Numéro 14Animaux domestiquesGrandir libre et vivre en harmonie

Christine Renard15 janvier 20245 min

Grandir libre et vivre en harmonie, c’est la promesse d’une vie heureuse à laquelle tout être vivant aspire. La vie offre souvent une autre perspective, non pour nous punir, mais bien pour nous éveiller sur le chemin de la conscience.

Nous, humains, avons ancré dans l’enfance, au cours des premières années de notre vie[i], un scénario à partir de la perception que nous avons eu du monde qui nous entourait et de l’intériorisation des relations vécues avec nos parents (ou des personnes de substitution).

Les bruits, les odeurs, les sensations, les couleurs, l’obscurité, la lumière, la douceur, la froideur, les cris, les tensions, la violence, les gestes d’affection ou, à l’inverse de rejet, les mots … ont été catalyseurs et cristallisateurs de nos mémoires.

C’est avec ces mémoires, comme l’écolier porte son sac sur le dos, que chacun de nous a pris le chemin de l’école de la vie.

Certains d’entre nous sont partis à la découverte du monde avec curiosité et enthousiasme, muni d’un sac rempli de petits outils qui leur serviront à grandir dans leur vie d’adolescent et d’adulte, en confiance vers l’autonomie. Leurs perceptions dans leur tendre enfance ont été enveloppantes, douces, aimantes, agréables, joyeuses, rassurantes, sécurisantes.

Parce que leur lien d’attachement a été éprouvé dans la sécurité et l’harmonie, ceux-là seront capables de déployer leurs ailes, avec confiance et en capacité de se rassurer. Un avenir d’adulte libre se dessine devant eux.

A l’inverse, les autres sont partis à la découverte du monde, en retard ou avec beaucoup d’hésitation, d’anxiété et la peur au ventre, muni d’un sac rempli des lourdes pierres de leur passé, freinant chacun de leur pas et leurs élans à explorer le monde qui les entoure. Ceux-là ont avancé dans la méfiance ou la défiance et la peur. Ils sont demeurés dépendants des autres. Leurs perceptions dans leur tendre enfance ont été empreintes de froideur, de rejet, d’humiliation, de violence, de négation pour l’être qu’ils étaient, de peur, d’insécurité.

Parce que leur lien d’attachement a été éprouvé dans l’insécurité et la peur de mourir, apprendre à voler de leurs propres ailes est un chemin chaotique. Un avenir fait de dépendances les attend. Ceux-là auront besoin de l’autre pour se rassurer, auront un besoin insatiable de preuves d’amour de la part des autres.

Alors, lorsque ces humains rencontrent et adoptent des animaux, c’est avec, souvent l’inconscience de ce sac sur leur dos, qu’ils débutent leur vie à leur côté et sont, en relation, avec eux.

Les humains secure, curieux du monde qui les entoure et enthousiastes de comprendre et d’apprendre, seront naturellement à l’écoute et respectueux des besoins de leur animal, lui apporteront amour et sécurité physique et émotionnelle propices au développement d’une relation équilibrée et harmonieuse, chacun s’épanouissant au sein de la relation en être autonome et libre.

Les humains insecure, méfiants ou défiants vis-à-vis du monde qui les entoure, seront entravés dans leur capacité à entrer dans le monde de leur animal,  de le comprendre et d’apprendre à ses côtés. L’animal deviendra alors l’objet inconscient de toutes leurs attentes, réactivera leurs mémoires du passé. Sur leur animal, ces humains insecure projetteront toutes leurs blessures, leur feront porter toutes leurs angoisses, attendront de lui qu’il les sécurise et les aiment alors qu’eux même sont incapables de les sécuriser et de les aimer en tant qu’être libre.

Actuellement, je vis avec mon cheval une expérience extraordinaire et transformatrice auprès de Florentine van Thiel, équicoach et formatrice, dans le cadre de la formation qu’elle dispense « Cheval en lien »[ii].

La première phrase de cette formation m’avait interpellée « Plus nous passons de temps à nous entraîner à être libre, plus notre lien est profond. C’est vous qui décidez du temps que vous voulez passer en liberté, c’est votre choix et les résultats seront en accord avec le temps investi ».

Parce que je porte en moi une enfant insecure, cette phrase a réveillé toute mon ambivalence : vouloir être libre mais ne pas y consacrer de temps. Différer mes choix, attendre des autres qu’ils les fassent pour moi. Faire porter aux autres mes angoisses et demeurer en attente que les autres répondent à mes attentes et compensent mes manques.

J’ai réalisé que je ne suis pas encore devenue une adulte libre de mon histoire d’enfant, de mes dépendances : une adulte autonome.

Tel un miroir, mon cheval est en train de me montrer, là où j’en suis sur mon chemin de vie.

Les exercices proposés par Florentine ont mis en exergue que les focus de mon cheval ne sont pas équilibrés. Très focus sur l’environnement et le troupeau, il me considère comme une bonne amie mais pas comme un leader. Les chevaux, comme nous humains, ont un besoin vital de relations basées sur l’amitié, la confiance et la sécurité physique et émotionnelle.

En ne me considérant pas comme un leader, mon cheval me dit qu’il n’a pas confiance quant aux décisions de mouvement que je prends autour de lui et ne se sent pas en sécurité (intégrité physique et émotionnelle) auprès de moi. Alors, il a décidé, dans notre relation, d’être le leader, c’est pourquoi il prend tant en charge l’environnement et le troupeau (dont je fais partie, à ses yeux) pour être en capacité de réagir face à tous les dangers.

Mon travail est d’aider mon cheval à ouvrir ses autres focus, notamment son focus d’apprentissage, en réveillant sa curiosité, son enthousiasme, afin qu’il s’apaise émotionnellement, qu’il puisse trouver de l’harmonie et de la sécurité dans notre relation. Cela me demande de « mettre en mouvement ma prise de conscience » comme le dit Florentine.

La curiosité et l’enthousiasme étant le terreau de tous les apprentissages hors conditionnement, hors système coercitif de punition et de récompense, le but de ces exercices est de reprogrammer nos systèmes de pensée, nos comportements pour en faire émerger une nouvelle forme de relation aux autres et, finalement, à soi. L’objectif ultime est que nous devenions chacun autonome, confiant et à l’aise dans le lien que nous avons avec nous-même et les autres.

Mon rôle est d’entrer, en ouvrant tous mes sens, dans le monde de mon cheval, pour voir et comprendre toutes les subtilités de son langage, afin qu’une relation harmonieuse et respectueuse de chacun de nos deux êtres, puisse naître, et que nous puissions poursuivre notre route, ensemble, mais chacun en liberté d’être et de faire selon sa singularité.

[ii] chevalliance.eu/equicoach-particuliers/cheval-en-lien


Christine Renard
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