« Le souffle de l’ombre
Elle passe sans bruit sous la roche statutaire.
Elle est comme le temps : sans trace, ni repos.
« Tout passe, tout coule, tout s’écoule », disait Héraclite comme pour décrire la panthère.
Elle va, reflet d’un songe dans un jardin de glace.
Le paysage, par une étrange illusion d’optique,
Semble se résorber tout entier dans son corps
Ce n’est plus la panthère qui est camouflée dans le paysage,
Mais le monde qui s’est incorporé à elle. »
Sylvain Tesson
J’ai traversé mes soixante et onze dernières années sans m’en apercevoir. J’ai cheminé avec les histoires humaines heureuses ou dramatiques comme chacun d’entre vous (nous tous) le fait. L’ordinaire humain en quelque sorte…
Mais du plus loin que je m’en souvienne, j’ai toujours eu une boule de poils passant furtivement dans mes jambes, un museau baveux quémandant la dernière meilleure bouchée de mon assiette, un regard attentif à mes larmes, un air ronronnant à mes oreilles, un souffle encourageant derrière ma mauvaise foulée dans le bois… comme des frères accompagnant mon chemin caillouteux d’enfant, puis de femme.
Le temps passe, coule, s’écoule. Et puis…
Sortie de la pénombre d’une mauvaise nuit sans sommeil, une télévision habille la chambre et le petit matin, de ses bruits de fond.
Une jeune femme à l’écran attire mon cerveau endormi.
C’est Hélène Thouy.
Calmement, elle crève l’écran. Au travers du combat qu’elle mène contre l’abomination humaine vis-à-vis des animaux, elle dit les mots cachés dans le paysage de ma vieille conscience humaniste.
Cette interview fait défiler 4 minutes 30 de souffrance, des images chocs d’abattage. Elle rapporte des faits exceptionnels qui ne sont pas de simples actes de maltraitance mais qui dénoncent bien le caractère sadique des hommes à l’égard des animaux.
Le procès (qualifié « de la cruauté » par toute la presse) qu’elle a conduit brillamment, a débouché sur un jugement qui semble être vraisemblablement une première étape d’un bien plus grand combat. La preuve, une mise en place d’une commission parlementaire préconisant 65 mesures en a découlé.
Ce matin-là, mon réveil est brutal. Car tout fait écho au souvenir familial par rapport à une certaine extermination ; c’est comme un mauvais cauchemar dont il faut s’extirper.
A la suite de ce réveil, je me suis imposé des mesures personnelles pratiquement immédiates :
- Je cherche à réduire la consommation des produits animaliers
- Je sélectionne l’origine de ceux que j’achète
- Je veille à la composition de nos vêtements
- J’argumente pour que ma mère puisse garder auprès d’elle son animal dans la maison de retraite qui l’accueille
- J’adhère à des associations pour la protection et la défense des animaux
- Je fais des maraudes pour faire stériliser les animaux errants
- Je milite contre la chasse
- J’essaye d’accompagner des jeunes enfants vers les attitudes favorables aux animaux…
La question reste « est-ce suffisant ? ».
Bref, je déploie toute mon énergie dans des actions individuelles pour me dédouaner compulsivement de la culpabilité de mes congénères humains qui, dans le même temps, multiplient leurs exactions envers les animaux à travers le monde.
Comment font-ils pour ne pas s’apercevoir qu’ils infligent leur torture aux animaux comme ils s’infligent à eux-mêmes des tortures identiques dans tous ces conflits mondiaux… ? Répétant indéfiniment le même processus destructif.
L’illusion de la connaissance serait-elle pire que l’ignorance qui s’assume.
L’ampleur de la souffrance animale nous cerne de plus en plus. Le temps des présidentielles arrive. Le temps d’imposer la question animale dans le champ politique est venu aussi.
Je n’ai jamais fait de politique. Mais, même si tu ne te mêles pas de la politique, un jour la politique se mêle de toi. Je surveille de loin l’évolution des co-fondateurs du Parti animaliste dont Hélène Thouy, depuis cette interview, est un des leaders emblématiques pour moi. Elle ne recueille que 139 signatures de maires. Elle n’est donc pas éligible à la candidature présidentielle…
Alors les législatives se profilent dans mon esprit. L’idée de l’action politique jaillit en moi pour contribuer à l’évolution du paysage politique français, tel que je le souhaite.
En effet, à l’inverse de tous les partis politiques concurrentiels, le programme du Parti animaliste atteste de la transversalité de la question animale, son éthique monothématique en traite tous les aspects en lien direct ou indirect (environnement, économie, emploi, santé, éduction, sécurité…).
Ma décision de candidater me permettra alors de trouver des solutions, non plus sur le plan individuel, mais bien en qualité de question de société. Ce programme répond à mes valeurs de justice, d’humanisme, de mon rapport à l’autre et pas seulement sur le plan humain, mais aussi animal.
Avec force et sagesse, je suis fière de défendre le programme du Parti animaliste dont les équipes sont intergénérationnelles et regroupent toutes les catégories socio-professionnelles.
Aujourd’hui, près de 430 candidats et suppléants couvrent le territoire pour les élections législatives 2022.
Irrémédiablement, nous sommes et nous serons unis pour faire valoir les droits des animaux au sein du Parti animaliste qui, notons-le, est bravement indépendant financièrement et politiquement.
Je suis convaincue que notre détermination permettra aux partis traditionnels de prendre la mesure des enjeux de la question animale et de la nécessité de s’en emparer pour y apporter des réponses significatives au regard de l’atrocité du sort subi par l’immense majorité des animaux au quotidien.
Avoir un rôle actif et pragmatique au sein du Parti animaliste,
- C’est pour moi porter un peu d’humanité au plus haut niveau de la politique en permettant une représentation à l’Assemblée Nationale
- C’est pour moi rendre la conscience à nos contemporains qu’agir pour les animaux, à quelque niveau que ce soit, c’est agir pour les hommes, leur devenir, la justice et le progrès.
Ce n’est plus l’animal qui devra se camoufler dans le paysage pour survivre. Mais c’est le monde qui devra s’incorporer à l’animal !
Sauver les animaux et nous sauver nous-mêmes…. Voilà les raisons qui m’ont tout simplement portée à candidater.
Michèle Pluéger
Suppléante d’Alexandra Scotto, dans la 8ème circonscription du Val de Marne