De nos jours, près d’un abandon de chien sur deux concerne un chien mâle entier et est lié à des problèmes de comportement. Ceux-ci sont souvent liés aux hormones sexuelles et, dans ce cas, peuvent être résolus grâce à la stérilisation. Or, de nombreux propriétaires sont réfractaires à la castration chirurgicale. Pour ces derniers et pour ceux qui souhaitent s’assurer que les comportements indésirables sont bien liés aux hormones, il existe une alternative fiable, réversible et temporaire : la pose d’un implant contraceptif.
Lutter contre la maltraitance animale et les abandons constitue une préoccupation majeure : la loi contre la maltraitance animale de 2021 a notamment donné lieu à une augmentation des sanctions pénales liées aux abandons d’animaux. Pourtant, le problème persiste.
Le comportement des chiens mis en cause
Plusieurs raisons semblent mener les propriétaires à abandonner leurs animaux. L’une d’entre elles concerne les agissements de l’animal : selon une étude, 45% des abandons de chiens sont liés à des problèmes de comportements considérés comme indésirables¹.
Le marquage urinaire, la libido excessive, l’agressivité, les chevauchements et les tendances à la fugue en font partie. Deux tiers des propriétaires de chiens mâles y seraient confrontés².
Cette problématique, très taboue, est peu souvent abordée lors de consultations vétérinaires, car elle semble constituer un échec dans l’éducation de l’animal. Or, dans 60% des cas, elle est liée aux hormones sexuelles, notamment la testostérone³.
La stérilisation de l’animal : ses bienfaits et ses limites
La castration chirurgicale est l’une des options disponibles pour résoudre ces problèmes de comportement. Ainsi, pour ces cas précis, la stérilisation, en diminuant le taux de testostérone, pourrait constituer une solution pertinente. Il est toutefois important de rappeler que dans 40% des cas, la castration n’est pas la solution à ces problèmes de comportement.
De plus, de nombreux propriétaires hésitent à faire stériliser chirurgicalement leur animal aujourd’hui, et ce pour diverses raisons : risques liés à l’anesthésie, souhait de préserver son intégrité physique, conséquences postopératoires, etc.
L’implant contraceptif : une alternative réversible et temporaire
Néanmoins, des alternatives existent pour ces propriétaires hésitants. Afin de lutter contre ces comportements indésirables et faciliter la cohabitation avec les congénères, la pose d’un implant contraceptif est envisageable. Cette méthode est en effet réversible et ne nécessite pas d’anesthésie. Elle peut être utilisée pour stériliser temporairement les chiens, les chats, les furets et les chiennes prépubères.
L’effet d’un implant contraceptif sur les comportements du chien est prédictif de celui obtenu après castration chirurgicale. Si les comportements sont bien liés aux hormones sexuelles, sa pose aura un impact positif. En libérant de la desloréline en continu dans le corps, il “freine la sécrétion de testostérone, agit sur les comportements liés et sur la production de spermatozoïdes”, explique Laetitia Barlerin, docteur vétérinaire et journaliste.
Cette solution temporaire et réversible peut également convenir aux propriétaires qui envisagent de faire reproduire leur animal dans le futur, contrairement à la stérilisation chirurgicale. En effet, à l’issue de la durée d’action du traitement (6 mois à un an), selon le dosage de l’implant choisi, l’animal retrouve sa fertilité. Pour maintenir les effets contraceptifs plus longtemps, le traitement pourra être renouvelé.
La méthode est non invasive : l’implant est administré par injection sous-cutanée, de manière similaire à une puce électronique biocompatible, et ne nécessite pas d’intervention chirurgicale. Cette option peut être notamment privilégiée ”lors de risques anesthésiques avérés”, précise Laetitia Barlerin. Suite à la pose de l’implant, ayant une durée d’action de six mois uniquement, il faut compter 6 à 8 semaines pour que l’infertilité soit totale.
Les effets observés après la pose de l’implant contraceptif sont multiples : baisse du taux de testostérone et des comportements associés, infertilité, diminution du volume testiculaire et une éventuelle prise de poids (un régime alimentaire adapté doit être mis en place), de la même manière qu’après une castration chirurgicale.
Dans un souci général de lutte contre les abandons et maltraitances, il est impératif de penser aux différentes solutions disponibles. La stérilisation peut en être une mais cela doit être confirmé et adapté à chaque animal. L’implant contraceptif est ainsi une bonne alternative pouvant convenir à une partie des propriétaires de par son caractère temporaire, réversible et non invasif. Néanmoins, il est recommandé de discuter avec un vétérinaire pour trouver la meilleure solution pour l’animal et son propriétaire.
¹ Enquête réalisée en 2021, auprès de 204 propriétaires ayant abandonné leur chien en France
² Étude réalisée du 14 au 15 décembre 2022 par OpinionWay auprès d’un échantillon représentatif de 1011 personnes de la population française de 18 ans et plus, dans la catégorie Mutuelles spécialisées pour les animaux
³ Maarschalkerweerd RJ, Endenburg N, Kirpensteijn J, Knol BW. Influence of orchiectomy on canine behaviour. Vet Rec. 1997 Jun 14;140(24):617-9.
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