Je suis un enfant de la Côte d’Opale. Né à Dunkerque, j’ai passé la plus grande partie de ma vie sur le Littoral. J’ai navigué sur ses mers, randonné sur ses plages et pourtant il m’a fallu attendre d’avoir près de trente ans pour voir mon premier phoque. Lorsqu’on les voit aujourd’hui, on n’imagine pas qu’ils avaient presque disparu de nos côtes il y a 50 ans et étaient encore particulièrement rares il y a 30 ans.
Les scientifiques estiment qu’au début du XXe siècle, la Côte d’Opale abrite plusieurs milliers de phoques. Mais, chassés notamment pour leur graisse, ils disparaissent progressivement de nos rivages au cours de la première moitié du siècle et sont alors proches de l’extinction au niveau international. Protégés dans la majorité des pays d’Europe à partir des années 1970, ils font progressivement leur retour, probablement depuis les îles britanniques, pour recoloniser nos côtes.
Aujourd’hui le phoque est devenu l’animal emblématique de la Côte d’opale et sa présence témoigne qu’il est encore possible de sauvegarder une partie de notre monde sauvage.
Le phoque donne aussi une tout autre saveur à nos balades sur la plage. Regardez juste les sourires sur les visages des promeneurs qui ont la chance de les observer !
Je parle de phoque, mais je devrais dire les phoques, car nos côtes abritent deux espèces : le phoque veau marin et le phoque gris. J’ai choisi de ne pas les distinguer et de photographier indifféremment les deux.
Vous l’aurez compris ce sont des animaux dont je suis, en tant que photographe, un peu tombé amoureux. Ils sont en effet très attachants, à la fois farouches, curieux et très drôles (avez-vous déjà vu un phoque bâiller ou se gratter ?). Mais ils sont aussi, finalement, difficiles à bien photographier : ils apparaissent à marée basse, ce qui ne coïncide pas forcément avec le moment où la lumière est bonne. De plus, les plages et la mer c’est, somme toute… assez plat et minimaliste comme décor ! Il m’a donc fallu apprendre à les connaître, comprendre leur comportement, mais aussi jouer avec leur environnement pour réussir à les approcher sans les déranger et capturer quelques moments privilégiés.
Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à eux, je ne m’imaginais pas en faire un livre. C’est pourtant devenu une évidence au fur et à mesure des années passées à capturer ces instants de vie sauvage. J’avais envie de partager, faire découvrir, raconter, expliquer, étonner, faire sourire et réfléchir mais les expositions seules ne suffisaient plus.
Après plus de cinq années à les appréhender, à ruser, à attiser leur curiosité pour les photographier, par beau comme par mauvais temps, sur la plage et dans l’eau, depuis la terre ou depuis les airs, j’ai eu envie de présenter ma vision de ce sympathique animal et c’est ainsi qu’est né « Les Phoques de la Côte d’Opale ». Ce livre, sur 100 pages, fait la part belle aux images de ce mammifère sans oublier les paysages de nos plages et des oiseaux qui y cohabitent. Certaines photos sont accompagnées de textes qui présentent des anecdotes de prises de vue ou des explications tout en étant poétique, drôle et curieux.
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Philippe Druesne
Photographe de la faune des Hauts de France