Numéro 7Animaux domestiquesL’animal : ce facilitateur de liens

Justine Gamuzza15 avril 20224 min

Vous l’avez peut-être déjà constaté personnellement : la présence des animaux nous fait du bien. Intelligents, empathiques, doués de sensibilités, ils ne jugent pas et apportent beaucoup à leurs maîtres grâce à leur présence bienveillante. Mais qu’en est-il  lorsque les animaux se déplacent au sein des structures pour aller à la rencontre des bénéficiaires ?

Depuis l’antiquité, les croyances populaires et les pratiques superstitieuses ont impliqué les animaux dans les processus de guérison ou de protection des hommes. La première expérience médicale consistant à introduire une présence animale auprès des malades remonte au IXe siècle, à Gheel en Belgique. Des oiseaux sont confiés à des patients pour qu’ils en prennent soin. En 1792, William Tuke, philanthrope britannique, crée le “York Retreat”. Dans cette institution psychiatrique, les patients se voient confier des lapins, des volailles et des chiens. De nombreuses autres initiatives ont suivi depuis comme celles de l’infirmière Florence Nightingale en 1880 ou du pédopsychiatre Boris Levinson dans les années 1960.

La Médiation par l’animal s’inscrit aujourd’hui pleinement dans les projets d’établissement. 

Des nourrissons aux personnes âgées, en passant par les adultes : chacun peut bénéficier des bienfaits de la Médiation par l’animal, une pratique qui se définit comme : « la recherche d’interactions positives issues de la mise en relation intentionnelle entre l’Homme et l’animal »

Les actions de Médiation par l’animal se développent ainsi dans les crèches, les relais d’assistantes maternelles, les écoles, les MECS ( Maisons d’enfants à caractère social ), les instituts médicalisés, les hôpitaux, les EHPAD, les établissements pénitentiaires, les associations d’insertion ou de regroupement familial… Elles peuvent être à visées sociales, préventives, thérapeutiques ou éducatives. Elles prennent des formes d’interventions variées, allant de l’animation à l’accompagnement des personnes en fin de vie comme le proposent Hassen Bouchakour et son cheval Peyo de l’association Les Sabots du Cœur. La présence des animaux dans les structures a aussi été d’un grand soutien pour les bénéficiaires, privés de contacts physiques lors de la crise sanitaire liée au Covid-19.

L’animal est un facilitateur de liens. Les animaux médiateurs, considérés comme de véritables partenaires de travail, sont sélectionnés avec soin, socialisés et habitués au contact, qu’ils apprécient. Leur participation aux séances dépend de leurs tempéraments et de leurs aptitudes. Certains préféreront les jeux d’intelligences, d’autres les moments câlins. L’essentiel est qu’ils se sentent bien pendant les séances, d’où l’importance pour l’intervenant en médiation par l’animal de travailler avec ses propres animaux afin de pouvoir repérer les éventuels signes d’inconfort.

Pour l’animal comme pour le bénéficiaire, la médiation par l’animal repose sur le respect et le volontariat. Il s’agit d’une relation de co-construction. L’intervenant, formé et habilité à travailler avec les animaux domestiques, formera un binôme avec le référent des bénéficiaires. Ce dernier (éducateur spécialisé, psychomotricien, aide-soignant par exemple),  sera présent à chaque séance. En effet, il est le mieux placé pour connaître les besoins des bénéficiaires, leurs personnalités et leurs éventuelles pathologies. Il sera là pour repérer les petits gestes qui peuvent paraître anodins mais qui signifient beaucoup. Ensemble référent et intervenant vont fixer les objectifs à atteindre pour le bénéficiaire (travail sur la motricité fine par exemple) et les réévaluer si besoin. Les activités proposées en séance seront proposées de manière à stimuler les sphères sensorielles préférentielles de chacun ( toucher, vue, ouïe, odorat, goût). 

La Médiation par l’animal permet à des personnes parfois en grande situation de dépendance de pouvoir prendre soin à leur tour d’un animal, de reprendre confiance en eux et de s’intégrer dans une démarche empathique et relationnelle. Elle favorise l’expression des émotions et invite au dialogue. En EHPAD par exemple, le bénéficiaire mobilise ses souvenirs, échange plus facilement avec les autres résidents et peut partager ce moment à part avec sa famille. Les personnes alitées peuvent elles aussi recevoir la visite des animaux dans leur chambre et profiter d’un instant de bien-être, rien que pour elles.

Observer l’animal faire sa toilette quotidienne ou prendre plaisir à se dépenser physiquement peut donner envie au bénéficiaire de prendre soin de lui à nouveau. Chez les tout- petits, la médiation par l’animal et les activités ludiques qui l’accompagnent comme la création de brochettes de fruits par exemple ou la pesée des animaux favorise l’apprentissage. C’est aussi une belle opportunité pour sensibiliser les enfants au bien-être animal et leur expliquer les bons gestes à adopter. Dans le cadre de la médiation familiale, le fait de s’occuper de l’animal et de partager un moment de complicité peut aider à renouer le dialogue entre parents et enfants.

Tout cela est permis grâce à l’attachement qui va se créer entre l’animal et le bénéficiaire. Le respect, la réciprocité et le volontariat demeurent les fondamentaux de la médiation par l’animal.

Justine Gamuzza
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Sacrée Croustille !

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