition française mais bien une tradition d’origine espagnole. La corrida doit ses fondements aux jeux taurins organisés pour divertir la noblesse espagnole au Moyen-âge[3].
Avant d’être légalement autorisée par la loi n°51-461 du 24 avril 1951 en France la corrida a été alternativement interdite et autorisée.
Les taureaux destinés à la corrida sont élevés dans des prés, en groupe.
Avant d’entrer dans l’arène, ils seront choisis et séparés de leur troupeau afin d’être transportés en camion vers leur lieu de destination, en attendant le jour j.
De nombreuses rumeurs (à vérifier car l’omerta règne au sein des aficionados) circulent sur le fait que les taureaux avant le dit ‘combat’ seraient enfermés dans le noir pendant des heures pour être désorientés par la lumière lorsqu’ils rentreront dans l’arène, leurs cornes seraient limées pour qu’ils n’aient plus leurs repères habituels, on leur jetterait des sacs de 100kgs sur le dos pour les affaiblir, on leur mettrait de la vaseline dans les yeux pour rendre leur vue encore plus trouble, on leur piquerait des aiguilles dans les testicules pour qu’ils s’agitent.
Les herbivores seront ainsi envoyés séparément, un à un, dans ce cercle/piège (arène) sans aucune échappatoire, et ce, pour que des humains prennent du plaisir à les martyriser à mort.
Le 4 juin 2022, des taureaux ont eu les poumons transpercés avec une longue pique pour qu’ils s’emplissent de sang, des banderilles ont été plantées dans leur dos pour leur déchirer les chairs avant qu’un poignard (puntilla) soit enfoncé au milieu de leur crâne pour leur donner la mort.
Puis, comme si cette ignominie ne suffisait pas, les suppliciés ont eu les oreilles ou la queue coupées. En effet, il est de coutume que les toreros sectionnent les oreilles ou la queue de l’animal face auquel ils ont triomphé.
Une fois morts, ils ont été sortis comme de vulgaires objets sous les applaudissements de cette foule assoiffée de souffrances et de plaisirs sadiques.
Bien que les animaux aient été reconnus comme des êtres vivants doués de sensibilité[4] (article 515-14 du Code civil) rien ne change pour ces taureaux martyrs.
Plus de 80% des français sont contre la corrida, mais le gouvernement reste sourd.
Une soixantaine de personnes était venue des quatre coins de la France pour faire un maximum de bruits afin de perturber cette journée de feria. Lors de cette action déclarée en Préfecture et autorisée, de nombreux anti-corridas ont été contrôlés dès leur arrivée (contrôle d’identité et ouverture des sacs avec confiscation des casseroles par exemple sous prétexte que cela pouvait servir de projectile, surtout à plus de 50 mètres des arènes, sic !). Limités à un périmètre bien défini et entourés par plus d’une centaine de fonctionnaires des forces de l’ordre (CRS, Police Nationale), les manifestants ont perturbés durant plus de deux heures ce ‘spectacle’ barbare et mortifère (Midi Libre du 07/06/2022).
La prochaine action (déclarée en Préfecture également) aura lieu lors de la ‘Feria des vendanges’ à Nîmes les 17 et 18 septembre prochain devant les arènes (rdv à 16h à l’angle de la Banque de France/Esplanade).
Venez nombreux munis de pancartes, sifflets ou tout autre ustensile bruyant pour montrer votre désaccord face à ces pratiques sadiques et perverses d’un autre temps. Merci.
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter ces pages :
Rassemblement ANTI CORRIDA à NÎMES les 17 et 18 SEPTEMBRE 2022
Page facebook de Nathalie Valentin (organisatrice)
N’oublions pas que selon Lamartine : « On n’a pas un cœur pour les humains et un cœur pour les animaux, on a un cœur ou on n’en a pas ».
[1] La corrida fait partie des courses de taureaux cf. le dossier thématique La corrida, Revue Semestrielle de Droit Animalier p. 117 et s. hidedh.edu.umontpellier.fr/files/2021/04/RSDA-2-2009.pdf
[2] Claire Vial a mis l’accent sur le fait que “la corrida est la seule forme de tauromachie véritablement mise en cause du fait de sa cruauté intrinsèque” et “qu’il faut cesser de viser les courses de taureaux dans l’ensemble mais, au contraire, isoler davantage la corrida (…)”. Cf. Claire Vial, La corrida aux abois, Revue Semestrielle de Droit Animalier 2/2016 p. 99 et s. idedh.edu.umontpellier.fr/files/2015/03/RSDA_2_2016.pdf
[3] Cr. 4 nov. 1899, D.P. 1901. 1. 88. Cité par Xavier Perrot, “Du spectacle à la tradition. Pénétration et fixation de la corrida en France (1852-1972)”. Revue Semestrielle de Droit Animalier 2/2009 p. 165 et s. idedh.edu.umontpellier.fr/files/2021/04/RSDA-2-2009.pdf
[4] Jean-Pierre Marguenaud , “L’entrée en vigueur de “l’amendement Glavany”: un grand pas de plus vers la personnalité juridique des animaux”. Revue Semestrielle de Droit Animalier 2/2014, p. 15 et s. idedh.edu.umontpellier.fr/files/2021/04/RSDA-2-2014.pdf
Laurence Cara-Eletto
Auteure engagée