Animaux domestiquesNuméro 3La lecture des émotions chez le chien, sommes-nous tous égaux ?

Grégory Laurent15 avril 202114 min

De plus en plus, la lecture des émotions du chien prend place dans la notion d’éducation, on cherche à savoir si le chien a compris la demande et on observe sa réaction émotionnelle face à celle-ci.

Avons-nous tous la même capacité à observer ses informations ? Est-ce que certains paramètres affectent notre capacité à lire l’animal ?

Les expressions faciales sont importantes pour les humains dans la communication des émotions aux congénères et l’amélioration de la compréhension interpersonnelle. De nombreux muscles produisant des expressions faciales chez l’homme se trouvent également chez les chiens domestiques (le chien a développé deux muscles de plus que le loup autour des yeux pour avoir une capacité plus grande à utiliser la communication faciale), mais on en sait encore peu sur la façon dont les humains perçoivent les expressions faciales des chiens et sur les facteurs psychologiques qui influencent les perceptions des gens.

Une étude a demandé à plusieurs observateurs d’évaluer les six émotions de base (bonheur, tristesse, surprise, dégoût, peur et colère / agressivité) et leur intensité à partir d’images de visages humains et de chiens avec des expressions agréables, neutres et menaçantes. L’étude portait sur la façon dont la personnalité des sujets, l’empathie et l’expérience personnelle avec d’autres chiens affectent les évaluations des émotions. Les évaluations des deux espèces suivaient des schémas généraux similaires : les observateurs humains ont classé les expressions faciales des chiens d’agréables à menaçantes de la même manière que les expressions faciales humaines.

Les sujets avec une empathie émotionnelle plus élevée ont évalué les visages menaçants des deux espèces comme étant plus ressentis de manière négative et avec un niveau plus élevé de colère/agressivité. Les sujets plus empathiques ont également évalué le bonheur des humains agréables, mais pas celui des chiens, plus rapidement, et ils ont été plus rapides dans leurs jugements de ressenti positif ou négatif des visages « humain agréable », « humain menaçant » et « chien menaçant ». L’expérience personnelle vécue par les observateurs avec les chiens est en corrélation avec les évaluations de chiens agréables et neutres, plus un observateur a eu des contacts positifs avec des chiens et plus il est capable d’évaluer rapidement et correctement l’émotion proposée.

La personnalité a également un effet mineur sur les évaluations des visages agréables et neutres dans les deux espèces. Les résultats impliquent que les humains perçoivent l’expression faciale des humains et des chiens d’une manière similaire, et la perception des deux espèces est influencée par des facteurs psychologiques des observateurs. En particulier, l’empathie affecte à la fois la vitesse de détection et l’intensité ressentie des expressions faciales émotionnelles des chiens.

En 2013 Bloom et Friedman ont indiqué que les humains peuvent identifier correctement les expressions émotionnelles dans les photographies de visages de chiens lorsqu’ils sont testés avec une race particulière : un Malinois.

Une autre étude qui a répliqué et étendu ces recherches a examiné l’effet de la morphologie faciale du chien sur la précision de l’identification des émotions en utilisant des images d’un Malinois, ainsi que de deux races différentes (Doberman et Rhodesian Ridgeback) exprimant les six émotions citées plus haut. 

Les observateurs ont vu des diapositives présentant quatre images expressives différentes de la même race et ont été invités à identifier l’image qui représentait le mieux l’une des six émotions. Les analyses ont indiqué que les participants étaient capables d’identifier correctement toutes les émotions de toutes les races de chiens de manière significativement meilleure que le hasard, reproduisant l’étude précédente sur les Malinois et étendant ses résultats à d’autres races.

La précision de l’identification des émotions avait été imaginée plus faible pour le Doberman en raison de sa coloration plus sombre, interférant peut-être avec la reconnaissance de signaux émotionnels subtils, mais s’est avérée la plus élevée pour le Malinois, suivi du Doberman, puis du Rhodesian Ridgeback.

Ces études mettent en avant que la capacité de lecture des émotions chez le chien est sujette à de nombreux facteurs. Du côté de l’observateur humain l’empathie, l’expérience et la personnalité peuvent influer sur l’interprétation. Du côté du chien la précision de l’interprétation peut être affectée par la race, les caractéristiques pédomorphiques (néoténie), le port des oreilles, la couleur du pelage ou les différences de comportement entre les races.

Cela vous évoque quelque chose ?

Avez-vous une race de chien qui vous pose plus de problème dans la lecture de ses émotions ? Avez-vous déjà eu une lecture faussée par votre expérience, l’environnement ou vos propres émotions ?

Sources :

  • Human Empathy, Personality and Experience Affect the Emotion Ratings of Dog and Human Facial Expressions
  • Identifying facial expressions in dogs: A replication and extension study
Grégory Laurent
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Coach en comportement canin pour ApacheDog

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