Raytoku est un singe cobaye. Il vit une existence monotone dans un institut de recherche à Tokyo. Mais sa vie va être bouleversée le jour où une bombe souffle son laboratoire et tue trois partisans de l’association de protection animale JAVA. Mais pourquoi ces trois défenseurs sont-ils morts dans l’explosion ? Les inspecteurs Kurosuke Ogawa et Miyuki Watanabe mèneront l’enquête et dévoileront les secrets de l’expérimentation animale : comment la catastrophe nucléaire de Fukushima a-t-elle amené les scientifiques japonais à étudier la radioactivité sur les singes et pourquoi les militants de JAVA ont-ils souhaité frapper fort ? Mais qui croire dans cette guerre éthique ? Les chercheurs ou les animalistes ? Basée sur de véritables éléments scientifiques et des évènements réels, cette fiction philosophique à la Bernard Werber vous fera découvrir l’éthologie des primates ainsi que les controverses de la recherche animale sous fond d’enquête policière. Raytoku, le macaque japonais vous dévoilera ses pensées, ses intentions, ses amours et ses peurs et vous emmènera jusqu’au dénouement de ce polar. Entre folie humaine et intelligence simiesque, cette histoire replace définitivement Homo sapiens dans son animalité.
Cédric Sueur est éthologue et primatologue à l’Université de Strasbourg et membre de l’Institut Universitaire de France. En 2015, il créait en France le premier Master en droit et éthique de l’animal. Son huitième livre est son premier roman policier. Loin de vouloir écrire un livre scientifique peu accessible, il a voulu par la prose dévoiler les multiples expériences qu’il a pu connaitre en voyageant de pays en pays et en vivant un an au Japon. Apprendre à observer des primates non humains, c’est apprendre à ne plus observer une espèce, un sujet, mais une personne. Chaque macaque a sa personnalité qui s’est développée avec son vécu subjectif et ses émotions. Mais ce macaque n’est pas un humain, ses pensées et l’abstraction de ses dernières sont donc différentes des nôtres. Entre chaque chapitre de l’enquête policière, Cédric Sueur a donc intercalé des chapitres décrivant la vie des macaques, leur manière de penser et de voir le monde. Ainsi, les flammes sont des créatures lumineuses, le feu étant une conception humaine ; les humains sont vus comme des singes sans-poils ; les barbelés électriques clôturant le parc des singes sont des lianes piquantes, etc. Ces macaques sont dotés d’une certaine conscience, d’intentions, d’émotions et même de sentiments.
Mais dans ce cas, pourquoi réaliser des expériences biomédicales sur eux ? C’est ce que l’auteur cherche à vous faire découvrir à travers différents personnages étant pour ou contre cette expérimentation animale. Il décrit aussi dans le livre que ces avis peuvent être biaisés en fonction du vécu de chacun. Un personnage est contre la recherche sur les animaux parce que son enfant est décédé des effets secondaires d’un médicament. Un autre est en faveur des tests sur les macaques, car lorsque son neveu est décédé d’une leucémie, aucun remède n’avait encore été trouvé. Le principe du livre n’est pas de connaitre l’avis de l’auteur sur ce sujet, mais bien de se faire une opinion propre à travers les anecdotes recueillies par ce dernier au cours des dix dernières années à côtoyer d’autres chercheurs et des membres d’association de protection animale. L’auteur pense que l’opinion pro ou anti n’est pas tranchée entre ces deux partis – chercheurs ou membres d’association. Selon le domaine ou l’institut dans lequel il travaille, mais aussi selon la finalité des recherches, le chercheur verra l’animal testé comme un simple objet de connaissance ou comme un agent moral, c’est-à-dire un vrai producteur collaborateur de connaissances. L’agentivité est la capacité d’un individu à agir intentionnellement dans et sur un environnement donné. Ainsi, les animaux ne devraient plus être considérés comme de la matière première, mais comme de véritables collaborateurs. De nombreux chercheurs obtiennent des résultats scientifiques plus nombreux et plus rigoureux en considérant l’animal comme un agent moral. La notion de capital animal se voit étendue du simple matériel à celui de social (l’aide de l’animal), de culturel (ses connaissances) et d’écologique (son action environnementale).
Lien vers le livre : babelio.com/livres/Sueur-Kamikaze-Saru–Le-singe-cobaye
Maître de Conférences en Ethologie et Ethique animale, Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien, CNRS-Université de Strasbourg
Professeur Associé, Anthropolab, ETHICS, Université Catholique de Lille
Membre de l’Institut Universitaire de France
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La rédaction - Savoir Animal