Alors que les regards se tournent naturellement vers les conséquences humaines du cyclone Chido à Mayotte, il est crucial de ne pas négliger les dramatiques répercussions sur les animaux issus de la faune locale, notamment les makis, ces primates emblématiques de l’île. Ces animaux, déjà en voie d’extinction, sont désormais confrontés à une menace accrue.
Une crise environnementale amplifiée par une urbanisation galopante
Depuis plusieurs décennies, Mayotte connaît une croissance démographique exponentielle. La population humaine a été multipliée par huit en seulement cinquante ans, passant de 40 000 à 320 000 habitants, ce qui a engendré une urbanisation rapide et une pression sur l’environnement. Cette croissance démographique a largement contribué à la déforestation massive, réduisant de manière irrémédiable l’habitat naturel des makis. Si cette situation est déjà dramatique, le cyclone Chido a amplifié la destruction, en anéantissant une grande partie des arbres qui servaient de refuge et de source alimentaire à ces primates.
Le maki, un animal symbolique menacé
L’emblématique maki de Mayotte, un animal arboricole, est désormais en danger de disparition. Selon les estimations, sa population a chuté de 43 % entre 1974 et 2020, passant de 80 000 individus à environ 25 000. Avant le passage du cyclone, un tiers de ces makis vivait encore dans les forêts, mais l’extension des zones cultivées et la destruction de leur habitat les ont contraints à se déplacer vers les zones urbaines. Cette situation met non seulement en péril leur survie, mais provoque aussi des tensions avec les agriculteurs qui voient leurs cultures menacées.
Le cyclone Chido a exacerbé cette réalité : les vents violents ont dévasté les arbres, fragilisant davantage un écosystème déjà au bord du gouffre. Il faudra de nombreuses années, voire des décennies, pour que les massifs forestiers se reconstituent, menaçant ainsi la survie des makis à long terme.
Une situation de plus en plus précaire pour les animaux sauvages
Les images de makis errant dans les zones urbaines, désorientés et affamés, sont poignantes. Contraints de quitter leur habitat naturel, ils cherchent désespérément de la nourriture parmi les habitations, allant parfois jusqu’à pénétrer dans les maisons. Ce phénomène déstabilise les écosystèmes locaux et transforme ces primates en proies faciles pour ceux qui, dans un contexte de crise alimentaire, les considèrent comme une source de nourriture.
Les tortues marines et leurs œufs, tout comme d’autres espèces locales, sont également exposés à des risques accrus de braconnage, dans une île où la pénurie alimentaire frappe l’ensemble des habitants.
Des actions urgentes pour protéger la biodiversité et préserver notre avenir commun
La Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) a émis plusieurs recommandations pour préserver la faune et limiter l’impact de la situation. Il est essentiel que la population suive ces conseils pour éviter de causer davantage de souffrances aux animaux :
- Ne pas nourrir les makis à la main, afin de préserver leur instinct naturel et éviter de les rendre vulnérables face à des comportements malveillants.
- Limiter les perturbations, comme les mouvements brusques et les flashs lumineux, qui peuvent effrayer et désorienter les animaux.
- Proposer des fruits mûrs et des légumes frais en petites quantités, de manière ponctuelle, sans créer de dépendance envers l’humain.
- Redoubler de vigilance sur les routes pour éviter de percuter ces animaux qui errent souvent en quête de nourriture.
- Ne pas brûler les déchets ce qui, dans ce contexte de sécheresse post-cyclonique, pourrait entraîner des incendies dévastateurs.
Un appel à la solidarité écologique et humaine
Nous devons prendre conscience que la protection des animaux à Mayotte n’est pas un acte isolé, mais une question politique et morale qui touche à l’avenir de notre planète. La solidarité envers les populations humaines doit aller de pair avec la protection des animaux. Le cyclone Chido a révélé les vulnérabilités d’un système environnemental déjà fragilisé. C’est à travers une action collective, un engagement fort et une volonté politique de longue haleine que nous pourrons restaurer l’équilibre de cette île magnifique et garantir la survie de tous ses habitants.