Numéro 4Animaux domestiquesCorridas et religions

Roger Lahana15 juillet 202117 min

La corrida est très imprégnée de catholicisme, peut-être parce que ses racines proviennent de l’Espagne du XVIe siècle, pays particulièrement catholique.

Les toreros montrent une dévotion particulière pour la Vierge Marie. Dans toutes les grandes arènes se trouve une chapelle à laquelle le torero a accès avant que la corrida commence. Il s’y recueille et demande la protection de la Vierge.

Difficile de dire pour autant s’il s’agit plus de foi que de simple superstition ou de tradition dans ce milieu où tout est soigneusement codifié.

Il n’est pas rare, y compris en France, que des prêtres soient sollicités avant une corrida pour donner leur bénédiction aux toreros et rares sont ceux qui s’y refusent, principalement en raison de la pression sociale qui s’exerce sur eux dans des communes où la tauromachie est toute-puissante. Un exemple récent qui a fait la une des médias a été la bénédiction publique de plusieurs corridas à Béziers à la demande du maire, Robert Ménard.

De nombreuses tentatives d’obtenir une condamnation formelle des corridas par des évêques ou archevêques ont eu lieu ces dernières décennies. Elles n’ont obtenu aucune réponse.

Reste à savoir ce que les quatre principales religions pratiquées en France disent vraiment quant à leur position sur la pratique des corridas.

Catholicisme et corrida

Extrait de De salute Gregis dominici, bulle du pape Pie V, 1er novembre 1567 (rappelons qu’à cette date, les premières formes de corrida, non encore codifiées comme elles le sont de nos jours, existaient déjà en Espagne).

« Pour Nous donc, 

Considérant que ces spectacles où taureaux et bêtes sauvages sont poursuivis dans l’arène ou sur la place publique sont contraires à la piété et à la charité chrétienneset désireux d’abolir ces sanglants et honteux spectacles dignes des démons et non des hommes et d’assurer avec l’aide divine, dans la mesure du possible, le salut des âmes : à tous et à chacun de princes chrétiens, revêtus de n’importe quelle dignité aussi bien ecclésiastique que profane, même impériale ou royale, quels que soient leurs titres ou quelles que soient la communauté ou république auxquelles ils appartiennent.

Nous défendons et interdisons, en vertu de la présente constitution à jamais valable, sous peine d’excommunication ou d’anathème encourus ipso facto, de permettre qu’aient lieu dans leurs provinces, cités, terres, châteaux forts et localités, des spectacles de ce genre où l’on donne la chasse à des taureaux et à d’autres bêtes sauvages.

Nous interdisons également aux soldats et aux autres personnes de se mesurer, à pied ou à cheval, dans ce genre de spectacle, avec les taureaux et les bêtes sauvages. (…)

Nous interdisons également sous peine d’excommunication aux clercs, aussi bien réguliers que séculiers, pourvus de bénéfices ecclésiastiques ou engagés dans les Ordres sacrés, d’assister aux dits spectacles. (…) »

La bulle est téléchargeable à l’adresse suivante : De Salute Gregis 

Comme on le voit, la condamnation est sans appel. Pourtant, sous pression du roi Philippe II d’Espagne, son successeur Grégoire XIII reviendra sur cette décision dès 1575.

Islam et corrida

La corrida est strictement interdite.

Question

Quel est l’avis de l’islam sur la corrida ?

Réponse de Cheikh Ibn Baz :

La corrida est considérée comme interdite à cause des souffrances inutiles pour l’animal.

La corrida telle qu’elle est pratiquée dans quelques pays, et qui conduit à la mise à mort du taureau par une personne entraînée en utilisant habilement des armes, est interdite.

Elle conduit à la mise à mort de l’animal dans des conditions de souffrance atroces pour l’animal, en lui plantant une multitude de flèches (banderilles) dans le corps. Parfois, ces combats peuvent conduire à la mort du toréador lui-même.

Cette corrida est donc un acte bestial que la législation islamique rejette car son Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, rapporte dans un hadith authentique : « Une femme a été tourmentée en Enfer à cause d’une chatte qu’elle avait enfermée. Elle ne l’a pas nourrie ni abreuvée et ne l’a pas laissée en liberté pour qu’elle se procure elle-même sa nourriture. »

Si l’emprisonnement de cette chatte mène en Enfer le Jour du Jugement Dernier, que serait la punition de celui qui fait souffrir avec une arme le taureau jusqu’à ce que mort s’ensuive ?

Recueil de Fatwas, page 410.

Source : http://green-muslim-peace.over-blog.com/article-le-regard-de-l-islam-sur-la-corrida-53486841.html

Judaïsme et corrida

Question

Est-il permis selon la Hala’ha (règles de conduite) d’assister à une corrida, ou bien y a-t-il un interdit à cela ?

Réponse

Il y a de nombreuses années, notre maître le Rabin Ovadia Yosef Chlita fut consulté sur cette question, et sa réponse constitue un véritable fondement dans le domaine de l’interdiction de faire souffrir des animaux, et représente la véritable définition de la pitié avec laquelle nous devons nous comporter dans notre relationnel.

Il ne fait aucun doute que la corrida où l’on affronte un taureau pour ensuite le mettre à mort, est en totale opposition avec l’esprit de notre sainte Torah, car cet usage émane de la culture de gens dépravés, fauteurs et de la plus grande cruauté, et il ne reflète pas l’héritage de Jacob.

Nous savons que l’interdiction de faire souffrir un animal est un interdit de la Torah, puisque c’est pour cette raison que la Torah ordonne de décharger la charge portée par l’âne de son prochain, lorsque l’âne s’affaisse par le poids de la charge. C’est à partir de cette loi que nos maîtres apprennent dans la Guémara (Bava Métsi’a 31a) que l’interdiction de faire souffrir un animal est un interdit de la Torah.

La corrida consiste à affamer et à martyriser le taureau avant son entrée dans l’arène, pour ensuite l’affronter et le transpercer avec des objets de destruction, dans le but de l’exciter et de l’inciter à faire des bonds et d’encorner. Alors que nos maîtres nous ont interdit de manger avant de donner à manger à nos animaux, comme nous l’avons expliqué antérieurement.

Dans son livre Or Ha-H’aïm, Rabbenou H’aïm Ben ’Attar écrit qu’il nous est interdit de mettre à mort un animal domestique ou sauvage, car seule la Chéh’ita (abattage rituel) pour nous nourrir nous a été autorisée.

Selon cela, on comprend facilement que la personne qui pénètre dans un stade afin d’y assister à une corrida en payant le prix de l’entrée, est complice de gens pervers et porte main forte à ceux qui commettent des transgressions.

À partir de là, notre maître le Rabin Chlita en conclut sur le plan pratique qu’il est inconcevable de permettre la fréquentation de lieux où l’on se distrait cruellement par la souffrance des animaux, et la personne qui y participe détruit son âme, et ne reflète pas l’héritage de Jacob.

Par conséquent et de façon évidente, il est une mitsva (prescription) d’informer le public qu’il est formellement interdit de se rendre dans de tels endroits.

Source : http://www.halachayomit.co.il/ 

Bouddhisme et corrida

Le précepte le plus fondamental du bouddhisme est de s’efforcer de ne pas nuire aux êtres vivants ni de prendre la vie. Il s’agit de l’ahimsa (non-violence).

Ceci s’applique à tous les êtres sensibles, c’est-à-dire aussi bien les humains que les animaux non-humains.

La corrida est donc totalement incompatible avec le bouddhisme, de même que toutes les autres activités génératrices de souffrance.

Pour plus d’information, on peut consulter le chapitre important consacré à la corrida par le moine bouddhiste Matthieu Ricard dans son Plaidoyer pour les animaux – Vers une bienveillance pour tous. Allary Editions, 2014. Pages 226-252.

Roger Lahana
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Président de No Corrida
Secrétaire fédéral de la FLAC (Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas)
Référent pour la France du Réseau International contre la Tauromachie
Membre plénier de la World Federation for Animals

Il y a un commentaire

  • Cattelain

    15 juillet 2021 à 9h30

    L’église catholique est responsable de ce culte de la MORT
    Elle apprécie aussi l’idée de sacrifice
    Les taureaux ont été sélectionnés pour être presque aveugles mais aussi de couleur noire pour être le représentant du démon
    Beaucoup trop d’ambiguïtés
    À Nîmes un prêtre pratique la tauromachie
    C’est une distraction scandaleusement indigne

    Répondre

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