La Cour des comptes appelle à réduire le nombre de bovins dans les cheptels afin de lutter contre le réchauffement climatique : la Révolution Écologique pour le Vivant (REV) salue cette prise de position qui donne raison à ses arguments mais elle en profite pour rappeler qu’à terme, il conviendra de supprimer totalement les élevages pour la viande.

Il faut réduire notre consommation de viande : à part chez les éleveurs, ce constat fait désormais l’unanimité, au point que la Cour des comptes émet maintenant elle aussi cette préconisation. Elle évoque des “crédits à la reconversion” pour les éleveurs ou des “réductions importantes des cheptels” : nous ne pouvons qu’acquiescer puisque le programme de la Révolution Écologique pour le Vivant (REV) porte précisément ces mesures.

Avant la Cour des comptes, les experts du GIEC avaient déjà présenté le régime alimentaire végétalien comme le plus favorable à une réduction des émissions de gaz à effet de serre[1]. Des chercheurs de l’IDDRI[2] et du CNRS[3] s’étaient accordés sur la même préconisation , tout comme l’ADEME[4], la Chaire UNESCO[5] ou l’IATP[6].

La nécessaire végétalisation de notre alimentation repose sur des faits scientifiques : le secteur de la viande est l’un des plus grands responsables du réchauffement climatique, qui représente à lui seul 14,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre[7]. Avec 70% des surfaces agricoles mondiales destinées, directement ou non, à l’élevage[8], cette activité contribue également au déclin de la biodiversité, à l’assèchement des sols et au pillage des ressources naturelles. L’élevage entraîne aussi la pollution des nappes phréatiques par un phénomène d’infiltration d’eaux contaminées aux nitrates et aux phosphates, dû notamment aux engrais chimiques et aux pesticides. Ces mêmes produits phytosanitaires, utilisés massivement dans la plupart des cultures qui servent à nourrir les animaux d’élevage, sont la première cause de disparition des insectes pollinisateurs[9]. En outre, l’exposition de la population à ces produits accroît les risques de développement de maladies[10]. Par ailleurs, la viande peut entraîner des problèmes de santé publique, que ce soit via la concentration d’animaux, sources de zoonoses, ou du fait de la consommation alimentaire, qui augmente les risques de certains cancers et de maladies cardiovasculaires.

Au titre de ces arguments écologique, sanitaire et économique, la fin des élevages intensifs, souhaitée par plus de 80% des Français[11], est une mesure prônée par la NUPES que nous défendons à l’Assemblée nationale. Mais la REV demande de voir encore plus loin. Car nous ne pouvons exclure de notre réflexion la dimension éthique. Or, ce sont précisément des considérations éthiques qui amènent à la conclusion que nous ne pourrons nous contenter de diminuer la quantité d’animaux tués chaque jour dans les abattoirs. Un jour, nous devrons nous résoudre à supprimer totalement la viande de nos assiettes. Extrémisme ? Non, logique.

« Aurions-nous moins de considération pour les êtres que pour les choses ? »

Nous, humaines et humains, n’avons pas besoin de viande pour vivre. C’est un fait. Dès lors, comment justifier que nous sacrifiions des vaches, des cochons ou des poulets, animés du même vouloir vivre que nous-mêmes, au simple motif que nous aimons nous en nourrir ? Puisque nous pouvons remplacer les nutriments que nous apporte la viande par des nutriments végétaux, pourquoi poursuivre à la pelle la production de souffrances et de morts absolument vaines ?

D’aucuns expliquent que la satisfaction gustative qu’ils éprouvent à mastiquer de la chair animale justifie à elle seule l’indispensable existence des abattoirs. L’argument du plaisir n’a pourtant aucune validité morale, et aucun tribunal ne l’accepte. Or l’écologie véritable est une écologie qui place l’éthique au cœur de ses choix. Lorsque l’écologie, au nom de la préservation des ressources de la planète et de la lutte contre le réchauffement climatique, nous recommande de cesser de consommer des biens dont la fabrication est problématique et dont l’usage n’est pas indispensable à notre bonheur ou notre survie, nous l’entendons parfaitement. Nous acceptons devoir renoncer au plaisir égoïste, superficiel et destructeur que nous procurent les choses. Il serait pour le moins paradoxal que nous ne puissions entendre ce message lorsqu’il s’applique non plus à des choses, mais à des êtres. Or l’écologie nous recommande de cesser de consommer des êtres dont le destin est problématique et dont l’absorption n’est pas indispensable à notre bonheur ou notre survie. Aurions-nous moins de considération pour les êtres que pour les choses ? C’est bien le cas aujourd’hui, et là réside notre folie.

Le programme de la Révolution Écologique pour le Vivant prévoit à terme davantage qu’une diminution du nombre d’animaux élevés et tués pour nos repas. Il préconise la fin des élevages d’animaux destinés à la consommation. Cet objectif est ambitieux, irréaliste même selon certains, mais nous l’assumons et le posons comme un horizon. Il est l’un des piliers d’un projet politique révolutionnaire qui a pour particularité de s’interroger sur nos devoirs à l’égard de toutes les acceptions du vivant. Notre écologie, radicale, est une écologie éthique, et l’éthique ne peut cautionner les contradictions et les demi-mesures.

[1] ipcc.ch/report/srccl

[2] iddri.org/fr/publications-et-evenements/etude/une-europe-agroecologique-en-2050-une-agriculture

[3] cnrs.fr/fr/une-agriculture-biologique-pour-nourrir-leurope-en-2050

[4] librairie.ademe.fr/cadic/6531/transitions2050-rapport-compresse.pdf

[5] chaireunesco-adm.com/Une-ecologie-de-l-alimentation

[6] grain.org/article/entries/5997-emissions-impossibles-comment-les-grandes-entreprises-du-secteur-de-la-viande-et-des-produits-laitiers-rechauffent-la-planete

[7] greenpeace.fr/elevage

[8] FAO, 2006

[9] lejournal.cnrs.fr/articles/pourquoi-les-abeilles-disparaissent

[10] sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/pesticides/article/effets-sur-la-sante-d-une-exposition-a-des-pesticides

[11] 30millionsdamis.fr/actualites/article/23424-salon-de-lagriculture-2023-les-francais-prets-a-changer-de-modele-delevage


Le bureau de la Révolution Écologique pour le Vivant
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Parti politique écologiste et antispéciste

2 commentaires

  • Gaston F.

    23 août 2023 à 13h18

    Ne vous fatiguez pas à vouloir redonner une définition de ‘l’écologie’ (votre écologie), à chercher des arguments tous moins convaincants les uns que les autres.
    assumez votre statut d’animaliste : interdisez la consommation de viande, interdisez les animaux de compagnie, interdisez toute interaction avec le monde du vivant : rongeurs, insectes, bactéries.
    Vivement que la science démontre que les carottes ont une sensibilité, vous n’aurez plus rien à manger!!

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  • éthique et tac

    18 juillet 2023 à 23h35

    “l’éthique ne peut cautionner les contradictions et les demi-mesures.”

    Donc plus d’ordinateurs pour faire la morale ?
    Oula, pas si vite les gars !

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