Numéro 13Animaux domestiquesLa médiation animale pour s’apaiser, renouer le lien à soi-même, apprendre à s’aimer, grandir en sécurité et en confiance

Christine Renard16 octobre 202316 min

A 4 ans, j’ai été piquée par le virus des chevaux et, au fil des années, l’envie d’être à leurs côtés n’a fait que grandir. J’ai d’abord rencontré les poneys du parc d’Ermenonville, puis ceux du jardin des Tuileries et, à partir de mes 7 ans, j’ai eu la chance d’aller au poney-club avec ma classe. Mon cœur battait la chamade à chaque fois que je les voyais et, être sur leur dos, me procurait un plaisir inégalé. D’une heure par semaine, j’ai vite consacré aux chevaux tous mes week-ends, et à l’âge adulte, quasiment aussi toutes mes soirées.

Ce que je ne savais pas à l’époque, c’est que je faisais auprès d’eux ma propre thérapie de médiation animale. Je n’ai pas construit dans l’enfance un lien d’attachement secure, j’ai grandi avec une base instable et ai développé un style d’attachement de type évitant, construisant autour de moi une carapace pour me protéger, tenir à distance mes émotions et me couper de mes ressentis.

Les chevaux ont été mes tuteurs de résilience. Ils étaient mes confidents, m’apportaient soutien, apaisement, sécurité et m’aidaient à développer ma confiance en moi. Auprès d’eux, je me sentais libre d’être moi-même et je réalisais mon rêve d’enfant : être auprès d’eux. A chaque étape de ma vie, ils ont été ma motivation à me dépasser.

Cette insécurité intérieure doublée d’un fort sentiment d’illégitimité et de ne pas être aimée, m’a conduite au travers de ma première expérience professionnelle en tant que juriste, à rechercher la reconnaissance dans le regard des autres et à rechercher l’amour, au travers de mes relations sociales et amoureuses. Ces quêtes ont été vaines et je me suis épuisée dans ces recherches de satisfaction de mes besoins profonds.

C’est dans un état d’épuisement physique et psychique extrême et en totale perte de sens, qu’en 2011, à l’âge de 43 ans, j’ai demandé une rupture conventionnelle à mon employeur de l’époque et me suis retrouvée dans le pré de mes chevaux durant deux mois, à ne rien faire, si ce n’est répondre à mes besoins vitaux : me reposer, boire, manger et retrouver du plaisir à vivre. La page de ma vie de juriste était tournée.

Dans ce pré, j’aime à dire que mes chevaux m’ont soufflé à l’oreille : « crée un lieu répit immergé dans la nature, avec des animaux et propose le à des personnes qui comme toi, ont besoin de se retrouver, de souffler, de se reconstruire ».

C’était clair pour moi, je voulais accompagner les humains avec les animaux car si les animaux m’avaient fait du bien, s’ils m’avaient permis de rester la tête hors de l’eau le plus souvent et, de sortir la tête de l’eau à différents moments difficiles de mon existence, ils pouvaient le faire pour d’autres humains. La graine était plantée et, de rencontres humaines en rencontres animales, de séminaires en formations, la petite graine a déployé ses racines, est devenue une tige et a grandi pour déployer ses branches.

Ma soif d’apprendre m’a conduite à me former à l’Institut Français de Zoothérapie dirigé par François Beiger en 2012, à l’accompagnement des personnes âgées et handicapées au Pôle formation santé du CNED en 2014-2015, à l’approche en thérapie brève (Programmation neurolinguistique, analyse transactionnelle, écoute active et  analyse systémique) durant l’année 2018 et à suivre des séminaires et colloques sur les méthodes de prise en soins et de communication des personnes vulnérables, selon les concepts de la Validation (Noemi Feil) et de l’Humanitude (Gineste & Marescotti) en 2014 – 2015 et 2016 et des webinaires sur la communication non-violente conceptualisée par Marshall Rosenberg.

Durant toutes ces années, je me suis également passionnée pour la théorie de l’attachement de John Bowlby et pour les neurosciences et me suis faite accompagnée par une psychologue d’obédience psychanalytique.

Au 1er juin 2015, j’ai créé mon entreprise libérale « Le Trait d’Union Calmétien », pour accompagner des enfants, des adolescents, des adultes et des personnes âgées (jusqu’à la fin de vie). En janvier 2023, avec d’autres professionnelles, nous avons créé l’Association « La Chaumière d’Aloha  » dédiée au répit. C’est ainsi qu’après avoir expérimenté les bienfaits de la médiation animale pour moi, j’ai commencé à déployer des actions de médiation animale en faveur des autres, avec mes partenaires animaux, des chiens, des cochons d’inde, des chevaux et une ânesse.

Au travers de mes accompagnements, je ne vois pas la personne au travers de ses symptômes, de ses troubles, de sa pathologie ou de son handicap, même s’il est essentiel de les comprendre et de les prendre en compte, je la vois surtout et avant tout comme un être humain singulier qui vient à la rencontre d’un autre être, lui animal, également singulier. Chacune de ces rencontres allume le miroir de la projection de la vision que l’humain porte sur lui, sur les autres et sur le monde et c’est, à cet endroit-là, que la médiation opère.

L’animal médiateur, disposant d’une faculté innée à s’accorder à l’humain, formé spécifiquement aux activités déployées en médiation, dans le respect de ses besoins, de ses envies et de son potentiel, a ce puissant pouvoir d’activer chez l’humain toutes les sphères de ses capacités. Au travers des jeux et activités proposés, l’animal est le « trait d’union » entre la personne prise en charge et moi. Il capte l’attention de la personne et la focalise, sur ce qui est là, dans l’instant présent, il attise sa curiosité qui nourrit sa concentration, il lui fait pousser les ailes de la motivation et parce qu’il est non jugeant et en demande, il lui donne la force d’être volontaire et de faire. L’animal connecte la personne à ses ressentis, au champ de ses émotions, ré-ouvre son monde intérieur. Il donne de l’affection et de l’amour de manière inconditionnelle. Pour moi, cette connexion aux émotions est le point d’ancrage et la base du lien à construire, à entretenir, à protéger et à sécuriser pour qu’ensuite le champ des possibles de la personne puisse s’ouvrir sur ses capacités, qu’elles soient fonctionnelles, intellectuelles, psycho-sociales ou psycho-affectives et les apprentissages.

L’observation de l’interaction de la personne avec l’animal permet de voir quelles sont ses capacités, ses motivations, ses attentes vis-à-vis de lui. Le programme proposé en médiation par l’animal définit les objectifs de travail sur ces fondements : soutenir les capacités existantes pour les renforcer et les développer en s’appuyant sur la motivation et les attentes de la personne prise en charge, toujours dans le respect du bien-être des animaux partenaires. Le travail, détourné au travers du jeu avec l’animal, sur les capacités existantes nourrit la confiance de la personne, la rend actrice et permet d’investir ensuite d’autres champs. L’émotion qui accompagne le moment et la répétition des expériences bienfaisantes ancrent ce qui est vécu et les apprentissages réalisés dans la relation à l’animal.

Dans ma vision, l’accompagnement par la médiation de l’animal est avant tout un soin relationnel, c’est un lien de cœur qui nourrit la triangulation « bénéficiaire-animal-zoothérapeute » et c’est à partir de ce lien qui sécurise que la personne peut aller à la rencontre d’elle-même, qu’elle peut apprendre à se connaître, à se faire confiance, à communiquer (en verbal et non verbal), à trouver des ressources, à déployer de nouvelles stratégie d’adaptation et, en conséquence, de nouveaux comportements et à trouver sa place dans la relation (avec les autres et finalement avec elle-même).

Ce qui est important pour moi, c’est que la personne s’accepte « comme elle est » et acquiert une confiance en elle, qu’elle prenne conscience de ses capacités, de ses talents, de la richesse qu’elle porte en elle, qu’elle apprenne à s’estimer et à s’aimer telle qu’elle est, l’animal l’aidant sur ce chemin car jamais il ne fait ni ne lui renvoie de différence.


Christine Renard
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pour un grand coup de patte et de cœur
dans votre vie
(A visée éducative, récréative ou thérapeutique)

Il y a un commentaire

  • rebecca

    29 octobre 2023 à 21h22

    Le retour de ma relation brisée a apporté une grande joie dans ma vie, c’est une chose que j’ai toujours souhaité dans ma vie et je l’ai obtenue si facilement grâce à l’aide de

    Répondre

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