Le programme « NOSAÏS » de Détection Biomédicale Olfactive Canine est né en 2017 d’une décision de collaboration entre deux passionnés du chien, les Professeurs Dominique Grandjean (Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort) et Riad Sarkis (Université Saint-Joseph de Beyrouth).
Le premier travail, conduit avec succès au Liban, fut consacré aux cancers du côlon. Mais l’émergence puis l’explosion mondiale de la crise CoVID-19 a démontré combien il était difficile pour les institutions médicales de développer rapidement les outils de dépistage précoce, élément fondamental au plan de la gestion épidémiologique ce avant même la détermination ou la création des moyens thérapeutiques et préventifs nécessaires.
En de telles circonstances, et d’une manière plus globale vis-à-vis d’autres affections pathologiques, le chien de détection biomédicale présente de très efficaces avantages qui, à aujourd’hui, ne sont pas concurrencés par la plupart des technologies existantes mais attendent encore la reconnaissance officielle des autorités de santé : excellentes valeurs de sensibilité/spécificité (dès lors que le chien est convenablement formé de manière spécifique), approche non invasive de la détection olfactive, coûts des plus faibles hormis ceux nécessaires à la recherche et à la formation des chiens (ces derniers étant sans commune mesure avec les coûts de développement / adaptation des outils technologiques, immédiateté du résultat.
Le développement et le déploiement opérationnel de tels chiens, qui conduit médecins, vétérinaires, cynotechniciens et grand public (car tout propriétaire de chien motivé peut être concerné) à œuvrer de concert, est le meilleur exemple concret du concept « One Health » (une seule santé), aspect qui fut dans le cas de Nosaïs mis en exergue dès 2020 par un communiqué commun des académies de médecine et vétérinaire.
Nosaïs est un paradigme nouveau en le fait que les capacités olfactives extraordinaires du chien puissent apporter directement à la santé humaine, au même titre mais de manière plus précoce, non invasive et moins coûteuse que les outils d’analyse ou d’examens complémentaires actuellement valorisés avec une acuité prédictive plus ou moins précise.
Nosaïs : les travaux déjà réalisés
Outre le travail déjà évoqué sur les cancers du côlon, l’équipe Nosaïs a, depuis 2020, développé les programmes suivants :
Détection de la CoViD-19
Le fait que le nez du chien se révèle capable de déceler le portage par une personne d’un virus SARS-CoV-2 actif, que celle-ci soit symptomatique ou non, a quelque peu « secoué » le monde de l’infectiologie. L’approche Nosaïs, basée sur de simple prélèvement de sueur axillaire sur des compresses, fut reprise par un soixante de pays avec succès, soutenue par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Avec plus de 20 publications scientifiques et plus de 70 conférences en congrès internationaux, une validation par le Haut Conseil de la Santé Publique, Nosaïs a donné ses premières lettres de noblesse au Dépistage Olfactif Canin (« DOC » pour le HCSP).
Outre le centre de l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort, dans lequel œuvrèrent des chiens de sapeurs-pompiers des SDIS 60, 78 et 77, le programme de détection CoVID permit de développer des collaborations
En septembre 2023, Nosaïs poursuit un travail sur les CoViD longs, qui a permis de démontrer la présence d’un virus SARS-CoV-2 toujours actifs sur une proportion importante des patients concernés.
Détection précoce des cancers de la prostate à haut risque
Depuis 2022, Nosaïs, en collaboration avec les services d’urologie des CHU Bichat (Paris) et Henri-Mondor (Créteil), a travaillé avec un groupe d’étudiants vétérinaires sur le dépistage olfactif des cancers à haut risque de la prostate, sur prélèvement d’urine. Il ressort de ces 18 mois de travail impliquant 6 chiens que l’olfaction canine est une technique fiable, sûre et non-invasive pour le diagnostic de cancer à haut risque de la prostate (classification « ISUP »³ 2). En complément de l’examen IRM, elle pourrait influer sur la décision de réaliser ou non des biopsies prostatiques, et permettre ainsi d’éviter nombre de biopsies très invasives et inutiles.
Nosaïs : les programmes en cours de développement
Les programmes de recherche en cours, débutant au dernier trimestre 2023, sont les suivants :
Recherches complémentaires concernant les cancers de la prostate
- En Alsace, une étroite collaboration impliquant les clubs Rotary du Haut Rhin (l’initiateur étant le Club Bartholdi de Colmar), le Centre Hospitalier Pasteur de Colmar (Professeur Luc Meyer), l’association Handi’Chiens et son centre de formation de Kunheim, la Société Canine du Haut-Rhin (dont des membres vont mettre leurs chiens dans ce travail bénévolement), et bien sûr l’équipe Nosaïs, s’est mise en place. Elle va permettre de préciser un peu plus les résultats déjà obtenus sur Paris et surtout d’affiner les possibles conditions d’exploitation opérationnelle au niveau du public.
- En Belgique : une équipe Nosaïs-Belgique est en train de naître à Namur, pilotée par le Docteur vétérinaire Xavier Ramboux, dans une collaboration avec l’université de Liège et les Clubs Rotary locaux.
Détection précoce de la Maladie de Parkinson
Fin 2022, l’équipe Nosaïs a rendu visite à la seule équipe travaillant sur le dépistage olfactif de la Maladie de Parkinson, celle de « PAS for Parkinson », basée à San Juan (USA) et collaborant avec l’Université de Washington State (Seattle). Il en est résulté une collaboration très étroite, qui conduisit mi-2023 » PADs à passer le relais à Nosaïs en fournissant un soutien des plus fort. En septembre 2023, une rencontre avec le Professeur Chang-Qing Gao, médecin neurologue utilisant le chien pour le diagnostic de la maladie, de l’université de Changsha en Chine, débouche sur une collaboration maintenant élargie.
Un protocole de recherche conduit avec l’équipe du Professeur Stéphane Palfi (CHU Henri Mondor de Créteil) est donc en cours, impliquant une dizaine d’étudiants de l’EnvA et leurs chiens.
Cette équipe de neurologie humaine souhaite également développer avec Nosaïs un travail sur la détection différentielle des glyomes/glyoblastomes/lymphomes cérébraux.
Maladies virales du futur
Certaines maladies virales en provenance d’Outre-mer « montent en puissance » en France, en lien avec le réchauffement climatique et la prolifération de leurs vecteurs tels le moustique tigre ou les tiques.
Grâce à la production de l’Institut Pasteur de Paris (Professeur Jean-Claude Manuguera) de « leurres » similaires au plan de la méthodologie d’obtention de ceux utilisés pendant les protocoles CoVID-19, Nosaïs lance fin 2023 plusieurs travaux touchant les dépistages olfactifs suivants :
- West-Nile
- Chikungunya
- Dengue
Dans le même temps, et en collaboration avec le SEDCPL (Syndicat Experts Détection Canine Punaises de Lit), une action de formation de chiens permettant de localiser les larves de moustiques tigres va être engagée en métropole.
Les contacts existants devraient permettre d’impliquer également des équipes de la Réunion, de la Guadeloupe et de Guyane aux protocoles envisagés.
Maladies animales
Si le chien est capable de dépister les maladies de l’Homme, il est vraisemblable qu’il puisse le faire concernant certaines maladies animales.
Les maladies subcliniques représentent chez les bovins laitiers une dominante pathologique infectieuse qui génère une forte utilisation d’antibiotiques et un coût important pour les éleveurs. Tenter de valider la possibilité de valoriser l’olfaction canine pour un dépistage précoce de l’affection présente de ce fait un double objectif sociétal :
- diminuer les quantités d’antibiotiques nécessaires à un traitement tardif,
- soulager les charges générées pour la filière de l’élevage laitier.
Ce protocole est lui aussi mis en place durant le dernier trimestre 2023 grâce aux chiens des étudiants de l’EnvA.
Un travail sur la détection environnementale de la fièvre Q est par ailleurs en cours de mise en place pour le début de l’année 2024 en collaboration avec l’université d’Adélaide (Australie).
Nosaïs : le futur
Nosaïs s’installe dans l’Oise
Grâce au soutien du Département de l’Oise et de son Service Départemental d’Incendie et de Secours, l’équipe Nosaïs ouvre fin 2023 un centre de recherche sur la détection biomédicale olfactive canine dans les Hauts de France, non sans bien sûr conserver ses attaches avec l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort.
La participation de passionnés bénévoles désireux de former leur chien et de faire avancer ce nouveau paradigme au profit de la santé humaine permettra d’envisager de nouvelles affections :
- prolifératives (cancers de la vessie, du sein, du poumon, du pancréas…)
- dégénératives (athéroscléroses, process arthrosiques lourds,…)
- infectieuses (tuberculoses antibio-résistantes, viroses émergentes,…)
Développer des actions inter-régions
Si le centre de l’Oise se veut devenir le centralisateur des actions conduites, Nosaïs cherche à développer et étendre ses actions à l’ensemble du territoire national, à l’instar de ce qui existe déjà en Alsace. Des contacts avec les autorités décisionnelles de plusieurs régions sont en cours afin d’élargir progressivement le spectre des affections concernées et de faire croître l’implication du chien de détection dans le concept « One Health » via en particulier les Centres Hospitaliers Universitaires intégrés au travail et maîtres d’œuvre du volet humain.
Œuvrer pour la reconnaissance officielle du chien de détection médicale
Si la crise de la CoVID-19 eut dû permettre la valorisation de chiens dûment formés au profit d’actions de masse qui auraient permis un dépistage plus précoce (le chien marque la présence du virus dans l’organisme environ 48 heures avant que le test PCR ne se positive), mais surtout non invasif et permettant une forte économie sociétale (coût estimable 50 fois inférieur !), il n’en demeure pas moins que nombre de pays ayant suivi la méthodologie de formation Nosaïs ont, quant à eux, déployé en cette occasion avec succès des équipes cynotechniques dédiées (Australie, Liban, EAU, Finlande, Brésil, Argentine pour exemples).
Les nombreuses publications scientifiques, tant de Nosaïs que d’autres équipes, confirment toutes la valabilité de l’approche olfactive canine.
Une publication scientifique de synthèse regroupant une quarantaine d’experts internationaux conclut :
« Nous recommandons l’utilisation du chien dans la détection biomédicale des composés organiques volatiles spécifiques, lors d’une crise épidémique ou pandémique, dans le dépistage initial de masse. La réponse obtenue par le chien formé est rapide, hautement adaptative, et constitue une contre-mesure efficace afin de contrer une évolution épi/pandémique avant même que des tests de laboratoires dédiés ne soient disponibles. »
Enfin, dans une publication de type méta-analyse visant à comparer test olfactif canin et test PCR de juin 2023, le Professeur Dickey, de l’Université de Californie, conclut quant à lui : « L’efficacité du chien de détection convenablement formé est au moins comparable et, dans de nombreux cas, supérieure à celle des tests laboratoire par RT-PCR et RAG. »
Il incombe dès lors à Nosaïs et aux autres équipes internationales de continuer de fournir des arguments scientifiques visant à faire reconnaître le Dépistage Olfactif Canin comme « dispositif médical », terme officiel qui, pour nous, ne vise nullement à transformer le chien en une machine !
L’Organisation Mondiale de la Santé, qui fut un soutien matériel fort des travaux de Nosaïs durant la crise CoViD, suit de près ces évolutions qui présentent pour elle un intérêt majeur pour les pays défavorisés.
Pérenniser les collaborations internationales
Nosaïs est en lien constant avec une cinquantaine d’équipes réparties dans le monde entier, l’objectif étant de parvenir à une répartition intelligente des tâches plutôt que de se livrer à des compétitions représentant, comme souvent dans le domaine de la recherche, des gaspillages de temps et de moyens.
La vision de Nosaïs : une utopie ? Plutôt un paradigme nouveau !
Dans un monde où tout se commercialise et où règnent les finalités mercantiles, Nosaïs se veut demeurer une structure qui travaille et donne.
C’est ainsi qu’on peut imaginer que des propriétaires passionnés de leur chien et de ses capacités forment celui-ci à dépister une maladie, et le mette à disposition de la société très régulièrement dans des centres départementaux de « DOC » (Dépistage Olfactif Canin). La précocité de tels dépistages permettrait aux médecins une orientation initiale assurant des choix thérapeutiques ou d’examens complémentaires à la fois plus rapides et plus ciblés. Telle est par exemple la vision d’urologues impliqués dans le programme cancers à haut risque de la prostate.
Un autre élément important est de permettre à des pays nécessiteux, ne disposant que de peu d’équipements de diagnostic médicale, d’accroître de manière somme toute simple et très peu onéreuse leurs capacités de dépistage et diagnostic. Plusieurs pays africains valorisent déjà l’olfaction canine pour aborder avec des résultats avoisinant 100p100 des maladies comme la malaria ou la tuberculose.
Nosaïs une utopie ? Non, et il suffit pour s’en convaincre de constater que lorsqu’on parle de drogues, d’explosifs, de personnes, etc… nul ne remet en cause la puissance olfactive du chien.
Le futur nécessite des partenariats et un travail d’équipe
Handi’Chiens, les Clubs Rotary, Royal Canin et bien sûr le département de l’Oise, la Société Canine du Haut Rhin et l’OMS sont des partenaires indéfectibles pour Nosaïs. Sans oublier l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort !
Mais les développements à venir nécessitent d’ores et déjà que d’autres nous rejoignent, et contribuent matériellement et par passion aux actions futures.
L’association NOSAÏS a besoin de vos soutiens afin de pouvoir financer ses programmes de recherche. Tout don fait à NOSAÏS fait l’objet d’un reçu fiscal qui permet de défalquer 66 % de la somme versée (article 200 du code général des impôts).
Faites un don : https://www.payasso.fr/association-nosais/dons
Il y a un commentaire
Catherine van der Mensbrugghe
10 novembre 2023 à 13h46
Bonjour,
Nosais est un programme qui correspond à ce que cherchais à faire avec notre labarador mâle de 6 ans depuis quelques années. Habitant en Belgique dans la province de Luxembourg, y a-t-il un moyen de s’investir en tant que bénévole pour mon chien et moi-même?
Merci d’avance,