ActualitésAnimaux sauvagesUn prix pour récompenser les jeunes scientifiques à démarrer leur carrière de chercheur sur les relations homme-animal

Quel est le point commun entre le Grand hamster d’Europe, les macaques berbères, le dauphin blanc de Chine et les chiens de protection de troupeaux dans nos alpages ?

Cette question pourrait être le début d’une blague et pourtant il s’agit de 4 sujets d’étude des plus sérieux dans le domaine des relations Homme-Animal, conduits par de jeunes chercheurs et chercheuses ces 4 dernières années et récompensés par le Prix du Jeune Chercheur du Jane Goodall Institute France, l’association de la célèbre éthologue et activiste Jane Goodall.

Le Grand hamster d’Europe, parfois appelé Grand hamster d’Alsace, est l’un des mammifères les plus menacés du continent à cause des pratiques agricoles intensives qui ont réduit le couvert végétal et l’ampleur des ressources alimentaires indispensables à leur survie. En 2011, la Cour de justice de l’Union européenne a d’ailleurs épinglé la France pour ne pas avoir mis en place les conditions nécessaires à sa protection. Les recherches de Florian Kletty, lauréat du Prix du Jeune Chercheur 2020, ont permis d’identifier des pratiques agricoles innovantes qui protègent à la fois les populations de hamsters et les revenus des agriculteurs, et qui sont aujourd’hui étendue au niveau européen.

Qui n’a jamais vu un visiteur de zoo imiter les mimiques d’un singe en espérant susciter une réaction chez l’animal ? C’est précisément le sujet d’étude de Béatrice Luisi, lauréate du Prix du Jeune Chercheur 2020 également, qui a scruté et dénombré toutes les erreurs de communication entre les macaques berbères et l’Homme qui essayait maladroitement de reproduire leurs expressions faciales. Le monde animal, hors situation de prédation, fait généralement tout pour éviter le conflit et envoie pour cela des signaux permanents à son entourage. Mieux décrypter pour ne pas « singer » le comportement d’un animal qui par exemple relève les babines ou découvre les crocs comme un signe d’agression imminente face à une situation de stress, permet de réduire les risques de confrontation et de blessures qui arrivent parfois avec les soigneurs ou les touristes dans des zones ou les singes sont en liberté.

Le dauphin blanc de Chine est une espèce côtière et sédentaire qui vit en mer de Chine. Comme pour beaucoup d’espèce, les activités humaines génératrices de pollutions, l’urbanisation des littoraux et la surpêche pèsent lourd sur l’avenir du dauphin blanc. On sait que les cétacés modifient leur comportement et leurs vocalisations face au stress. C’est précisément ce que les recherches d’Agathe Serres, lauréate du Prix du Jeune Chercheur 2021, ont mesuré pour évaluer le bien être du dauphin blanc de Chine, comprendre l’impact des actions humaines sur l’animal et aider à la prise de décision locale dans l’espoir d’une meilleure cohabitation.

Quant à nos chiens de protection, Patous et autres Kangals, qui vivent avec les troupeaux dans les alpages, Manon Brun, lauréat du Prix du Jeune Chercheur 2023, étudie depuis des années leur comportement. Ses études aident à conduire une meilleure sélection et affiner l’éducation des chiens, contribuant ainsi à réduire la prédation sur les troupeaux dans l’espoir d’apaiser les conflits entre l’Homme et les grands prédateurs.

Depuis l’Histoire des Animaux écrite par Aristote aux fables de Jean de la Fontaine, l’étude du monde animal et ses enseignements, avérés ou romancés, nous fascinent. Plus récemment pendant la pandémie de Covid 19, où le sujet des interactions entre animaux sauvages, animaux d’élevage et sociétés humaines était en première page, certains guettaient fébrilement toute annonce des scientifiques tandis que d’autres sombraient dans un déni et un dénigrement surgis d’un autre âge d’une science chahutée. C’était oublier un peu rapidement les fondements de la science qui n’incarne pas la certitude mais qui travaille au contraire le doute, qui tâtonne, qui expérimente, pour formuler de possibles vérités. Car si comme l’écrit Aurélien Barrau dans l’hypothèse K, la science n’est pas nécessairement « le camp du bien » et que « critiquer la science, c’est lui faire l’honneur de ne pas l’extraire du monde », face à l’interconnexion des défis imposés par l’extinction massive du vivant, le changement climatique, notre modèle agricole, l’étalement urbain, le tourisme de masse ou l’exploitation animale, l’astrophysicien et écrivain ajoute aussi que « le rôle que la science peut et doit jouer dans cette situation sans précédent est immense. À la démesure de sa responsabilité »,

C’est justement pour encourager les vocations scientifiques dans le domaine de la relation à l’animal que le Jane Goodall Institute France reconduit cette année une nouvelle édition de son Prix du Jeune Chercheur crée en 2020 qui récompense et met en lumière les scientifiques en début de carrière. Pour aider à déployer tout le potentiel de ce domaine de recherche bien spécifique, le Prix du Jeune Chercheur s’adresse à toutes les disciplines confondues : éthologie, anthropologie, sociologie, droit, philosophie, écologie comportementale, sciences sociales, etc. conduit dans le cadre d’un cursus universitaire, master, thèse ou post-doctorat dans une université, grande école ou laboratoire français. Les dossiers des candidats seront évalués sur la contribution des travaux à la connaissance et/ou à l’amélioration du bien-être animal, à la conservation de la faune sauvage française ou au-delà, ainsi que sur leur potentiel d’application au terrain et de vulgarisation auprès du grand public par un jury constitué de membres du Jane Goodall Institute France mais aussi personnalités engagées comme l’écrivain et réalisateur Cyril Dion, de Maud Lelièvre, présidente du Comité français de l’UICN, du Pr. Jean-Francois Courreau, enseignant-chercheur, écrivain et Président de Faune-Alfort et du Dr. Florence Ollivet-Courtois, docteur vétérinaire spécialiste de la faune sauvage.

A l’heure ou la confusion entre les faits et les opinions est savamment orchestrée par certains, le Jane Goodall Institute France estime qu’il est plus important que jamais de mettre en lumière l’engagement et les travaux des jeunes scientifiques qui nous aident à comprendre notre monde. Car comme aime à le rappeler  le Dr Jane Goodall, « Ce n’est que si nous comprenons, que nous pouvons nous soucier. Ce n’est que si nous nous soucions, que nous aiderons. Ce n’est que si nous aidons, que nous serons sauvés. »

Prix du Jeune Chercheur 2024

Clôture des inscriptions : le 19 avril 2024 à minuit.

Nomination des lauréats : le 3 mai 2024.

Pour déposer sa candidature rendez-vous sur janegoodall.fr

Photo : ©Jane Goodall Institute / Lilian Pinthea


Galitt Kenan
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Directrice, Jane Goodall Institute France

Eric Boisteaux
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Responsable du pole scientifique, Jane Goodall Institute France

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