Le secret de la biodiversité sur les golfs réside principalement dans la diversité des milieux qui s’entrecroisent sur les parcours. Les différents paysages habituellement présents sur les sites sont aussi nombreux que variés : forêts, haies, bosquets, massifs, zones humides, prairies hautes, prairies rases, enrochements, pierriers, espaces sableux, cavités, arbres morts, arbres fruitiers, aménagements paysagers écologiques, etc.
Indispensables à l’intérêt du jeu, ces éléments du paysage participent à l’équilibre physique et mental, ainsi qu’à l’émerveillement des pratiquants. La pratique du golf, ce sont 5 années supplémentaires d’espérance de vie en bonne santé selon des études scientifiques.
Chacun des biotopes évoqués représente une zone refuge pour de nombreuses espèces souvent fragilisées par l’urbanisation. Les golfs se situent parfois entre des agglomérations densément peuplées et des milieux naturels vulnérables. Bien souvent aménagés sur des terres agricoles dont la fertilité décline, les golfs proposent aujourd’hui des zones où les refuges écologiques sont indispensables aux fonctionnalités environnementales locales.
Comme évoqué dans l’article fédéral « Golfeur par nature », de nombreuses espèces caractéristiques de milieux naturels sains et évolués ont été identifiées au cours d’inventaires réalisés en partenariat avec des structures naturalistes professionnelles, dont le muséum national d’histoire naturelle et la L.P.O.
Quand un projet de grande envergure ou d’intérêt général se rapproche d’un milieu urbain, les parcours de golf font souvent l’objet d’une alternative aux nuisances en faisant rempart au bruit, aux paysages bétonnés, aux imperméabilisations ou pollutions des sols, etc. Ce qui rend l’occupation de ces milieux beaucoup plus agréable pour les habitants concernés.
Les entreprises ou sociétés chargées de grands travaux (comme les projets d’intérêts généraux par exemple) ont des impératifs de compensations écologiques lorsqu’elles touchent à des milieux ou espèces protégées. Dans ce type de situation, les golfs peuvent assumer une fonction importante de « refuge pour la biodiversité » en proposant d’accueillir les cortèges d’espèces perturbées ou les mesures compensatoires qui visent à rétablir, sur les parcours, le même équilibre écologique que sur les lieux abandonnés par la biodiversité locale ayant fui les chantiers.
Lorsqu’un golf s’installe en milieu pauvre comme sur une zone de monoculture abandonnée, cela représente un gain de biodiversité inestimable. Quand un golf s’inscrit dans un milieu plus fermé comme dans une forêt ou un parc, l’aménagement d’un parcours (respectueux du design naturel local) constitue un lieu nommé « écotone » qui assure une transition écologique entre des écosystèmes propices (forêts, zones humides, prairies, sables, etc.) aux développements d’espèces variées.
L’un des meilleurs exemples d’écotones présents sur le sol français est un golf situé dans la réserve des Maures.
Sur ce site, une étude a permis de noter la présence, dans l’enceinte du golf, de populations de tortues de Hermann, cistudes, scorpions jaunes languedocien (etc.) dont les aires de répartition sont actuellement estimées en forte régression dans le sud-est de la France.
Sept espèces de pseudoscorpions ont été recensées, dont une espèce inconnue pour la science. Cette espèce, qui a parallèlement été découverte (en proportion moins importante que sur le golf) dans le Parc national du Mercantour, est en cours de description.
L’ordre des araignées offre également de nombreuses surprises sur ce parcours ayant séduit la communauté scientifique. Parmi les découvertes des naturalistes du MNHN, 3 spécimens sont nouveaux pour la France, et plus de 20 sont nouveaux pour le Var. Scytodes thoracica pour laquelle aucune donnée de répartition n’était disponible (Source : inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/1120)
Plusieurs spécimens d’araignées n’ont pas pu être nommés spécifiquement, certains offrant une forte potentialité de nouveauté. Ces résultats apportent ainsi la confirmation de la richesse de la biodiversité présente sur ce parcours et sur les golfs français de manière plus générale. Ces résultats témoignent aussi des limites des connaissances initiales de la biodiversité du secteur des sports de plein air, limites liées notamment au fait qu’il existe peu de spécialistes des espèces caractéristiques des parcours de golf. Le travail de vulgarisation et de promotion réalisé par les différents acteurs de la préservation de la nature permet aussi de mobiliser des experts aux cotés des amateurs pour améliorer l’état des connaissances et in fine, d’assurer la conservation d’une richesse biologique de plus en plus menacée.
Pour cadrer son engagement naturaliste, la fédération française de golf a lancé en 2018, avec l’appui du Muséum national d’Histoire naturelle, le Programme Golf pour la Biodiversité qui porte une ambition, celle de l’excellence en matière de connaissance, de préservation et de valorisation du patrimoine naturel des golfs.
En d’autres termes, ce programme a pour objectif d’améliorer l’approche, la gestion et la conservation de la biodiversité au sein des espaces golfiques ainsi que sensibiliser les golfeurs.
En s’engageant dans le label et en prenant conscience des enjeux naturels, les responsables de la gestion des espaces aident à favoriser une biodiversité potentiellement riche, mais encore trop peu connue.
Arthur Lecomte
Référent environnement au Golf National