ActualitésDroit animalierLes animaux, Poitiers, PUJP, 2020

Adrien Lauba21 décembre 20204 min

Sous la direction de
Marianne Faure-Abbad,
David Gantschnig,
Laurence Gatti,
Adrien Lauba,
Jean-Victor Maublanc.

Paru aux Presses Universitaires Juridiques de l’Université de Poitiers (PUJP), le présent ouvrage reprend la majeure partie des conférences entendues au cours de la cinquième édition de l’Université d’été facultatis iuris Pictaviensis organisée par la Faculté du Droit du 1er au 5 juillet 2019. Celles-ci sont présentées en 6 chapitres successifs :

  • Les animaux, statut et la place dans la société humaine,
  • Les animaux sujets de causes,
  • Les animaux, variations techniques,
  • La protection des animaux,
  • Les animaux dans le monde,
  • Les animaux, entre nuisance et utilité.

Le thème s’est imposé de lui-même car il s’agit d’un sujet dont on parle beaucoup en lien, entre autres, avec les préoccupations intéressant l’écologie et la biodiversité. Plus spécifiquement, pour les juristes, il s’agit d’une thématique à part entière, notamment depuis l’adoption de la loi du 16 février 2015, donnant naissance à l’article 515-14 du Code civil lequel reconnaît, sans distinguer entre les animaux, qu’ils sont des êtres vivants doués de sensibilité. Outre la législation nationale particulièrement foisonnante et disparate, le droit animalier, est constitué de textes européens et internationaux. Or tous ces textes, auxquels il convient d’ajouter la doctrine et la jurisprudence, sont disséminés dans une multitude de recueils, ce qui est loin d’être satisfaisant. Le travail de plusieurs universitaires a néanmoins récemment permis, grâce au soutien de la Fondation 30 millions d’amis, l’adoption d’une compilation, sous le titre Code de l’animal. Mais ce travail n’est pas terminé, loin s’en faut ! Et que dire de la pression d’une partie de la communauté civile internationale qui invite à un certain antispécisme et partant à reconsidérer la place des animaux tout particulièrement dans ses relations avec homo sapiens ? 

En définitive, le thème retenu par la Faculté de droit de Poitiers était d’importance et s’inscrivait en outre dans une dynamique juridico-poitevine, puisque deux laboratoires (le Centre d’études sur la Coopération juridique internationale et l’Équipe de Recherche en Droit Privé) avaient déjà organisé, en mai 2014, un colloque sur La sensibilité animale et qu’un groupe de doctorants, membres de l’Association Thesa Nostra avaient obtenu en 2017 le prix 30 millions d’amis pour ses propositions formulées dans le cadre d’un concours sur l’évolution du statut de l’animal dans le Code civil.

Mais, il est en même temps apparu que le seul éclairage juridique (privatiste et publiciste, contractualiste, ruraliste, fiscaliste, internationaliste…) ne pouvait suffire et appelait aussi celui d’autres universitaires et chercheurs, des littéraires, des philosophes, des paléontologues… La démarche a donc été pluridisciplinaire et transversale tout en faisant en sorte que l’ensemble des conférences et des débats soit accessible à tous, étudiants et citoyens curieux bien compris. C’est d’ailleurs là la force de l’Université d’été de la Faculté de droit de Poitiers, telle qu’elle a été imaginée dès l’origine.

Ainsi, de nombreux moments forts l’ont ponctué. Il est difficile de tous les citer, mais sans nul doute, la présence du Professeur Jean-Pierre Marguénaud, spécialiste incontournable du droit des animaux et directeur de la Revue semestrielle de droit animalier a été l’occasion d’une conférence captivante suivie d’un riche échange avec le public. Le même constat peut également être fait à l’endroit du Professeur Christine Baron, qui a apporté, pour le plus grand plaisir des présents, son regard sur les « animal studies ». Des chercheurs venus d’autres universités françaises (de Limoges, de Bourgogne-Franche Comté, de Pau et des Pays de l’Adour, de Bordeaux, de Toulouse…) ou de l’étranger (Maroc, Belgique, Liban…) ont en outre participé de la réussite de ce moment.

Au total, ce sont pas moins de 21 articles que le présent ouvrage contient, traitant de manière didactique une multitude de domaines, par exemple la sensibilité animale, le statut de l’animal présent, d’hier et à venir, sa protection, les nuisances liées à sa présence et son utilité… Beaucoup d’espèces sont évoquées, des plus petites aux plus grosses : les sauterelles, les rats, les chevaux, les ours… Presque tous les continents sont concernés, des plus chauds (Afrique du nord) aux plus froids (Antarctique)… Nombre des facettes des liens unissant l’homme aux animaux ou les associant à ses activités sont également traitées (animaux sauvages, domestiques et de compagnie, haras, forêt, contrats, chasse, procès des animaux…).

L’ensemble se veut donc comme un ouvrage de référence en la matière. En même temps, il séduira autant le juriste averti que le profane, curieux et passionné, non par le droit, mais par Les Animaux. Le lecteur cèdera en effet à l’attrait de l’original et de l’insolite parfois, comme à celui d’une thématique actuelle, ô combien captivante et riche.

L’amoureux des belles images trouvera par ailleurs à chaque chapitre des photos de Laurent Baheux, photographe animalier.

Adrien Lauba
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Maître de conférences
Institut d’histoire du droit (EA3320)
Faculté de Droit de l’Université de Poitiers

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