Accompagnée de mon téléobjectif, je sillonne champs et forêts de ma région en quête d’observations animalières. Passionnée depuis toute jeune par le monde animal et végétal, je me plais à passer du temps dans la nature de jour, comme de nuit. Cependant, le monde de la photo était pour moi encore inconnu il y a quelques années… C’est seulement en 2017 que j’achète mon premier appareil photo reflex, incitée par mon ami qui lui, avait déjà son matériel en tant qu’amateur. La nature et les animaux oui, je connaissais ! Mais la photo… un monde nouveau à découvrir ! Une nouvelle passion naissait.
Ce que je ne savais pas encore, c’est que j’allais faire des rencontres magiques. C’est véritablement en avril 2019 que j’ai pris goût aux sorties photographiques dans ma campagne natale. Les mois d’avril, mai et juin sont des périodes de naissances pour la faune sauvage : faons de chevreuil, renardeaux ou encore blaireautins. C’est très certainement la période de l’année que je préfère ! Comme tout bon photographe animalier passionné, j’ai des moments de vie gravés dans ma mémoire. Je me souviens de ce matin de juin, je grimpais un talus situé sur une coulée (« chemin » fait par le passage des animaux), et quelques mètres plus haut je m’émerveillais tout à coup : une chevrette était juste là, suivie de ses deux petits faons… magique ! Un cadeau que je n’attendais pas, figé à tout jamais !
Je me souviens aussi de ma première rencontre avec le blaireau, un soir de mai 2019, au détour d’un chemin. Je revenais sur mes pas, lorsque j’apercevais des formes un peu plus loin sortir du talus : c’était trois blaireautins qui jouaient là, tranquillement. Le temps de réaliser, je me suis ensuite approchée doucement pour faire quelques clichés. J’étais enfin certaine qu’un clan de petits ours des campagnes vivait ici, quelle joie ! J’admire tellement cet animal, si méconnu et cible de nombreux préjugés, mais qui mérite beaucoup plus de considération. C’est sans oublier ma première rencontre avec les renardeaux au terrier, tout petits. J’ai pu commencer à les observer vers leur quatrième semaine de vie, puis je les ai retrouvés un peu plus tard vers leurs trois mois. Un soir de mai, j’avais passé trois heures allongée dans un champ à observer ces deux renardeaux pendant leur sieste, collé l’un à l’autre, à quelques mètres de moi seulement. De ce souvenir mémorable, j’ai pu en tirer de superbes clichés.
On se sent tellement privilégié dans ces moments-là, pouvoir observer ces instants de vie que la plupart des humains n’imaginent pas, étant bien trop occupés par leur quotidien stressant. Pourtant, nous sommes tous liés : humains et animaux, nous vivons dans le même écosystème, nous sommes interdépendants. L’humain est un être sensible, tout comme l’animal, sauf qu’il peut en décider autrement en refusant de voir naître en lui ce sentiment. C’est pourtant là une qualité loin d’être avilissante… Un cœur sensible est un cœur pur et vrai, comme est celui d’un animal. Pas de faux-semblants, pas de doutes.
En tout cas, une chose est sûre : lorsque je suis en forêt, c’est comme si je faisais table rase de mes pensées… je me sens apaisée. Je deviens même animale, le moindre bruit met tous mes sens en éveil. Entendre une voix humaine me surprend, je n’ai qu’une idée en tête : me camoufler pour ne pas être repérée. C’est dans ces moments-là que j’imagine aisément ce que peuvent ressentir les animaux sauvages à notre égard, lorsque nous les dérangeons avec nos activités humaines.
En photographie animalière, il faut aussi accepter de rentrer parfois sans images, voire sans observations. C’est le jeu ! Nous dépendons totalement de la nature dans laquelle nous nous immergeons le temps d’un affût ou d’une billebaude. Du moins, c’est le cas lorsque vous avez une certaine éthique. Car il est toujours possible de « tricher » pour réussir à voir et approcher des animaux. Certains photographes n’hésitent pas à appâter leurs sujets, pour permettre une meilleure proximité, voire aller jusqu’à photographier des animaux dans des parcs de chasse, ou accompagner un chasseur pendant sa partie de chasse.
L’éthique est très importante dans ce genre de domaine. C’est d’ailleurs ce que nous avions tenté de mettre en avant avec des amis photographes sur les réseaux sociaux. Bon nombre de photos que vous pouvez voir sur la toile paraissent tellement magnifiques, qu’on en oublie tout ce qu’il peut se cacher derrière… surtout si l’on n’a pas l’œil habitué. Il faut savoir qu’une photo est le fruit de beaucoup de temps et de patience. Evidemment, il y a toujours des coups de chance ! Mais en règle générale, en photographie animalière, c’est ainsi que cela se passe : patience est le maître mot !
Photographe amateur, je suis formée professionnellement dans le domaine animalier (comportementaliste pour animaux domestiques). J’ai également un pied, pour ne pas dire les deux, dans le bénévolat depuis plusieurs années : j’ai milité pacifiquement pour la protection animale auprès de L214, 269 Life France, la SPA et je suis membre du collectif AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) contre la chasse à courre. Je soutiens également financièrement des associations pour les actions qu’elles mènent comme par exemple l’IFAW (International Fund for Animal Welfare), l’ASPAS qui œuvre pour la protection de la faune sauvage et la préservation du patrimoine naturel en menant des campagnes d’information et de sensibilisation ; ou encore l’association MELES qui œuvre pour la protection des blaireaux et s’occupe également d’autres mammifères sauvages.
Virginie, la présidente de MELES (en référence au nom scientifique du blaireau, meles meles) fait un travail admirable : elle recueille toute l’année des blaireaux qui nécessitent des soins, des blaireautins orphelins, énormément de hérissons, et beaucoup d’autres mammifères sauvages ayant besoin de soins. Tous ces animaux seront ensuite réhabilités dans leur milieu naturel, c’est le but ultime. Elle est une experte dans son domaine, et propose d’ailleurs diverses formations : les premiers soins à adopter par exemple, des sorties « écoute de la forêt et rencontre avec le blaireau » sur des secteurs qu’elle connait très bien, des interventions dans les écoles, etc. Je n’hésite pas à mettre à profit mes photos pour récolter des fonds pour son association (calendriers, badges), avec toute l’admiration que j’ai pour son combat. D’ailleurs, pourquoi le blaireau ? Il faut savoir que cet animal est encore aujourd’hui victime de ce que l’on appelle le « déterrage » : une forme de chasse cruelle consistant à extirper à l’aide de chiens (souvent des petits chiens de type fox terrier) et de pioche, une famille de blaireau. Le chien est envoyé dans le terrier pour acculer les animaux en aboyant et lorsque ses aboiements se fixent à un endroit alors c’est le moment pour le chasseur de creuser jusqu’à extirper l’animal par le cou ou la queue, le plus souvent à l’aide de pinces métalliques. Ensuite, une triste fin est à prévoir pour ces animaux, pourtant bien tranquilles dans leur terrier. Tout comme le blaireau, le renard fait également les frais de cette pratique. On l’appelle également « vénerie sous terre », pratique qui fait donc partie de la vénerie, tout comme la chasse à courre (grande vénerie) ou la chasse au lièvre (petite vénerie).
Le militantisme fait partie intégrante de ma vie, tout autant que la photographie. Ce sont des choses qui prennent aux tripes, dont on ne se sépare jamais. Transmettre à travers des clichés, toute la beauté du monde animal, cela deviendrait presque une mission. Une mission pour laquelle, je n’aurai jamais d’essoufflement. Comment se lasser d’un tel spectacle ? Je ne saurai donner de réponse négative à cette question. Au travers de mes photographies que je partage sur les réseaux sociaux, j’espère transmettre toute la sensibilité que je ressens profondément à l’encontre de cette magnifique nature et de ses habitants, pour lesquels je m’investis avec toute mon humanité.
Amandine
Photographe amateur
Il y a un commentaire
Iliad
15 janvier 2021 à 18h50
Top cet article! Content de le lire enfin et de le voir publié. Un passage plus particulièrement me touche. Toujours le même. Tu sais lequel, en rapport à un autre article issu de notre collaboration, ou finalement nous avions dû nous résoudre à ne pas l’inclure dans notre texte pour cause d’article à résumer pour le voir publier. A une éventuelle future collaboration. 😉