Aujourd’hui, le sanctuaire Touche pas à mon Popotte en Gironde grâce à une autorisation préfectorale, a désormais la capacité d’accueillir huit sangliers dans des conditions respectueuses et sécurisées. Ces “colosses au cœur tendre” bénéficient ainsi d’un lieu où ils peuvent vivre en paix, loin des menaces de la chasse et de l’exploitation. Pourtant, cette réussite n’est qu’une première étape dans un combat qui demeure crucial : offrir un sanctuaire à ceux qui n’ont nulle part où aller.
De plus en plus souvent, des particuliers sont confrontés à la découverte d’un marcassin blessé, seul et vulnérable, et agissent par instinct pour lui apporter les premiers soins. Ces gestes de compassion, bien qu’essentiels, doivent être accompagnés de l’expertise d’un centre de soins pour faune sauvage, afin d’apporter les soins nécessaires à cette espèce. Pourtant, peu de ces centres sont aujourd’hui en mesure de prendre en charge des sangliers, faute d’autorisations ou de structures adaptées. Et pour ceux qui parviennent à les prendre en charge, un obstacle persiste : il n’existe que très peu d’endroits en France où ils peuvent être accueillis de manière durable et sécurisée par la suite, leur relâcher étant quasiment impossible.
Si ces personnes n’ont pas la possibilité de faire la déclaration de détention pour pouvoir détenir ce marcassin dans de bonnes conditions et légalement, par la suite, le manque de sanctuaires pour les sangliers est une lacune intolérable. En effet, le sanglier, espèce au comportement social fort, développe rapidement des attaches et peut s’imprégner de l’homme, ce qui complique toute réintroduction en milieu sauvage. Par ailleurs, certains de ces animaux conservent des handicaps qui les empêcheraient de survivre dans la nature. La liberté, dans notre société où le lobby de la chasse reste puissant, est un luxe que certains d’entre eux ne peuvent se permettre. Pour ces sangliers imprégnés et/ou handicapés, la seule alternative est de trouver refuge dans un sanctuaire, un lieu où ils pourraient recevoir les soins et l’attention qu’ils méritent.
Malheureusement, ouvrir un sanctuaire dédié aux sangliers en France relève encore du parcours du combattant dans certains départements. Encore des services de la préfecture opposent un refus aux demandes d’ouverture de tels établissements. Pourtant, ces structures offrent des avantages indéniables : elles permettent de surveiller l’état sanitaire des animaux, garantissent un cadre réglementé et offrent aux autorités un point de contrôle sanitaire. En outre, elles permettent d’étudier les comportements d’une espèce dont l’interaction avec les humains est amenée à croître dans les années à venir.
À une époque où le bien-être animal devient enfin une priorité sociétale et politique, pourquoi négliger une espèce qui, comme d’autres, mérite un espace de protection ? Il est temps que l’administration française reconnaisse l’importance des sanctuaires pour sangliers, afin d’offrir un avenir à ces animaux qui ont besoin de nous.
Voici un exemple de création de sanctuaire refusé par la préfecture de Vendée.
Vous pouvez nous aider à agir : https://www.change.org/p/a-cause-du-blocage-de-notre-ouverture-de-sanctuaire-il-risque-l-euthanasie-faute-de-place
Karine Foezon
Présidente de l’association Touche pas à mon Popotte