Numéro 17Education des enfantsLutte contre la maltraitance animale : le respect des animaux dans les programmes scolaires sera-t-il suffisant ?

Education éthique animale15 octobre 20242 min

Fin août, un influenceur roubaisien de 22 ans aux 100.000 abonnés sur Tik-Tok se filme en train de jeter à terre, rouer de coups et étrangler une chatte et ses cinq chatons. Les animaux sont saisis par la police judiciaire. Le jeune tiktokeur encourt une peine de cinq ans de prison et jusqu’à 45 000 euros d’amende. Selon le Ministère de l’intérieur, les actes de cruauté sur les animaux ont augmenté de 30% entre 2016 et 2021[1]. La maltraitance animale commence dès le plus jeune âge. L’étude conduite en 2019 par le chercheur en psychologie sociale Laurent Bègue-Shankland indique que 7,3 % des jeunes adolescents ont déjà fait mal ou blessé volontairement un animal[2]). 

Alerté par ce constat, le législateur a voté la loi du 30 novembre 2021 “visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes”. Cette loi complète l’article L312-15 du Code de l’éducation par l’alinéa suivant : “L’enseignement moral et civique sensibilise également, à l’école primaire, au collège et au lycée, les élèves au respect des animaux de compagnie.” Ainsi, en cette rentrée 2024, les enseignants sont enjoints à aborder la question du “respect dû aux animaux de compagnie”au cours préparatoire, en troisième et en seconde. Sans doute le niveau de maturité des élèves du cours préparatoire est-il insuffisant pour conceptualiser et développer l’esprit critique à ce propos. Il aurait été plus pertinent de réserver cet enseignement aux classes d’âge supérieur de l’école élémentaire. En outre, il s’écoule au moins sept ans entre la fin du cours préparatoire et la classe de troisième, délai qui compromet un véritable ancrage de la réflexion. Espérons toutefois que cela contribuera à prévenir les violences faites aux animaux par ces adultes en devenir.

Il s’agit d’un premier pas prometteur dont l’efficacité dépendra des conditions de sa mise en œuvre. La première d’entre elles est l’offre de formation pour les professeurs, la deuxième tient dans le contenu de cette formation (compréhension des enjeux de ce problème sociétal, moyens pédagogiques) et la troisième est le temps qui doit être dédié à cette question durant l’année, malgré un programme déjà chargé. Bien conduit, cet enseignement contribuerait pourtant à prévenir les violences faites aux animaux par les jeunes, adultes en devenir.

Rappelons que de nombreuses études attestent du lien entre les violences exercées contre les animaux et les violences interhumaines. On peut dès lors présager que ce nouvel enseignement participera également à la lutte contre les violences en milieu scolaire, préoccupation majeure du Ministère de l’éducation nationale.


[1] mobile.interieur.gouv.fr/Interstats/Actualites/Les-atteintes-envers-les-animaux-domestiques-enregistrees-par-la-police-et-la-gendarmerie-depuis-2016-Interstats-Analyse-N-51

[2] journals.sagepub.com/doi/


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