Après avoir été missionné par l’association Combactive pour réaliser une analyse de sol autour de l’élevage de visons d’Emagny dans le Doubs, le géologue accrédité par les tribunaux Georges Henri Ducreux décide d’écrire un roman. Ce roman n’est pas le récit détaillé de la réalité, mais il est né de l’histoire des militants qui en quelques années ont réussi à éteindre un des pires élevages d’animaux utilisés pour leur fourrure.
2017, nous sommes en pleine investigation, notre avocate et nous-mêmes décelons de graves pollutions des sols dues aux activités de l’élevage de visons. Seuls quelques habitants à nos côtés s’alarment dans le village d’Emagny, petite commune à 20kms de Besançon dans le Doubs.
Il y a maintenant 2 ans, nous faisions annuler devant le tribunal toutes les autorisations d’ouverture et d’exploitation accordées par la préfecture à cet élevage. La dernière portait sur 5 000 animaux alors que l’éleveur, certaines années, a pu en détenir plus de 10 000. Sans autorisation, avec juste une déclaration, il est possible légalement de détenir jusqu’à 2 000 visons. Cet effectif de 2000 n’étant pas suffisant au goût de l’éleveur, il décide de refaire une demande lui permettant de passer de 2 000 à 18 200 visons.
Nous découvrons rapidement que c’est la chambre d’agriculture qui constitue le dossier de demande d’autorisation pour l’élevage. Alors que nous savons que cette même chambre d’agriculture siège lors de la réunion de la commission administrative à caractère consultatif (CODERST), dernière étape avant la décision définitive du préfet.
Pour rappel nous évoquons peu la cause animale dans ce type d’affaires juridiques, puisqu’un tribunal juge par rapport aux textes de loi et en l’occurrence, très peu protègent les animaux notamment les visons. Il faut donc identifier des problématiques liées à l’environnement et parfois quand c’est très complexe, nous faire aider de spécialistes. Le simple fait d’évoquer la maltraitance n’est pas suffisant.
Nous devons alors prouver qu’un élevage de 18200 visons provoquerait de graves nuisances à l’environnement. Mais pour le prouver, il nous faut une compétence supplémentaire, celle d’un expert géologue. Et pour éviter des conflits d’intérêts que nous avons pu rencontrer en région, nous décidons de chercher un expert dans le sud de la France. L’avocate de Combactive entre en contact et lui expose les faits. Le devis de l’expert grimpe de manière vertigineuse pour les finances de l’association. 5200 € ! Comment trouver cette somme en très peu de temps. Combactive ne cède pas à une proposition d’association voulant racheter le dossier de cette affaire. Et c’est grâce aux conseils avisés et aux partages de Brigitte de L214 que quelques jours après, notre campagne de dons dépassait les 5200 €.
Cette expertise accompagnée de tous nos autres éléments listés sur la requête de 76 pages de l’avocate de Combactive a permis de faire retoquer la demande de l’éleveur et par la même occasion d’éteindre définitivement cet élevage devenu tristement célèbre dans la France entière.
L’élevage d’Emagny est en dépôt de bilan depuis janvier 2018
Voyant la détermination de nos bénévoles, de notre avocate et de toutes les personnes et associations qui à un moment ou à un autre nous ont apporté leur aide, et voyant en même temps les côtés obscurs de l’administration française en matière d’autorisation d’élevages concentrationnaires, l’expert géologue se met en tête de faire de notre histoire la base d’un roman.
2 années plus tard, Georges Henri Ducreux l’expert me recontacte pour me faire lire son 1er exemplaire.
Un roman envoûtant, qui nous amène à relativiser, à reconsidérer nos modes de vie, de consommation et notre rapport à l’existence, humaine et animale.
Il nous fera découvrir les origines de l’industrialisation de la fourrure.
L’auteur oscille tout au long du livre entre le présent, le passé et génère une réflexion par rapport au vivant.
L’histoire mêle magie, réalisme, tristesse et espoir.
L’auteur étant lui-même concertiste, il prend un malin plaisir, somme toute très agréable, à décortiquer et décrire méticuleusement des techniques musicales pour finir par nous transmettre sa passion pour la musique classique.
Habituellement piètre lecteur, j’ai dévoré le livre de Georges Henri DUCREUX en 4 jours.
Photos : Anna Wojowicz (https://emagny-elevage-visons.fr)
Fabien Robert
Président Combactive