Chaque printemps, de nombreux découvreurs se trouvent démuni face à la découverte de juvéniles de corvidés (famille des corbeaux). Les oiseaux sont au sol, ils ont la taille adulte, et pourtant ne parviennent pas à s’envoler. Il y a des chats, des voitures, des humains pas toujours bienveillants aux alentours. Que faire ?
Deux points importants sont à connaitre : 1- Un passage au sol, pendant la phase d’apprentissage du vol, est normal pour la plupart des oiseaux 2- Peu sensibles aux odeurs, les parents ne rejettent pas leurs petits, même si on les a touchés |
Ainsi, le bon geste face à la découverte d’un jeune oiseau au sol, consiste à le mettre hors de portée des chats, en le plaçant sur les branches d’un arbre proche. Bonne nouvelle, pour ces corvidés, on peut chercher l’emplacement qui semble favorable dans un rayon de 30 mètres (voir plus en zone rurale).
Le meilleur emplacement, c’est quoi ?
C’est un arbre, ou une haie d’une hauteur équivalant à 1 étage, qui comporte des branches fines, sur lesquelles le jeune oiseau pourra s’agripper, et offrant suffisamment de végétation pour qu’il soit protégé du soleil et de la pluie.
Plus cet emplacement est éloigné des activités humaines, mieux c’est. Et dans le cas (en ville) où cela est compliqué à trouver, il suffit de se munir d’une échelle, pour le placer le plus haut possible (environ 4m).
Que se passe-t-il ensuite ?
Les parents de corvidés sont extraordinairement attachés à leurs petits, et ne les abandonnent pas. Donc, ils reviendront s’en occuper. Seule condition : ils ne doivent pas se sentir surveillés. Même si on espionne de loin, derrière une vitre, ils sont extrêmement intelligents, et leur excellente vision de loin leur permet de détecter votre comportement. Il est donc absolument nécessaire de ne pas rester à l’affut. Un contrôle au bout de 12 heures est suffisant.
Souvent, on n’en retrouve pas le petit, car les parents vont l’inciter à passer de branches en branches pour s’éloigner, et/ou prendre de la hauteur (d’où l’importance de placer l’oiseau dans un arbre offrant un couvert suffisant).
Et si l’oisillon est très jeune et peu plumé ?
Dans ce cas, il n’est pas en capacité de se cramponner aux branches. Or le nid est rarement accessible. Peu importe : on lui fabriquera un « faux nid » grâce à une cagette ou un carton empli d’herbes sèches (surtout pas un contenant étanche, car il pourrait se noyer en cas de pluie), que l’on disposera bien calé sur une branche haute, abrité du soleil. Attention à ne jamais laisser d’aliment dans ce nid, ce qui attirerait guêpes ou fourmis.
Mais si vraiment il est trop dangereux de le rendre à ses parents immédiatement ?
A condition de respecter strictement l’isolement vis-à-vis de l’humain, il est possible de le prendre en charge quelques jours. En effet, il va évoluer très rapidement, et sera vite capable de retrouver sa famille.
Il a besoin d’être nourri toutes les 2 heures avec une alimentation humide (poulet, omelette, croquettes pour chatons réhydratées, de rester au calme et au chaud, dans un endroit isolé des activités de la maison (salle de bains, remise, garage…). Suivant le stade de développement, il sera placé dans une caisse de transport pour chat (s’il est tout petit) ou en liberté dans une pièce où il sera seul, afin de commencer à s’entrainer au vol.
Tous les 1 à 2 jours, il sera ramené pendant 20 minutes sur le site où vivent ses parents, afin de maintenir le lien avec sa famille. Dès qu’il sera capable de sautiller efficacement, on pourra, en suivant les préconisations des paragraphes précédents, lui offrir le retour avec les siens. Il restera avec ceux-ci plusieurs mois après avoir appris à voler correctement. Certains demeurent jusqu’à 5 ans avec leurs parents, avant de fonder leur propre famille.
Cet article n’est qu’un résumé des gestes permettant le sauvetage d’un jeune corvidé en difficulté. Le protocole complet, qui détaille pas à pas chaque étape, afin de réussir à donner toutes ses chances au petit en difficulté, se trouve sur le site de l’association : https://www.ladel.fr/guide-corvide-juvenile/. |
Décidemment, impossible de faire le nécessaire pour le remettre à sa famille. Que faire ?
Dans ce cas, les seules chances qu’il ait une vie décente reposent sur sa capacité future à réintégrer la nature, en sachant communiquer avec ses congénères (ce sont des animaux sociaux), identifier les dangers, et trouver sa nourriture.
Il doit donc être élevé avec d’autres individus de la même espèce, en ne nouant surtout pas de liens avec les humains. Dans le cas contraire, dès qu’il sera libre, il irait au contact de toutes les personnes qu’il croiserait, pensant qu’elles font partie de son groupe social. On imagine les dangers qu’il courre dans ce cas-là !
De plus, incapable de nouer des liens avec ses congénères, il lui serait extrêmement compliqué de survivre dans la nature.
Il est vraiment trop mignon, et la Nature est pleine de danger, peut-on le garder chez soi ?
Ces oiseaux, très intelligents, joueurs et communicatifs sont par conséquent très attachants. On pourrait donc facilement être égoïstement tenté d’apprivoiser cet oiseau. D’autant plus qu’internet fourmille de vidéos qui montrent des corvidés proches de l’homme.
Hormis l’aspect légal (il est formellement interdit de détenir sans autorisation un animal de la faune sauvage, sous peine de sanctions pouvant s’élever à plusieurs milliers d’euros selon les cas), il est vraiment compliqué d’offrir les conditions de vie correctes à ce type d’oiseau.
En effet, il a de forts besoins sociaux, est très actif, bruyant, pose ses fientes là où il se trouve, a besoin de beaucoup d’espace. Enfin, s’il est trop proche de l’homme, comme c’est souvent le cas pour ces oiseaux élevé en captivité, il peut même représenter un danger lors des périodes de reproduction, pendant lesquelles sa frustration sera extrême, en raison de son incapacité à s’attacher à un compagnon de son espèce.
Avec une espérance de vie qui dépasse les 20 ans, cet animal sauvage a besoin d’une vie libre, au contact de son groupe social.
Attention, si le jeune oiseau est blessé, il doit être vu le plus rapidement possible par un vétérinaire, qui décidera ensuite de le faire acheminer vers un centre de réhabilitation, si son état le permet. En attendant, la conduite à tenir est de le placer immédiatement dans un carton tapissé de paille ou de tissu polaire (ou de nombreuses épaisseurs de Sopalin, pour qu’il ne glisse pas), dans une pièce calme et chaude. N’essayez pas de le nourrir de force, ni de le faire boire. Étant apeuré, il risque fort de s’étouffer. Affaibli et/ou en état de choc, il doit d’abord être réchauffé pour assimiler correctement. Plus de détails ici : https://www.ladel.fr/aide-corvide-blesse/ |
https://www.facebook.com/Les-Amis-De-Lazare
Véronique Bialoskorski
Présidente de l’association Les Amis de Lazare (LADeL)