Depuis 1 an et demi, une Commission d’enquête s’est penchée sur la question du transport des animaux. Alors que le parlement européen adoptera les recommandations de cette Commission le 20 janvier, Caroline Roose, députée européenne écologiste, membre de cette Commission d’enquête, revient sur ce dossier pour Savoir Animal.
La Condition animale a été centrale dans mon travail depuis mon élection au Parlement européen en mai 2019. Les sujets sont nombreux : élevage intensif, combat pour mettre fin à l’élevage en cage, lutte contre la surpêche et la pêche industrielle, fin de la captivité des animaux sauvages dans les cirques pour n’en citer que quelques-uns.
Dès 2019, soutenu par les associations européennes de défense des animaux, nous avons demandé puis obtenu la création d’une commission d’enquête sur la protection des animaux pendant le transport. C’est la première fois qu’une Commission parlementaire était entièrement dédiée à la protection des animaux. Nommée membre de la Commission et coordinatrice pour le groupe des Verts-ALE, j’ai participé à ce travail de longue haleine, qui nous a mené aux 4 coins de l’Europe. Car avant de finir dans les rayons des supermarchés, il n’est pas rare qu’un animal ait traversé plusieurs pays : qu’il soit né dans un pays, engraissé dans un autre et abattu dans un troisième.
Les drames du Queen Hind (14600 moutons morts dans un naufrage en 2019) du Karim Allah et de l’Elbeik (plus de 200 veaux et vaches morts à bord et 2400 abattus après plus de deux mois d’errance en Méditerranée) avaient mis en lumière les dérives et la cruauté des exportations d’animaux vers les pays tiers. En visitant le port de Carthagène avec Animal Welfare Foundation et Animals International, j’ai pu m’en rendre compte par moi-même. Carthagène est le deuxième port européen pour l’exportation d’animaux vivants : chaque jour, des dizaines de milliers de vaches, d’agneaux et de moutons y transitent. Les chargements et déchargements sont d’une brutalité innommable, les animaux sont tirés, empoignés, frappés, tancés.
Mais ce n’est pas tout ! À quelques encablures du port, des enclos ouverts s’étalent à perte de vue, remplis d’animaux – souvent très jeunes – issus des 4 coins de l’Europe, qui attendent là d’être engraissés. Une vache née en France, se retrouve engraissée en Espagne d’où elle est chargée sur un bateau pour se retrouvée abattue en Arabie Saoudite après 10 jours de transport ! C’est aussi intolérable que scandaleux.
Et cette folie ne semble pas prête de prendre fin si nous n’agissons pas : ces dernières années, le transport des animaux vers des pays tiers a augmenté essentiellement pour des raisons économiques !
En Italie, j’ai pu inspecter des camions qui transportaient, sur plus de 24h, des moutons et de jeunes agneaux dans les compartiments trop bas de plafond et avec des abreuvoirs non-adaptés et défectueux. En France, avec L214 et mon collègue Manuel Bompard, nous avons dénoncé les caisses de transport non-conformes dans lesquelles les dindes et les dindons sont transportés jusqu’à l’abattoir.
Face aux preuves amassées depuis des années par les vétérinaires et les associations animalistes, tous les partis ont dû accepter la réalité. Le règlement européen 1/2005 sur la protection des animaux pendant le transport n’est pas respecté : les infractions ne sont pas juste occasionnelles mais bien systématiques !
Mais tous ne sont pas prêts à faire remettre en cause le système agro-industriel qui exploite et maltraite les animaux. Encore trop de députés refusent les mesures pourtant nécessaires. Même si nous aurions aimé aller plus loin, nous avons déposé des amendements qui pourraient être adoptés à une majorité de députés et qui mettraient un coût d’arrêt aux pratiques qui causent le plus de souffrances. Nous voulons inscrire dans la loi une durée maximale de huit heures pour le transport par route et air des animaux vivants et une durée maximale de 24h pour un transport maritime ; une interdiction du transport des animaux non-sevrés jusqu’à 5 semaines et une limitation à 2 heures après 5 semaines. Nous demandons également la fin des exportations vers les pays tiers qui ne respectent pas au minimum les normes européennes.
Cette marchandisation du vivant, poussée dans ses retranchements les plus cruels, n’est pas une fatalité : beaucoup de députés européens n’ont pas participé aux travaux de la Commission d’enquête et ne savent donc pas ce qu’ils vont voter le 20 janvier. Ce sont les citoyens qui, par leur mobilisation, peuvent faire pencher la balance.
Nous avons une vraie chance de mettre fin à ce système cruel qui trimbale des animaux dans toute l’Europe dans des conditions horribles. Il nous faut la saisir.
Le Groupe des Verts-ALE au Parlement européen a mis en place un outil pour contacter directement ses députés européens. Il est aussi possible de trouver leur mail et numéro de téléphone directement sur le site du Parlement européen.
instagram.com/carolinerooseeu/
Caroline Roose
Députée européenne Pêche – Océans – Bien-être animal
Il y a un commentaire
Philippe
17 janvier 2022 à 18h38
Ni transport s d’animaux terrestres, ni élevages.
Abolition