En votant l’interdiction des dénominations telles que « steak végétal » ou « escalope de soja », le Parlement européen choisit de freiner la transition alimentaire plutôt que de la soutenir.
Le Parti animaliste dénonce un contresens politique majeur de lutte contre le changement climatique et de progrès éthique, en totale contradiction avec les objectifs européens de transition alimentaire. Il s’agit d’une décision absurde, déconnectée des réalités économiques, sociales et environnementales.
Cette mesure illustre de manière frappante l’emprise persistante des lobbies de la viande sur les politiques publiques.
Une mesure fondée sur du vent
L’amendement, porté par Céline Imart, eurodéputée PPE et membre de la FNSEA, prétend « protéger les consommateurs » d’une soi-disant confusion. Mais qui, sérieusement, a déjà cru acheter de la viande en choisissant un produit clairement estampillé « végétal » ?
Selon le BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs), environ 70 % des citoyens européens ne sont pas troublés par des termes comme « burger végétal dès lors que l’étiquetage mentionne clairement l’origine végétale du produit (BEUC, 2020) [1]. L’étiquetage actuel garantit déjà la transparence, et les précédentes tentatives de restriction avaient été rejetées en 2020 en partie pour cette raison même.
Un autosabotage de sa propre filière agricole
Les substituts de viande à base végétale proviennent majoritairement de l’agriculture européenne : pois, soja, céréales et légumineuses. Transformés localement, ils créent de la valeur, des emplois et des débouchés pour les agriculteurs.
En interdisant des appellations familières, le Parlement freine l’innovation et la compétitivité de ces entreprises européennes. Cette mesure pénalise donc une filière en plein essor, cohérente avec les objectifs du Pacte vert et de la santé publique.
Il est urgent de réduire drastiquement notre consommation de viande
Voilà le véritable enjeu. Les faits et les données scientifiques sont sans appel. Le récent rapport EAT-Lancet [2] confirme une fois de plus la nécessité de réduire notre consommation de viande pour protéger la santé humaine et préserver la planète, une évidence déjà largement établie.
Pourtant, selon le dernier rapport de FranceAgriMer [3], la consommation de viande en France repart à la hausse, malgré l’urgence climatique et sanitaire.
De surcroît, la Fondation pour la nature et l’homme chiffre, dans son rapport d’octobre 2025 (Filière porcine : un modèle qui nous coûte cher [4]), à 2,8 milliards d’euros par an le coût réel de cette filière, entre subventions publiques, impacts environnementaux et dépenses sanitaires supportées par les contribuables.
Pour une politique alimentaire cohérente et tournée vers l’avenir
L’interdiction devra encore, pour être appliquée, être négociée avec les vingt-sept États membres et la Commission, dans le cadre d’un trilogue. Le Parti animaliste appelle les institutions européennes à rejeter ces restrictions lors des prochaines négociations, à soutenir les filières végétales qui garantissent une alimentation sans souffrance animale et participent à la transition écologique et à la souveraineté alimentaire.
Eddine Ariztegui, porte-parole et coprésident du Parti animaliste, martèle : « Nous déplorons que la majorité des députés européens se soumettent au lobby de l’élevage, au détriment des animaux, de notre santé, de notre environnement et de notre économie. Cette mesure est à rebours de l’histoire et va pénaliser le développement des entreprises européennes du secteur de l’alimentation végétale qui bénéficieront d’une croissance moins importante que leurs concurrentes américaines notamment. »
[1] https://blog.beuc.eu/veggie-burgers-names-not-confusing/
[2] The EAT-Lancet Commission on healthy, sustainable, and just food systems https://www.thelancet.com/commissions-do/EAT-2025
[3] Selon le rapport FranceAgriMer (juillet 2024) la consommation de viande en France a augmenté de 2,4 % en 2024. https://www.franceagrimer.fr/chiffre-et-analyses-economiques/la-consommation-de-viandes-en-france
[4] Étude sur la filière porcine https://www.fnh.org/filiere-porcine-modele-coute-cher/
