“Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit “Colibri ! Tu n’es pas fou? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !” et le colibri lui répondit “Je le sais, mais je fais ma part“.
Voici la légende amérindienne du colibri telle que la racontait l’essayiste et écologiste français Pierre Rahbi. La morale de cette histoire est que même si pris isolément nos actes semblent dérisoires, c’est grâce à la somme des colibris que les choses changent. Donc plutôt quene rien faire face aux problèmes environnementaux, sociaux ou économiques actuels, on peut AGIR avec ses compétences, à son échelle.
J’ai découvert cette histoire, pour la première fois en 2019, dans le livre “Faire battre le coeur du monde” de Cyrielle Harriel, une journaliste Green et Positive. Dans son livre, elle donne la parole aux “changemakers”, ceux qui tentent le changement et qui proposent des solutions face à la crise humanitaire et écologique que nous traversons. L’histoire de Cyrielle et les témoignages de ces “changemakers” ont éveillé ma conscience écologique.
J’ai toujours été sensible à la cause animale et j’avais l’impression que mon quotidien n’avait pas énormément d’incidence mais en approfondissant le sujet, j’ai pleinement pris conscience qu’une majorité de nos actions (qui sont profondément ancrées dans notre quotidien) ont de lourdes conséquences sur la planète (hausse des températures, catastrophes météorologiques …) et donc sur la biodiversité. Prendre conscience, c’est devenir RESPONSABLE. A partir de ce moment-là, j’ai décidé de devenir, moi aussi, un colibri.
Mais concrètement, quelles actions mettre en place pour devenir un colibri? Et pourquoi est-ce important pour la biodiversité? La liste des actions et des exemples qui suivent sont très loin d’être exhaustifs. Ce sont des points de départ pour changer notre quotidien afin de préserver la biodiversité et la planète.
Trier nos déchets
Le tri de nos déchets permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ces émissions provoquent un réchauffement climatique qui perturbe les écosystèmes. L’une des conséquences les plus médiatisées étant la fonte des glaces et de ce fait la réduction de la surface d’habitat des ours polaires. Cependant, ils existent d’autres conséquences moins relayées par les médias telles que la sécheresse, notamment en Afrique (qui est très vulnérable face au changement climatique), ou encore l’acidification des océans qui affecte les récifs coraliens et la biodiversité qui en dépendent : poissons et invertébrés (huitres, oursins, mollusques …)
Acheter nos produits avec moins d’emballage plastique
Acheter nos produits d’hygiène solide, privilégier l’achat d’une brosse à dent en bambou, acheter nos produits alimentaires en vrac avec des sacs en tissus …
Les déchets plastiques sont devenus omniprésents dans les mers et océans. Ils sont ingérés par de nombreuses espèces marines (poissons, tortues, crustacés …) mais aussi par des oiseaux. Chaque année, ce sont environ 1 000 000 d’oiseaux marins et 100 000 mammifères marins qui meurent de cette pollution.
Acheter local et de saison
Acheter nos fruits et légumes locaux et de saison permet d’éviter aux produits de parcourir des milliers de kilomètres pour arriver sur nos étals. La pollution engendrée par ces transports perturbant les écosystèmes est donc réduite. Il est également important d’acheter ses fleurs locales et de saison. Par exemple, des pesticides interdits par l’Union Européenne sont utilisés (par des travailleurs sans protections) sur les cultures de roses en Ethiopie. Ces pesticides polluent les lacs vitaux de la région situés à proximité des fermes à roses, engendrant une forte diminution de la biodiversité aquatique et un risque sanitaire pour la population qui y pêche.
Acheter bio
La conséquence la plus médiatisée de l’utilisation de produits phytosanitaires est la précipitation de la mortalité des pollinisateurs, notamment celle des abeilles. Or, leur utilisation engendre également une pollution des sols et des eaux provoquant l’intoxication des lombrics et des poissons, donc une diminution des populations. Un autre de ses effets est la contamination de petits mammifères qui ingèrent ces produits via leur alimentation. Les oiseaux, étant leurs prédateurs naturels, s’en retrouvent directement affectés.
Consommer moins de viande
Il est important de proscrire de notre consommation tous les produits animaliers provenant de l’élevage intensif, d’une part, parce que le bien-être animal n’y est pas respecté et, d’autre part, pour les conséquences que cela engendre d’un point de vue écologique. En effet, l’élevage intensif contribue à la déforestation et notamment celle de l’Amazonie. 63% de la déforestation amazonienne est due à la culture de soja, très largement exportée afin de nourrir les animaux d’élevage. Cela engendre une terrible perte d’habitat pour de nombreuses espèces et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Consommer moins de poisson
L’augmentation de la consommation de poissons dans les pays développés a engendré une surpêche. Un tiers des populations de poissons dans le monde est surexploité, ce qui bouleverse les écosystèmes et la chaine alimentaire marine. La deuxième conséquence à cette pratique est la pêche accidentelle. En effet, les méthodes de pêche non durables ou non sélectives entrainent la prise dans les filets d’espèces non ciblées telles que les tortues, les dauphins, les requins … Il est important de privilégier l’achat de poisson issu d’une pêche durable.
Acheter moins et mieux nos vêtements
Il est important de limiter notre consommation de vêtements. L’industrie textile est l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre et est extrêmement polluante par le rejet de substances toxiques dans les habitats naturels. On peut acheter moins et mieux en se tournant vers l’achat de vêtement éthique ou de seconde main.
Acheter des appareils reconditionnés
Donner une seconde vie à un appareil permet de préserver les ressources et ainsi limiter l’exploitation des habitats naturels.
A titre individuel, toutes ces actions peuvent paraitre dérisoires mais souvenez-vous de l’histoire du colibri, c’est à la somme des colibris que les choses changent.
Nous avons tous un impact, il est donc important que chacun d’entre nous fasse un état des lieux de son quotidien et prenne conscience de la responsabilité de ses actions. Le but n’étant pas de nous culpabiliser mais de changer progressivement notre mode de consommation afin de préserver la planète et la biodiversité (les deux étant co-dépendantes).
Je suis moi-même passé par cette étape, depuis 2019, je suis végétarien, j’achète moins et mieux, et je continue aujourd’hui à aller un peu plus loin dans cette démarche, me questionner sur ce que je pourrais faire de plus pour aider dans le mouvement écologique et le bien-être animal.
Il y a quelques mois, lors d’un challenge créatif, il m’est venu l’idée de combiner actualités et cause animale avec mes illustrations sur mon compte Instagram. (instagram.com/_steven.illustration_.com/ ).Ces actualités sont souvent dures et choquantes. Les photos choisies pour illustrer les articles le sont tout autant afin d’interpeller le lecteur. Mes illustrations sont à contre-courant car je mets un point d’honneur à ce qu’elles reflètent au mieux la beauté de l’animal. Mon intention étant de présenter un texte qui sous-entend “Regardez notre pouvoir d’action et les conséquences de nos actes sur cet animal” et une illustration signifiant “Voyez comme il est magnifique, préservons le”.
Finalement c’est aussi ça être un colibri, c’est utiliser nos compétences, notre savoir-faire (écriture, musique, vidéo, illustration …) pour plaider leur cause et aller vers plus de respect pour le monde vivant. Nous pouvons tous le faire, il suffit de se lancer.
Assumons notre responsabilité envers la biodiversité, changeons nos habitudes …
…soyons des colibris
Steven Carranante
Illustrateur