Parmi les différentes techniques de pêche, il existe celle de la pêche au vif qui consiste à empaler un vertébré vivant – souvent un poisson – sur un hameçon afin d’attraper un prédateur.
Pour les poissons utilisés comme appâts, leur sort consiste à être manipulé (ce qui implique le temps de l’opération : suffocation, écrasement des organes et atteinte à la muqueuse externe), crochetés d’un ou de deux hameçons à travers la bouche, le flanc ou le dos, voire transpercés au moyen d’une aiguille en acier puis lancés à l’eau et maintenus à la vue des prédateurs, sans la possibilité de pouvoir aller se réfugier, jusqu’à se faire dévorer par la nouvelle prise du pêcheur.
Ce style de pêche est dénoncé par les associations de protection animale mais également jugé cruel par un certain nombre de pêcheurs.
En effet, l’utilisation d’un poisson pleinement conscient comme appât est considérée comme un mauvais traitement de l’animal par une grande partie de la société.
La pêche au vif est d’ailleurs déjà interdite dans plusieurs pays comme par exemple aux Pays Bas, en Allemagne, en Autriche (dans la majorité des Länder), en Ecosse, en Irlande (en eau douce) et en Suisse.
En tant que vertébré, les poissons relèvent du champ d’application de la loi sur la protection des animaux.
Du point de vue juridique, il existe donc aujourd’hui, en principe, une égalité fondamentale des poissons et des autres vertébrés.
Sur cette base, la pratique de la pêche au vif n’est de ce fait plus conforme avec le droit et le respect dû à l’animal réglementés à travers différents codes[1].
La nécessité de l’utilisation d’un poisson appât est d’autant plus remise en cause du fait de l’existence de méthode alternative comme l’utilisation de leurre ou bien du mort manié.
Ce problème est relayé en politique depuis 2018 par des questions écrites au gouvernement[2], des pétitions initiées par l’association PAZ afin de demander aux enseignes de ne plus vendre d’appâts vivants pour la pêche[3] et en 2023 une proposition de loi visant l’interdiction de cette pratique a été déposée à l’Assemblée nationale[4].
En interdisant cette pratique qui ne se justifie plus, la France reconnaitrait à son tour la valeur intrinsèque de l’animal, des avancées scientifiques démontrant la capacité à souffrir des poissons[5] et se préservera également du danger d’introduction d’espèce de poisson indésirable ou malade qu’induit cette pratique.
[1] Les atteintes volontaires à la vie d’un animal sont réprimées par l’article Art.R 655-1 du code pénal 17 : « le fait, sans nécessité, publiquement ou non, de donner volontairement la mort à un animal domestique ou apprivoisé ou tenu en captivité est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 5ème classe » L’article L214-1 du code rural et de la pêche maritime reconnait l’animal comme un être sensible qui doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce et la réforme du code civil du 16 février 2015 apporte également une cohérence juridique entre les codes
[2] Question écrite n°18550 Assemblée Nationale de Mme Claire O’Petit
questions.assemblee-nationale.fr/q15
[3] zoopolis.fr/petition-pour-que-decathlon-cesse-de-vendre-des-poissons
[4] assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1825_proposition-loi#
[5] JJ Beukema « angling experiments with carp » Netherland journal of zoology et « the evidence for pain in fish » Lynne U. Sneddon, Roslin institute.
Pauline Allier
Gérante de ferme partenaire pour l'OABA