Alors qu’Emmanuel Macron a consacré une partie de son agenda la semaine dernière à préparer un plan d’urgence contre les menaces que font planer les réseaux sociaux sur la démocratie, les signaux d’alerte concernant leurs effets délétères sur le jeune public se multiplient.
Dernier fait en date : l’enquête ouverte mardi 4 novembre par le parquet de Paris sur l’algorithme de TikTok, soupçonné d’exposer les utilisateurs les plus vulnérables à des contenus incitant au suicide, à la suite du signalement du député Arthur Delaporte (PS).
Publiée le 4 septembre dernier, une étude du CNRS résonne avec ces inquiétudes : elle évalue la capacité des adolescents à résister à la désinformation et à développer leur pensée critique face aux contenus en ligne. Le même jour, le rapport de la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs, révélait un autre phénomène aussi méconnu que préoccupant : la prolifération de vidéos d’influenceurs mettant en scène des animaux sauvages, souvent issus du trafic illégal d’espèces, et la désinformation qui en résulte.
Sur TikTok, des milliers de vidéos virales montrent des singes, félins, perroquets ou encore reptiles manipulés, câlinés, nourris ou mis en scène à travers de faux sauvetages par des influenceurs en quête de visibilité. Derrière ces contenus attendrissants et parfois sensationnels, se cache pourtant une réalité dramatique : ces animaux, souvent issus du trafic d’espèces sauvages, ont été, pour la plupart, arrachés à leur milieu naturel, parfois après que leurs familles ont été tuées par des braconniers, avant d’être revendus illégalement.
« La prise en compte de ce phénomène dans ce rapport est un signal fort. Un signal contre l’impunité des influenceurs, l’irresponsabilité des plateformes et une manière d’alerter les jeunes sur les conséquences bien réelles de ces contenus en ligne », déclare Anaïs Therond, activiste engagée contre les contenus pro-trafic.
En banalisant la détention d’animaux sauvages, ces contenus participent à la destruction de la biodiversité, en contribuant notamment à la disparition de certaines espèces particulièrement menacées. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il alimente un véritable business du crime organisé.
Ce trafic, qui se place en quatrième position des activités criminelles les plus lucratives (après le trafic de drogues, de contrefaçons et d’êtres humains), a des conséquences écologiques, économiques, sociales, juridiques et sanitaires majeures.
« Derrière des gestes qui paraissent anodins, le simple fait de diffuser, partager ou « liker » ces vidéos contribue à renforcer la demande pour la détention d’animaux sauvages, des espèces qui n’ont pas leur place dans nos foyers. Il est urgent de prendre la mesure de ce phénomène et d’y répondre avec le sérieux et la détermination qu’il exige », ajoute Mia Crnojevic, chargée de campagne chez IFAW, le Fonds international pour la protection des animaux.
« Ces contenus contribuent à brouiller les repères éducatifs et éthiques des jeunes utilisateurs en véhiculant l’idée dangereuse et fausse que les animaux sauvages peuvent devenir des animaux de compagnie et interagir de manière amusante et inoffensive avec les humains. Ils s’inscrivent dans le trafic des animaux sauvages et ne peuvent en être détachés. C’est pourquoi la mise en place d’un cadre législatif est si importante et urgente », explique Galitt Kenan, directrice du Jane Goodall Institute France.
Anaïs Therond, le Fonds international pour la protection des animaux, et le Jane Goodall Institute France saluent la considération de cette problématique dans le rapport de la Commission d’enquête présidée par Arthur Delaporte et la rapporteure Laure Miller.
Ensemble, ils appellent à renforcer la régulation des contenus mettant en scène des animaux sauvages, à sanctionner les influenceurs responsables, et à encourager les internautes à développer leur esprit critique face à ces contenus illicites.
À propos
Anaïs Therond
Engagée contre les contenus pro-trafic d’espèces sauvages sur les réseaux sociaux à travers des actions de plaidoyer et de sensibilisation, Anais Therond est l’initiatrice de cette contribution.
IFAW (Le Fonds international pour la protection des animaux)
IFAW est une organisation a but non lucratif qui œuvre en faveur d’une cohabitation harmonieuse entre les animaux et les hommes. Travaillant avec des experts et des citoyens dans plus de 40 pays, nous sauvons, soignons et relâchons des animaux, tout en restaurant et en protégeant leurs habitats naturels. Les problèmes qui nous occupent sont urgents et complexes. Pour les résoudre, nous adoptons un regard neuf et menons des mesures audacieuses. En partenariat avec des communautés locales, des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des entreprises, nous utilisons des méthodes innovantes afin de permettre a toutes les espèces de prospérer. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.ifaw.org/fr.
Jane Goodall Institute France
Le Jane Goodall Institute est une organisation mondiale de conservation fondée par le Dr. Jane Goodall en 1977.
En protégeant les chimpanzés (et la faune sauvage) et en incitant a agir pour préserver le monde naturel, le Jane Goodall Institute a pour objectif d’améliorer la vie des personnes, des animaux et de l’environnement. L’Institut agit sur le terrain, en France comme en Afrique en faisant de la recherche scientifique et en gérant des sanctuaires, des parcs nationaux, des réserves en prenant soin de la faune sauvage, régénérant les sols et les forêts et améliorant la vie des populations locales. N’hésitez pas à aller sur : https://janegoodall.fr/

IFAW
Le Fonds international pour la protection des animaux est une organisation mondiale à but non lucratif qui aide les animaux et les hommes à cohabiter harmonieusement.







