“Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson. Alors, ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas.” Sitting Bull (1831-1890) Chef de tribu, médecin des Lakotas Hunkpapas (Tribu Sioux)
Le principe de la méthanisation
La méthanisation est un processus qui permet de produire du gaz naturel à partir de déchets organiques en les dégradant en l’absence d’oxygène afin d’obtenir du biogaz, plus précisément du méthane.
La promesse étant de valoriser les déchets afin de produire une énergie censée être propre et de permettre d’enrichir les sols en récupérant les restes des matières organiques appelées « digestat » qui serviront d’engrais d’épandage. Une double valorisation des déchets organiques en somme.
Pour les pouvoirs publics, la méthanisation présente à la fois l’avantage d’être une énergie renouvelable, un complément de revenu pour les paysans et une possibilité de s’affranchir des engrais de synthèse.
Face à l’urgence climatique et les enjeux qui en découlent, la méthanisation aurait donc de nombreux atouts mais qu’en est-il des risques pour la faune, la flore et pour les habitants qui vivent à proximité de méthaniseurs ?
Un digestat dangereux pour les nappes phréatiques et les terres cultivables
En 2013, un plan a été annoncé par le gouvernement français afin de développer la filière et à terme viser 1000 installations de méthaniseurs à la ferme à horizon 2020 ( A présent on vise 10000 méthaniseurs à l’horizon 2030). Sur le principe, tout parait vertueux, la méthanisation permet de produire un gaz renouvelable et d’apporter un important complément de revenus aux agriculteurs ou aux éleveurs qui se lancent dans ces projets.
Mais, les digesteurs sont de véritables nids de bactéries, car en deçà de 40 °C comme c’est le cas dans la majorité des systèmes utilisés, les pathogènes présents dans le digestat peuvent devenir résistants. Les bactéries présentes, les spores, les parasites, mais également les résidus médicamenteux administrés dans les élevages se retrouvent dès lors épandus dans les champs comme engrais.
Les conséquences pour les nappes phréatiques lors des épandages sont désastreuses comme l’indique Michel Bakalowicz, hydrologue et chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) retraité et membre du Conseil pour une méthanisation raisonné (CNSM):
« Certains coins de France, comme le Lot ou la Normandie ont des sols karstique. Ce sont des sols calcaires à structure de gruyère. En cas de forte pluie, l’infiltration vers les nappes phréatiques est très rapide. Il y a donc un risque de pollution. »
Le digestat sort sous forme majoritairement liquide (eau ammoniacale) et une part moindre sous forme solide, les conséquences à long terme pourraient conduire à l’infertilité de la terre et à la disparition des vers de terre lors des épandages.
A l’état brut le digestat contient une source non négligeable de métaux lourds et d’autres résidus nocifs. Des scientifiques affirment avoir constaté après épandage autour du méthaniseur de Gramat dans le Lot, une chute de la population des Collemboles, des insectes essentiels à l’équilibre du sol ainsi qu’une perte de population des abeilles.
Des plaintes de riverains des incidents inquiétants et des accidents nombreux
A de nombreux endroits où des méthaniseurs ont été installés à proximité d’habitations, les plaintes des riverains évoquent des odeurs nauséabondes portées par les vents.
Loin de présenter un caractère anodin, ces odeurs peuvent être le signe plus inquiétant que des fuites de gaz sont présentes sur ces installations, comme le méthane mais aussi l’ammoniac ou encore du sulfure d’hydrogène.
Des incidents ou accidents graves se produisent régulièrement en France démontrant la dangerosité des installations (incendies, explosions, fuites de gaz, nuisances olfactives, épandages ne respectant pas les règles en vigueur)
Il y a un peu plus d’un an une catastrophe écologique d’ampleur a eu lieu dans la commune de La Mesnière (Orne) lorsqu’une vague de lisier de plusieurs mètres de haut a frappé les cuves de l’unité de méthanisation avant de traverser les champs et finir sa course dans l’eau.
La vague de lisier a « tout détruit sur 5 Kilomètres de rivière », raconte Jérôme Jamet responsable technique de la Fédération de l’Orne pour la pêche et la protection du milieu aquatique.
Des milliers d’animaux aquatiques sont très certainement morts durant cette catastrophe écologique, et il faudra des années pour revenir à une situation normale.
Ma position sur les méthaniseurs et mes votes au sein du Conseil régional d’Ile-de-France sur le sujet
Face aux risques de pollution des terres, des nappes phréatiques, des cours d’eau, face aux risques d’incidents et d’accidents pouvant impacter la santé ou la vie des riverains, des insectes et des animaux vivants à proximité des unités de méthanisation, face aux risques de voir des terres détournées de l’alimentation humaine ou animale au profit de l’alimentation des méthaniseurs pour produire du gaz plus rentable, face à la course aux profits de certains gros agriculteurs, je vote systématiquement contre les subventions attribuées par le Conseil d’Ile-de-France visant à la création de nouvelles unités de méthanisation.
Le risque de dérives étant important, je suis pour un moratoire sur le sujet de la méthanisation en France, afin d’avoir le recul nécessaire sur cette production d’énergie qui n’est à l’heure actuelle, pas aussi vertueuse qu’annoncée.
Guillaume Prevel
Conseiller régional Ile-de-France du Parti animaliste
Correspondant des Hauts de Seine du Parti animaliste