ActualitésManifestes et TribunesDe chasseur sous-marin à… référent L214 Hérault

Cyril Vaucelle31 mai 202136 min

Je suis Cyril Vaucelle – J’ai 47 ans – j’habite à Lattes (village à côté de Montpellier). Voici mon témoignage.

Jeune adolescent, j’ai été initié à la pêche par mon oncle. Nous louions régulièrement, pour les vacances scolaires, un petit bateau sans permis à Palavas et partions très tôt en mer pêcher le maquereau. Une heure au moins à naviguer vers le large, cap plein Sud dans ce petit bateau, pour rejoindre un spot réputé. On s’alignait sur des repères à terre, on y était !

J’avais une grande sensation de liberté, loin du monde. Lorsqu’il n’y avait pas ou peu de maquereaux, on revenait souvent avec des aiguillettes, voire des congres parfois… On se régalait.

Pour appâter, nous achetions des sardines au kg que nous pressions dans nos mains dans l’eau afin d’en faire sortir les entrailles et l’huile. Nous en mettions aussi écrasées dans un torchon au bout d’une corde d’un mètre à l’arrière du bateau : méthode idéale pour attirer les prédateurs jusqu’à notre embarcation.

Plus tard, vers 15-16 ans, j’ai eu pour mon anniversaire mon premier fusil harpon, un très beau et long Beuchat au tube ovoïde, profilé pour l’aventure… Je me souviens très bien de la fierté d’avoir un tel objet, du soin que je lui portais pour le stocker en attendant impatiemment ma première plongée avec lui…

La chance/la vie m’a amené à l’utiliser plusieurs mois aux Antilles (Guadeloupe, oui il y a pire comme spot d’essai, c’est vrai !)

J’ai tiré des langoustes, seiches, cigales, tout type de poissons qu’on pouvait espérer attraper au fusil et cuire ensuite au barbecue… J’adorais partir seul pendant plusieurs heures (non recommandé pour la sécurité) sur la barrière de corail.

Je chassais même parfois la nuit, éclairé par la lune, une sensation unique… les yeux des langoustes brillaient dans le faisceau de la lampe…. Une véritable «boucherie» …

Mes plongés en apnée (toujours équipé de mon fusil) m’ont amené à croiser des tortues (que je laissais tranquille), mais aussi des petits requins.

Une seule solution pour les attraper : tirer au fusil dans un œil. Ailleurs la flèche, aussi puissante soit-elle, pouvait rebondir sur leur peau et laisser une chance à l’animal de s’enfuir. Impensable !

Heureusement pour moi (et malheureusement pour eux), c’étaient des petits requins de corail d’un mètre qui vivent sans bouger sous les sur-plats de corail, cachés dans les récifs. Je vous assure qu’avec le petit grossissement du masque vous les voyez plus gros.

Passé la surprise qu’on peut avoir en apnée en descendant à plusieurs mètres et de se retrouver nez à nez avec ce type d’animal sous un rocher (inoffensif mais on s’en fait toujours des films), on remonte rapidement prendre son souffle, puis on y retourne.

Il n’a pas bougé et on vise l’œil à quelques centimètres de distance, je tire…

Je me souviens de l’un d’entre eux : tiré le matin mais ne rentrant que le soir, j’ai traversé au couteau son crâne pour y passer une corde afin de l’accrocher à un rocher au bord du rivage. Des personnes pensaient que je promenais un requin domestique (!). Il est resté vivant toute la journée à divertir ces gens au bord de l’eau pendant que je continuais ma chasse.

Le soir, de retour à la maison après l’avoir achevé en le vidant dans un coin du lagon, nous préparions un barbecue de langoustes et de brochettes de requin en famille.

A chaque coup de couteau, la chair réagissait encore plusieurs heures après… elle frémissait. C’était surprenant, mais pas encore dérangeant…

Je ne suis jamais retourné en Guadeloupe où j’avais laissé mon ami le fusil dans la famille. A noter, qu’il fut volé lors d’un cambriolage… fin de ma période de chasseur sous-marin.

Je continuais néanmoins à pêcher à la ligne avec mes cousins : un peu en rivière, un peu plus en mer, environ 3 fois par an. C’était de belles journées en famille autour d’une passion commune …

Arrivé à mes 40 ans, des événements personnels m’ont amené à m’interroger sur la psychologie humaine. Je découvrais les « troubles » que le cerveau pouvait provoquer chez des individus à leur insu et me suis dit qu’il n’y avait aucune raison que j’en sois épargné, au minimum un peu.

Comment les identifier ? Le « mensonge à soi-même » et la « dissonance cognitive » rentraient dans ma vie.

Lors d’une sortie avec mes cousins, je décidais de relâcher mes prises. Le no-kill n’existe pas encore dans mon esprit, mais c’est ce que je comptais pratiquer… avec ardillon.

Arrive alors un petit rascasse qui a gobé mon hameçon (trop gros) jusqu’au milieu de son corps… impossible à décrocher, que faire ? Je décide donc d’abréger ses souffrances et lui coupais la tête.

C’était ma dernière pêche, mon dernier poisson tué, RIP…

Je me suis ensuite intéressé à ma santé, privilégiant l’alimentation bio et surtout locale.

Puis mes recherches m’ont rapidement amené à m’interroger sur l’alimentation végétarienne (merci internet). Il semblerait qu’on ne soit pas obligé de manger de la viande pour être en bonne santé… Le choc !

Si « ils » disent vrai, que mange-t-on alors ? Que vais-je manger ?? Je poursuivais mes recherches.

Ne serai-je pas justement en face d’une incohérence, d’une croyance dont je vois très bien l’effet sur les autres mais dont il est très difficile à discerner sur soi ?

D’abord flexitarien (je teste le régime végétarien chez moi, mais mange du poisson au restaurant), je vois que ça marche bien. Je prends confiance en moi – je m’interroge sur l’étape suivante : supprimer les laitages (fromages, crème et lait) : j’adore le fromage et mes pizzas 6 fromages maison!

Au bout de 6 mois, je me mets à l’évidence : le régime végétalien semble facilement viable et le plus cohérent pour ma santé, les animaux et la planète. J’apprends des recettes, des astuces – je consulte des blogs… je deviens végétalien à 100%.

Je prends conscience qu’il est techniquement assez facile de se passer de protéines carnées, de rester en bonne santé et même de perdre du poids (j’ai perdu 30 kg – j’étais en surpoids : 120 kg pour 1m90), qu’on nous ment depuis tout petit (parents involontairement et lobbys) avec les fameux « amis pour la vie » et les protéines qu’on ne trouverait qu’en consommant les produits animaux.

J’ai également découvert – grâce aux vidéos – l’ignominie des conditions d’élevages et d’abattage des animaux, les 1000 milliards de poissons tués chaque année dans le monde, la disparition des animaux sauvages (insectes compris), la déforestation, le dérèglement climatique induit par notre consommation irraisonnée de protéines carnées, les 3 millions d’animaux terrestres élevés et tués chaque jour en France pour notre consommation …

Nouveau choc ! Je devais aller plus loin …

Dès 2015, je me suis donc mis à militer pour les animaux à Montpellier et à promouvoir l’alimentation végétalienne avec un collectif (Alliance Ethique). Je me suis intéressé en premier lieu à l’incohérence de tuer des animaux pour le plaisir ou par « tradition » (chasse, corrida, …), puis à toutes les autres causes (animaux dans les cirques, dans les labos, pour leur fourrure, …)  et bien sûr, les poissons.

Deux ans plus tard, Alliance Ethique (devenue entre-temps association, dont je suis le Président) a été repérée par L214 pour la « qualité » de son message et la pertinence de ses actions.

Et c’est ainsi que de « chasseur sous-marin », je suis devenu référent L214.

Voilà mon vécu… qui je l’espère, permettra à d’autres de se dire qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire… quel que soit son âge !

Pour les animaux terrestres et non terrestres, humains et non humains.

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Cyril Vaucelle
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Président Alliance Ethique

3 commentaires

  • Milano Odile

    3 juin 2021 à 10h21

    MERCI POUR VOTRE PRISE DE CONSCIENCE ,…

    Répondre

  • Montanera

    31 mai 2021 à 14h40

    Merci Cyril pour ton histoire.. tu nous prouve que rien n’est jamais figé et que tout être humain peut devenir meilleur et adopter un jour une vie où l’on ne cause aucun préjudice aux autres habitants de la terre 🙏🙏🙏

    Répondre

  • Malo

    31 mai 2021 à 14h15

    Merci pour ce témoignage très ‘humain’ qui conduit vers l’empathie pour toutes les espèces qui peuplent notre petite planète

    Répondre

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