C’est une ferme qui se dresse dans un petit coin de paradis. C’est aussi un endroit perdu au cœur de la nature foisonnante du Val-de-Travers (Suisse). Et c’est surtout un sanctuaire pour les chats, au pied du majestueux cirque rocheux du Creux-du-Van. Mutilés, battus ou sur le point d’être tout simplement tués, plus de 2500 chats ont trouvé une seconde chance auprès de l’association SOS Chats Noiraigue depuis 40 ans. C’est au début des années 1980 que Tomi Tomek et sa compagne Élisabeth Djordjevic (décédée en 2018) ont investi une ancienne ferme pour prendre soin des félins que plus personne ne voulait. Un endroit paisible et rempli d’attention, une sorte de chatière vers le paradis dont l’avenir est aujourd’hui assurée grâce à la relève incarnée par Aurore Lecerf.
Cette belle histoire animalière a commencé avec une quinzaine de chats. Des chats que même les SPA avaient de la peine à s’occuper en raison leur comportement agressifs leur hygiène, leur handicap ou leur maladie. À ce propos, il existe une chambre isolée dans la ferme de SOS Chats Noiraigue où les minets atteints de sida sont accueillis. Bref, ceux qui arrivent chez Tomi et Aurore n’ont pas toujours eu la vie facile. Mais une fois qu’ils passent le battant de cette « chatière du paradis », ils sont sauvés ! Ils peuvent vivre tranquillement jusqu’à la fin de leurs jours. Ici, dans cette grande ferme, plus de 100 chats se côtoient désormais. L’été dernier, l’équipe s’est notamment battue pour sauver cinq chatons et leur maman, lâchement déposés derrière leur portail. Elle n’a pas réussi à sauver tout le monde mais elle a tout fait pour leur offrir une seconde chance. Voilà la bonne façon de présenter leur action : défendre les chats et les toutes les espèces animales jusqu’au bout, en Suisse et à l’étranger.
Tomek, une combattante de longue date
Née en Allemagne en 1952 et diplômée en pédagogie sociale, Tomi Tomek est à l’origine de la première maison pour femmes battues de Berlin. Elle a également fait des études théâtrales pour s’illustrer ensuite dans la pantomime. En Suisse, elle s’était déjà occupée de chats errants dans le canton de Vaud avant d’arriver au Val-de-Travers. Dans son repère de Noiraigue, elle a accueilli en stage des personnes en décrochage social souhaitant par exemple se sortir d’une addiction. Aider, aider, aider ! Oui, aider quoi qu’il en coûte, telle est sa vocation depuis toujours. Ce n’est assurément pas pour rien si elle continue à prendre du temps pour donner des conseils sur les comportements des chats errants aujourd’hui. À ses côtés, Aurore Lecerf possède un diplôme de comportementaliste pour chats. Pour mener à bien de nouveaux projets de défense des animaux, elle n’hésite pas à utiliser les nouvelles technologies. Chaque printemps, lors de la fauche des champs, elle sort ses drones afin de sauver les faons tapis dans les herbes hautes par exemple.
Lecerf, la femme qui vole au secours des faons
Lancé il y a 5 ans, SOS Faon Neuchâtel (25 bénévoles affiliés à SOS Chats Noiraigue) est muni de trois drones, dotés de caméras thermiques, permettant d’identifier la position d’éventuels faons sur une parcelle avant que la fauche commence. Les animaux ainsi repérés peuvent être sauvés de la « grande faucheuse ». Ce service est proposé gratuitement à tous les agriculteurs qui en font la demande dans le canton de Neuchâtel et les environs. Chaque année, 60 à 80 jeunes faons sont ainsi sauvés grâce à ces « protecteurs volants ». Depuis que le journal local (Le Courrier du Val-de-Travers Hebdo) a consacré un reportage détaillé sur cette pratique, la demande des agriculteurs a explosé et le nombre de faons sauvés a augmenté en conséquence. C’est une action très appréciée par tous ceux qui sont soucieux du bien-être des animaux. SOS Chats Noiraigue se bat également sur d’autres fronts et tente de lancer différentes actions politiques pour le droit de animaux.
Soutien de plus de 31 000 personnes pour une pétition
N’hésitant pas à mettre les problèmes sur la table pour les causes qui lui tiennent à coeur, l’association a récemment fait du bruit en dénonçant des cas de maltraitances supposées dans une SPA de la région neuchâteloise. Comme toujours, Tomi, Aurore et leur équipe étaient en première ligne pour défendre les chats . Cette fois, ils étaient victimes d’euthanasie abusive, de négligence et de mauvais traitement, selon elles. De ce nouveau combat est née la volonté de réellement faire changer les choses. Sur le plan légal. Aujourd’hui, tout propriétaire d’animal a le droit de décider de le mettre à mort, qu’il soit en bonne ou en mauvaise santé. La loi fédérale sur la protection des animaux considère que la dignité et le bien-être des animaux ne comprennent pas leur droit à la vie, à en croire l’association SOS Chats Noiraigue. C’est pourquoi elle a lancé une pétition visant à interdire l’euthanasie, sans juste motif, en juin 2022. Lors du premier trimestre 2023, celle-ci a été déposée à la Chancellerie fédérale avec plus de 31 000 paraphes.
Une Fondation qui entretient des liens dans différents pays
L’association a su fédérer autour d’elle puisque 44 organisations et associations soutiennent officiellement cette pétition. Des personnalités, comme l’ex-miss Suisse Lauriane Gilliéron, sont aussi en première ligne. Tout comme quelques membres de partis politiques comme Céline Vara et Raphaël Mahaim (Les Verts). Depuis 2015, SOS Chats Noiraigue est une fondation internationale et peut, à ce titre, faire des sauvetages de tous les animaux dans plusieurs pays différents. Tomi Tomek entretient par exemple des contacts réguliers avec plusieurs refuges ukrainiens dont la vie a également été chamboulée depuis l’invasion du pays par la Russie. Elle a notamment de solides liens avec le refuge de Tamara Tarnawska. Les deux femmes se connaissent depuis 1996 lorsque Tamara travaillait comme journaliste à l’ONU (Genève). Mais terminons plutôt cette présentation sur une note positive. Pour soutenir les différentes actions de SOS Chats Noiraigue, il est possible de devenir parrain ou marraine de l’un des plus de 100 chats de la « chatière du paradis ». Mieux qu’un simple don, c’est une attention personnalisée, à travers une aide financière chaque mois, qui permet en contre-partie d’avoir régulièrement des informations et des photos du chat parrainé pour suivre sa vie au refuge.
Elle est pas belle la vie, au paradis ?
Kevin Vaucher
Journaliste
Il y a un commentaire
Sonja Chardonnens
23 novembre 2023 à 0h30
Bravo et respects pour tous ce que Tomi a fait pour les chats et les animaux. C’est une grande dame avec un cœur immense rempli d’amour et de compassion envers les animaux.