Une campagne d’adoption pas comme les autres a lieu actuellement en Roumanie. Commencée au mois de septembre dernier, elle se déroulera pendant toute la saison sportive 2021-2022.
« Umple golul din viata ta » – « Remplis le vide de ta vie » (en roumain le mot « gol » veut dire à la fois « vide » mais aussi « but » dans un match de foot) est le fruit d’un partenariat entre la Ligue roumaine de football et le tout jeune Bureau de Protection animale auprès du Conseil départemental d’Ilfov, à côté de Bucarest.
Avant chaque match de football d’une équipe de Ligue 1 se déroulant à Bucarest ou dans des villes proches, six chiots ou chiens en provenance des refuges-fourrières partenaires entrent sur le terrain, dans les bras des joueurs des deux équipes.
L’initiative a été reprise dans d’autres grandes villes roumaines, comme Craiova ou Timisoara, et même dans d’autres pays comme l’Italie, la Russie, la Turquie, la Grèce ou la Bulgarie.
L’adoption
Bénéficiant de la grande popularité dont jouit le football en Roumanie, l’action a permis en outre d’attirer l’attention du grand public sur les chiens des fourrières qui sont majoritairement des chiens errants capturés sur la voie publique ou trouvés dans des forêts et des champs à l’extérieur des villes.
« Tous les chiens présentés jusqu’à maintenant dans le cadre de cette campagne ont été adoptés. Cette initiative a été très bien reçue tant par le public que par les joueurs et nous espérons la prolonger lors de la prochaine saison sportive. Un autre partenariat avec l’équipe bucarestoise Rapid a été signé. Il concerne des matchs de handball et de volleyball en salle. Nous attendons la levée des restrictions dues à l’épidémie de Covid pour pouvoir faire entrer les chiens dans la salle.»
Anca Floarea, Conseiller protection animale dans le cadre du Bureau
Créé en juin 2021 à l’initiative du Président du Conseil départemental d’Ilfov, grand ami et défenseur des animaux, le Bureau de Protection animale est le premier du pays. L’équipe composée de six personnes mène plusieurs projets promouvant l’adoption responsable des chiens des fourrières.
En effet, une autre campagne se déroule en ce moment, en partenariat avec la librairie Carturesti à Bucarest : pour chaque livre acheté, un marque-page avec la photo d’un chien à adopter est offert.
Enfin, des présentateurs de télévision et autres personnalités publiques se sont emparés du sujet en donnant beaucoup de visibilité aux chiens des fourrières en attente d’une famille aimante.
Le cadre législatif
Connue pour son importante population de chiens errants, héritage de l’époque communiste qui a imposé une urbanisation rapide et forcée des populations rurales, la Roumanie n’a pas complètement réglé le problème, même si beaucoup de changements ont eu lieu. Il n’y a presque plus de chiens dans les rues des grandes villes. La situation est tout autre en milieu rural où le manque d’information et de sensibilisation est plus important.
La loi roumaine prévoit l’obligation d’identifier et surtout de stériliser son animal de compagnie, seuls les chiens de race ayant des papiers en règle peuvent avoir une dérogation pour avoir des portées. Dans les faits, il y a très peu de contrôles et donc de sanctions à ce sujet.
Concernant l’abandon et la maltraitance, la loi prévoit jusqu’à un an d’emprisonnement. Un nouveau service dédié dans le cadre de la Police roumaine est opérationnel depuis 2020 : la Police des Animaux.
Les citoyens peuvent appeler un numéro unique pour signaler un animal abandonné, blessé, maltraité ou en difficulté. L’équipage de police se déplace, constate l’infraction et peut ouvrir un dossier pénal. Il a le pouvoir de retirer immédiatement l’animal pour le placer dans un refuge ou l’envoyer dans une clinique vétérinaire si son état l’exige.
Les campagnes de stérilisation et de vaccination
Des campagnes de stérilisation et de vaccination ont lieu régulièrement pour enrayer l’abandon des portées non désirées dans la rue, dans les forêts ou dans les champs, situation rencontrée encore très souvent en milieu rural. Elles sont organisées par des ONG, des mairies, certains vétérinaires privés et des particuliers sensibles à la cause animale.
Une ordonnance gouvernementale prévue pour janvier 2022 contient des mesures très attendues parmi lesquelles figure l’autorisation accordée aux Conseils départementaux à mener de telles campagnes de stérilisation et de vaccination. Actuellement, seules les mairies ont le droit de le faire.
Les refuges – fourrières
Le délai légal de détention dans les refuges-fourrières est de 14 jours ouvrables.
Passé ce délai, chaque mairie décide si elle continue à payer pour la nourriture et les soins des chiens ou si elle choisit de les euthanasier. Certaines le font, d’autres non, ce qui fait qu’au niveau national il y a des refuges-fourrières qui pratiquent l’euthanasie et d’autres non.
Si des moyens complémentaires de financement sont trouvés, l’euthanasie n’est pas pratiquée. Cela repose en général sur des bénévoles et autres ONG qui apportent de la nourriture, des soins, du matériel et/ou qui organisent des campagnes de collecte de fonds et d’adoption. Certaines fourrières proposent aussi des parrainages à distance.
facebook.com/protectiaanimalelorcji
Roxana Popa
Chef de projet digital