« Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était et aie confiance en ce qui sera » Bouddha
En tant que psychologue spécialisée dans le deuil animalier je vois régulièrement des personnes à mon cabinet ou en ligne qui ont perdu un animal.
Souvent, ces personnes sont gênées lors du 1er contact et prennent de multiples précautions avant d’en parler… » je sais que c’est ridicule, mais… » , « je sais que ce n’est qu’un animal, mais… ». Bien souvent, à l’origine de cette gêne on peut retrouver l’ entourage qui a mal accueillis ou maladroitement accueillis leurs propos… C’est ici une des grandes différences avec le deuil d’un être humain : l’ incompréhension de la société.
Pourtant, il est important de souligner que c’est l’intensité du lien que l’on a avec un être qui se reflète dans la douleur de sa perte. Que ce soit un animal, un être humain, l’intensité du lien peut-être identique et la douleur tout aussi importante. L’amour et les émotions n’ont pas de logique et ne s’occupe pas de la catégorie de ce qui est aimé ou pourquoi.
Dans le deuil animalier, ce n’est donc pas la catégorie à laquelle appartient celui qui est parti qui est importante, c’est le lien qui s’était créé entre les deux êtres. Des personnes auront parfois cette phrase maladroite : mais ce n’était qu’un chat, ou un chien, ou un lapin… il ne voit alors que la catégorie, l’espèce de celui qui est parti et non pas, le plus important, le lien qui s’était créé entre cet animal et son humain.
Aujourd’hui, pour de nombreuses personnes l’animal est un membre de la famille, ou parfois il tient la place d’un enfant et dans certaines situations il peut représenter absolument tout..
L’animal offre un amour inconditionnel, le lien qu’il crée, lorsqu’il est réciproque est toujours intense.
Ensuite selon les personnes, les situations et le lien créé, le deuil va se faire avec plus ou moins de facilité et dépendra de multiples facteurs. Chaque deuil est unique.
La personne vit-elle seule ou a-t-elle d’autres piliers dans sa vie autour d’elle : autres animaux, humains, qui sont importants pour elles ? Comment était la relation avec l’animal disparu : fusionnelle, proche, amicale ? Lâche-t-elle facilement prise en cas de perte, séparation dans sa dynamique de vie ou a-t-elle du mal à faire cela en général vis-à-vis des personnes voir même des objets ou des situations… ? Tous ces facteurs vont entrer également en ligne de compte.
Régulièrement, lorsqu’un deuil est freiné, difficile voire bloqué, ce sont des émotions de colère ou de culpabilité que l’on retrouve au 1er plan et qui empêche en quelque sorte le processus de digestion classique.
La culpabilité et son cortège de et si… et si j’avais fait autrement, et si j’avais vu plut tôt son état….
Comme l’animal ne parle pas, le poids va reposer plus intensément sur son humain que pour un deuil classique. Surtout dans les cas des euthanasies qui laissent les personnes dans l’incertitude de ce que l’animal aurait souhaité et qui sont régulièrement source de beaucoup de culpabilité…
En ce qui concerne cette souffrance, la bonne nouvelle c’est qu’aujourd’hui il existe des techniques qui n’étaient pas proposées il y a encore une quinzaine d’années au niveau thérapeutique. Je veux parler ici particulièrement de l’EFT (technique de libération émotionnelle).
Des techniques qui vont venir travailler directement sur ces émotions compliquées pour aider justement accueillir et accéléré ce processus de digestion.
Le processus du deuil va suivre sa route normale, mais il va être facilité et accéléré à ses débuts, pour passer le cap le plus difficile
Les séances avec moi sont en 2 phases :
- Une 1re séance ou la personne va évoquer son deuil, mettre des mots et expliquer sa relation et les circonstances du décès avec son animal
- Une 2e séance, ou grâce à des outils thérapeutiques comme l’EFT, je vais travailler sur les émotions difficiles : colère, culpabilité, angoisse, tristesse…
Déjà après cette 2e séance la personne se sent mieux et va pouvoir constater des changements concrets dans son quotidien….
Par exemple :
- Cette photo de son animal que la personne ne pouvait plus regarder sans pleurer, va redevenir neutre voir même source de joie
- Les images qui revenaient par vagues du corps de l’animal, de l’euthanasie ou des événements négatifs ne vont plus tourner en boucle. Il ne restera alors que les bons souvenirs au 1er plan. Et même si elle repense à ces moments douloureux, ils sembleront plus loin plus légers…
- Les émotions comme la colère, la culpabilité auront largement diminué ou auront disparu…
Ici l’objectif n’est pas d’oublier son animal, bien au contraire. La mémoire garde tous les événements en mémoire, mais ce sont les émotions négatives qui sont libérées. Du coup les émotions positives telles que les bons souvenirs, les moments de joie avec l’animal pourront revenir sereinement au 1er plan…
Ce travail peut également se faire en amont, quand vous savez que votre animal va mourir ou pour vous préparer à une euthanasie par exemple… Cela peut se faire avant, pendant, après…
Dans le deuil animalier il y a également la question des enfants et adolescents pour les parents ou de l’aide aux proches : comment leur annoncer ? que dire ? Que faire ? C’est pourquoi j’ai créé un service de questions/réponses autour du deuil qui permet d’être guidé par une professionnelle pour ce type de situation.
Mon objectif est d’aider les personnes à lâcher ce qui n’est plus pour accueillir de nouveau ce qui vient…
Pour conclure, comment sait-on que le processus de deuil est achevé ? : lorsqu’on regarde en arrière et que l’on ne voit que les liens et la joie et non plus la peine et la douleur…
Frédérique Blot
Comportementalise Félin / Thérapeute en deuil animalier / Naturopathe animalier
2 commentaires
Verneaux Myriam
4 novembre 2023 à 3h33
Jamais je ne ferai le deuil (d’ailleurs je déteste cette expression) du départ vers les étoiles de mon Babouche que j’ai endormi le 22/02/2022 et qui allait avoir 22 ans en juillet 2022 que j’ai eu à l’âge de 2 mois et qui était le centre de ma vie. Aujourd’hui j’ai adopté Milo, encore un chat de la rue, totalement différent mais que j’aime déjà et qui m’a sauvé la vie.
Le canardonaute
17 octobre 2023 à 14h47
Merci pour ce bel article, plein d’empathie et d’espoir.
Ma minette nous a quitté voilà 4 ans maintenant, après 16 ans de vie commune, et ça a vraiment été une des épreuves les plus difficiles de ma vie.
Il m’a fallu presque 3 ans avant de sortir de mes idées noires, et je sais aujourd’hui que sa disparition restera une plaie à jamais ouverte en moi.
Je me suis fabriqué un pendentif avec une griffe morte que j’ai récupérée derrière un meuble, et que j’ai emprisonnée dans une larme de résine. De cette façon, elle est toujours près de mon cœur.
Je lui ai dédié une page sur le site cimetière virtuel pour chat où je lui écris parfois, et je retourne tous les ans sur le lieu où j’ai dispersé ses cendres, pour faire mon petit mémorial.
Une chose est sûre : je l’aime comme un membre de ma famille…