Située au Sud de la Gironde, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, la commune de Bazas est surtout connue pour ses élevages de race “Bazadaise” mais également pour son abattoir dont L214 a diffusé en juillet 2023 des images choquantes de “déficiences sur la protection animale”. Les vidéos montraient des animaux qui vivaient des souffrances extrêmes : étourdissements ratés, animaux saignés encore conscients…
Poursuivant dans cette lignée, peu soucieuse d’un quelconque bien-être animal, cette ville organise le 8 février 2024, à l’occasion de Mardi Gras, une fête folklorique sur le thème du bœuf. C’est bien entendu l’occasion de ripailles, de musique et de danses autour d’un rassemblement festif populaire. Jusque-là tout va bien, ce ne sera pas la première ni la dernière tradition bien franchouillarde ou l’on bamboche en arrosant de jaja chaque bouchée.
Un défilé d’animaux avant l’envoi à l’abattoir
Là où le bât blesse, c’est que pour perpétuer cette tradition vieille de plusieurs siècles, de vrais bœufs défilent dans les rues au son des fifres et des tambours, s’arrêtant au passage devant chaque boucherie pour saluer les bouchers qui le lendemain les exposeront en vitrine, cette fois sous la forme de morceaux découpés suspendus.
Le calvaire débute pour eux dès le matin à leur arrivée en ville où les éleveurs les préparent pour le défilé. Des couronnes de fleurs sont nouées sur leurs têtes et leurs queues, des pancartes, sortes de coiffes ridicules indiquant le nom des boucheries auxquelles ils ont été vendus, sont attachées entre leurs cornes. En début d’après-midi, les bœufs sont enchainés à l’arrière des remorques, trainés par des tracteurs et défilent pendant deux heures au son des fifres et des tambours, devant une foule en liesse venue assister au spectacle très culturel d’animaux en souffrance.
Les chaines sont serrées et très courtes. Les bœufs (ou parfois des vaches plus placides) sont obligés de marcher, tête basse au risque de se blesser dans les essieux de la remorque, les pieds glissants sur le goudron, un sol dur auquel ils ne sont pas habitués, stressés par la foule, les bruits, la musique… Un environnement très éloigné de leur condition de vie naturelle.
La bénédiction des animaux comme louange à la mort
À 16h, intervient la complicité du curé, pour un simulacre de bénédiction. Après deux heures de marche, enchaînés, sans eau ni nourriture, les bœufs vont subir une nouvelle mascarade. Aux sons des cloches de la cathédrale, le prêtre leur administre, non pas la bénédiction qui a pour sens chrétien originel de protéger les animaux, mais la Sainte et dernière Onction.
Voilà l’heure où le jury récompense la plus belle bête et la fête s’achève avec l’envoi des bœufs à l’abattoir (le fameux abattoir de Bazas, celui qui rate ses étourdissements et saigne les animaux encore conscients).
C’est peut-être la période la plus sordide de cette fête. Les animaux ont peur. Épuisés, stressés, assoiffés, les pieds parfois en sang à cause du bitume, ils attendent à l’abattoir l’heure de leur mise à mort durant toute la nuit. Les derniers fêtards égarés, en tendant l’oreille, pourraient les entendre beugler comme âme en peine, conscients de l’imminence de leur mort. On l’aura compris, Bazas n’est pas la ville de la compassion, mais le lieu où sont perpétuées des traditions cruelles.
À de rares exceptions, la fête du bœuf gras est tombée en désuétude au cours du XXème siècle
Les festivités autour du “Bœuf gras” ont lieu un peu partout dans le Sud de la France. À l’origine, les garçons bouchers et les bouchers faisaient défiler solennellement en musique un animal vivant, vrai bœuf ou un autre bovin de nature pacifique, ou bien sa représentation sculptée.
Au fil des ans, de nombreuses villes ont cessé l’exhibition d’animaux vivants au profit d’un défilé de chars allégoriques plus respectueux du bien-être animal.
En 2010, au cours des fêtes de Bayonne, une des vaches exposées se libère et s’échappe dans la ville. Furieuse, elle résiste aux poursuivants et poursuit sa course folle dans les rues avec à ses trousses une trentaine de policiers, pompiers, employés de mairie, bouchers et éleveurs qui tentent en vain de la maitriser. Le Maire de Bayonne publie en urgence un arrêté municipal pour autoriser son abattage par arme à feu. Alors que la vache s’est réfugiée au bord du fleuve de l’Adour, deux policiers la tuent en lui tirant des balles dans la tête.
Cet incident a mis fin au défilé des bœufs en centre-ville. Après les nombreuses interdictions de lâchers durant le Moyen Âge et l’Ancien Régime, seule s’était maintenue la promenade dans les rues des animaux entourés de danseurs. A la fin du XXème siècle, les bouchers n’organisaient plus qu’une simple exhibition.
À Bazas, la tradition n’a cependant jamais cessé.
Le vrai progrès c’est d’arrêter de perpétuer des traditions cruelles
Au Moyen-Âge, les jeunes femmes qui refusaient un mariage forcé, étaient emmurées vivantes. Ce phénomène était répandu et chaque grande ville possédait un reclusoir ou les femmes enfermées passaient leur temps à prier pour les habitants en échange de nourriture. Les traditions sont faites pour évoluer et si ça n’est pas le cas, elles représentent un frein à la modernité et tendent à réduire les possibilités de changement.
Les animaux dans notre monde moderne ne sont plus des exutoires. Ils méritent le respect comme en témoigne la loi visant à lutter contre la maltraitance animale votée en novembre 2021.
A base de plantes
Association pour les animaux et la nature
9 commentaires
Gaston F.
2 février 2024 à 12h28
Bonjour ‘A Base de Plantes’, (désolé de ne pouvoir vous nommer)
je vous rassure, je ne veux faire taire personne, bien au contraire. Je ne pense pas qu’interdire, diaboliser tous ce qui ne correspond pas à ses convictions soient les bonnes bases du vivre ensemble.
C’est donc avec plaisir que j’échange avec vous.
Vous vous arrogez la voix des animaux : de quel droit? avec quelles compétences? et sans contradiction possible?
Votre description de la fête est totalement déformée et avec beaucoup de suppositions. Comme toujours le militantisme aveugle se moque bien de la réalité et des nuances .Il faut faire peur, il faut indigner.
Je me suis permis cette remarque sur votre asso, car sur votre site je n’ai rien vu d’autre que des demandes aux dons et achats. On peut y lire : “Vos commandes servent aider l’association à financer ses projets : livres, expositions, mode éthique.” je vois là plus un financement d’activités privées qu’une implication réelle pour le but énoncé.
Mais ce n’est que mon avis …
Cordialement.
A base de plantes
2 février 2024 à 15h39
Nous avons de nombreux détracteurs parmi les maltraitants ou ceux qui exploitent les animaux. Notre association est jeune, elle n’a que peu de moyens et utilise plus de l’huile de coude que d’autres choses. Nous suspecter de malversations et d’abus de confiance est un piètre argument. Si vous ne voyez rien d’autres sur notre site, j’ai envie de vous conseiller de vous acheter des lunettes. Les informations concernant la description de la fête ont été recueillies auprès d’un habitant du village. Vous voyez que tous les locaux ne sautent pas gaiement de joie en se pétant la tronche gaillardement autour d’une assemblée de bovins enchainés et destinés à rejoindre l’abattoir le soir même. Il ne s’agit pas d’interdire, ni de diaboliser, mais de respecter les animaux et également la législation en matière de maltraitance animale. Faites la fête des bouchers si vous voulez, mais un peu de créativité, comme partout en France, avec des sculptures et des chars fleuris, ne peut nuire à personne, bien au contraire.
Chacun de nous a le droit d’appeler au respect du vivant, avec la compétence de son cœur et son empathie, pas besoin de diplômes ni de compétences, et je dirais même que c’est aujourd’hui un devoir.
Jouille
2 février 2024 à 7h07
Bonjour,
Je souhaite que cette manifestation soit interdite
Et que ces animaux soient étourdis avant leur mise à mort pour qu’ils n’aient aucune souffrance
Gaston F.
1 février 2024 à 13h10
Dieu merci, il y a encore des gens qui ont les pieds sur terre, à Bazas , notamment!
Ces franchouillards que vous méprisez , par ce rassemblement, rendent hommage aux paysans qui les nourrissent, saluent leur travail. Ces gaulois consomment du local, peuvent mettre un visage sur le producteur, le boucher et grâce à ce rassemblement peuvent voir la qualité de la viande avant de la consommer. A l’heure ou tout est lissé, aseptisé, dépersonnalisé, je trouve salutaire ces endroits où les gens ont encore le sens des réalités.
Une description larmoyante de cette fête, des suppositions, les sentiments de l’auteur transposés sur l’animal, … : du grand classique militant végan!
Les éleveurs sont là pour présenter le meilleur de leur travail, fruit de plusieurs années de soins : qui est assez stupide pour penser qu’ils saboterait ce travail en maltraitant leurs bêtes? (ha ben si … des militants!)
A base de plantes : une association commerciale qui demande des dons, des T-shirt à acheter. Zéro action, zéro projet (escrologie?)
A base de plantes
1 février 2024 à 23h00
Bonsoir Gaston, merci pour ce commentaire sympathique. À base de plantes est une association 1901 qui finance l’édition de livres animalistes, mais aussi fanzines, expositions, rencontres autour de l’alimentation végétale, aide aux animaux maltraités, don à des sanctuaires et des associations… grâce à la vente de t-shirts bios militants labellisés par PeTA et Gots et des dons. Très suivis sur les réseaux sociaux, nous sommes aussi des lanceurs d’alerte et militants antichasse et anticorrida. Pardon de vous déranger, mais les animaux ont une voix, celles des associations qui les défendent. De plus en plus de gens sont sensibles au bien-être animal. Vous n’avez pas donc pas fini de nous entendre, à Bazas ou ailleurs.
Jouille
2 février 2024 à 7h08
Bravo merci pour votre réponse à ceux qui laissent dans le silence souffrir les animaux
A base de plantes
2 février 2024 à 15h28
Mille mercis à vous ! Tout ce qu’on fait est utile, chacun de nous contribue par ses actions à faire évoluer les choses. Il n’y a pas de petit geste. Même un simple commentaire a son utilité. Merci <3
Michèle Mneimne
2 février 2024 à 11h36
Bravo
A base de plantes
2 février 2024 à 15h28
Merci beaucoup pour votre soutien !