Numéro 6Bien-être animal60 ans au secours des animaux de ferme. Interview de Manuel Mersch, président de l’OABA

Audrey Groensteen17 janvier 20225 min

L’OABA est la seule association de type loi 1901 reconnue d’utilité publique, qui soit spécialisée dans la protection des animaux d’élevage, de la naissance à l’abattage. Pour cela, elle développe plusieurs types d’actions à l’aide de son équipe de juristes et scientifiques : du lobbying pour améliorer la législation concernant les animaux de ferme ; des visites d’élevages et d’abattoirs pour vérifier les conditions de traitement des animaux ; des sauvetages d’animaux maltraités ; la gestion du Troupeau du Bonheur qui accueille des animaux rescapés ; et la contribution à l’information des consommateurs.

Rencontre avec son nouveau Président, le Docteur vétérinaire Manuel Mersch.

L’OABA existe depuis 1961. Comment est née cette association ?

Une rencontre inattendue en 1957, dans une rue de Menton, est à l’origine de l’OABA. Une ânesse échappée de l’abattoir vient chercher protection auprès d’une femme et de sa fille. Jacqueline Gilardoni recueille l’ânesse, la nomme Amigo et la fait échapper à la boucherie. Elle s’interroge alors sur les abattoirs et découvre que la plupart des animaux sont abattus en pleine conscience. En avril 1961, elle fonde l’Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs qui sera reconnue d’utilité publique dès 1965. Elle consacrera sa vie à la cause animale, luttant pour humaniser l’abattage des animaux, en obtenant l’obligation d’étourdissement pour les insensibiliser avant leur saignée. Jacqueline Gilardoni a présidé l’OABA pendant quarante ans, jusqu’à sa mort en février 2001. Mon confrère vétérinaire Jean-Pierre Kieffer lui a succédé pendant 20 ans. Il est malheureusement décédé fin 2021.

Que fait l’OABA concrètement pour protéger les animaux destinés à l’abattoir ?

 Le bien-être des animaux est un sujet qui concerne de plus en plus les citoyens, qui veulent connaître les conditions dans lesquelles les animaux sont élevés, transportés et abattus. Des délégués salariés de l’OABA, vétérinaires de formation, interviennent pour faire des audits de protection animale dans des élevages et des abattoirs. L’objectif est de s’assurer du respect de la bientraitance des animaux et de relever les non-conformités. L’OABA est une association qui privilégie le dialogue, l’information, voire la formation pour encourager les professionnels à améliorer les conditions de traitement des animaux. Mais l’OABA intervient également en faisant du lobbying pour faire améliorer la réglementation de l’élevage, du transport et de l’abattage des animaux. Par exemple, l’OABA a obtenu une victoire devant la Cour de Justice de l’Union européenne en 2019 : l’interdiction de l’apposition du label Agriculture Biologique pour les viandes issues d’abattages sans étourdissement. Allant toujours plus loin, l’OABA est actuellement en plein recours devant le Conseil d’Etat pour imposer l’étiquetage du mode d’abattage.

Pensez-vous que l’on puisse abattre un animal sans lui occasionner de stress ou de souffrance ?

Transporter des animaux d’un élevage à un abattoir crée un stress. Le chargement et le déchargement d’un camion est une épreuve, surtout si ces manipulations ne sont pas faites dans le calme. L’arrivée à l’abattoir est une nouvelle étape stressante. Mais il est possible de réduire la souffrance des animaux à l’abattoir. La mise à mort par saignée nécessite d’insensibiliser préalablement l’animal. Le décret de 1964, obtenu grâce à l’OABA, rend obligatoire l’étourdissement sauf dérogations pour les abattages rituels : l’animal n’est alors pas étourdi, mais égorgé en pleine conscience. L’agonie d’un bovin peut alors durer plusieurs minutes, voire plus de 10 minutes. C’est inacceptable pour l’OABA.

Qu’en est-il des sauvetages d’animaux ?

Le deuxième rôle important de l’OABA est le sauvetage d’animaux. De plus en plus d’éleveurs rencontrent des difficultés économiques, sociales ou psychologiques et les animaux en pâtissent. Lorsque des animaux sont maltraités ou victimes d’abandon de soins, ils peuvent être retirés par les services vétérinaires et sont confiés à une association de protection animale. L’OABA intervient de plus en plus souvent : en 2021, plus de 1 000 animaux nous ont de nouveau été confiés, et majoritairement des bovins, les plus lourds à entretenir financièrement. En fonction de nos ressources, certains rejoignent à vie notre Troupeau du Bonheur (440 animaux y vivent actuellement) pour une nouvelle vie paisible, sans exploitation ni abattoir. Seuls nos donateurs permettent d’offrir cette seconde chance.

Comment l’OABA participe-t-elle à l’information des consommateurs ?

La prise de conscience des citoyens est devenue déterminante pour faire évoluer le bien-être animal. Les consommateurs sont devenus plus exigeants sur les conditions de vie et de mise à mort des animaux. Un étiquetage bien-être animal est instauré depuis 2018 pour les poulets de chair (et bientôt pour les porcs) par l’OABA, en collaboration avec d’autres associations, des producteurs, transformateurs et distributeurs. Le consommateur peut ainsi effectuer un choix éclairé en fonction des critères d’élevage, de transport et d’abattage. Il devient un “consomm’acteur” délaissant l’élevage intensif pour d’autres types de production, qui permettent aux animaux d’exprimer leur comportement naturel.

Association à but non lucratif, l’OABA ne vit que de la générosité de ses donateurs. Elle ne reçoit aucune subvention publique.
Pour faire un don (déductible des impôts à hauteur de 66%), RDV ici :
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Audrey Groensteen
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Responsable communication de l’OABA

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