Céline Sissler-Bienvenu, Directrice du programme Secours d’urgence lors de catastrophes en Europe
Première Européenne diplômée de l’École de Faune de Garoua, Cameroun
Céline Sissler-Bienvenu a construit sa carrière autour d’une passion née dans l’enfance, celle de la faune et de la flore. Après des études à l’Université de Jussieu à Paris, où elle obtient une Maîtrise de Sciences naturelles, elle intègre l’École de Faune de Garoua, au Cameroun. C’est lors d’une émission animée par Allain Bougrain-Dubourg qu’elle découvre cette école paramilitaire qui forme des spécialistes de la faune. Or l’école est uniquement réservée aux Africains et son accès lui est tout d’abord refusé. Pendant deux ans, Céline Sissler-Bienvenu va persister, écrire, expliquer sa motivation. Sa ténacité va payer, elle sera la toute première européenne admise et diplômée de l’École de Faune de Garoua.
Ses deux années de scolarité à Garoua bousculent sa vision des choses. Loin des plaisants reportages animaliers qui berçaient son enfance, elle découvre dans cette école la rudesse du travail sur le terrain et le bien-fondé de l’approche paramilitaire, non pas tant en termes de discipline que de capacité à être autonome et à se dépasser dans des conditions extrêmement difficiles. Elle y découvre et apprend la gestion des parcs et réserves, les dispositifs de lutte anti-braconnage ainsi que l’importance d’intégrer à cette lutte les populations locales, en faisant de l’éducation environnementale et en prenant en considération leur culture.
Elle sort major de sa promotion et rentre en France, rejoignant tout d’abord l’Office National de la Chasse et de la Faune sauvage (devenu aujourd’hui l’Office Français de la Biodiversité, OFB) où elle étudie la pression de chasse sur les oiseaux d’eau migrateurs entre l’Afrique et l’Europe. Elle intègre ensuite la Fondation Brigitte Bardot en tant que responsable des actions internationales et directrice du bureau Europe de l’Est.
L’engagement au sein d’IFAW, profondément en phase avec ses convictions
Céline rejoint IFAW en 2006. Elle est en phase avec la raison d’être de l’ONG, qui émane de la conviction que les animaux et leurs habitats possèdent une valeur intrinsèque unique, outre le fait qu’ils sont essentiels au bien-être humain. Dans les zones rurales comme dans les espaces urbains, IFAW s’efforce de comprendre la nature et les différentes menaces qui pèsent sur les animaux, avant d’élaborer des stratégies pour y faire face à court et à long terme, impliquant notamment les communautés locales qui sont, selon elle, le premier front pour défendre les animaux près desquels elles vivent. Un modus operandi conforme à sa formation.
Profondément attachée au bien-être des animaux, elle est, depuis plus de 17 ans au sein de l’ONG, de tous les combats pour protéger les espèces en danger. Directrice France et Afrique francophone d’IFAW jusque fin 2021, elle participe aux programmes Conservation des habitats et Criminalité liée aux espèces sauvages, en particulier en Afrique francophone sub-saharienne où elle a collaboré activement à l’élaboration de programmes éducatifs afin de réduire les conflits homme-éléphant et d’encourager une coexistence pacifique entre les pachydermes et les humains. A ce titre, en 2014, à la demande des autorités de Côte d’Ivoire, elle pilote le déplacement d’éléphants de forêt vers une zone plus sûre du pays. Elle a également apporté une contribution importante aux efforts conjoints des bureaux européens d’IFAW qui ont mené à l’interdiction de l’importation de produits dérivés de phoques, un progrès crucial dans la lutte contre la chasse aux phoques au Canada. Elle a également participé activement à la lutte contre le commerce illégal d’ivoire et contre la criminalité faunique en France et en Europe mais aussi sur le terrain, en oeuvrant, en 2012, au Cameroun, à l’arrêt du braconnage de centaines d’éléphants dans le parc national de Bouba Njida
Son nouveau combat : mettre en œuvre, au niveau européen, des réponses adaptées pour venir au secours des animaux lorsqu’une catastrophe survient et convaincre les gouvernements et les autorités en charge de la gestion des catastrophes en Europe de la nécessité d’intégrer les animaux dans tous les plans et politiques de gestion des catastrophes (préparation, évacuation et accueil).
Depuis plus de deux ans, Céline Sissler-Bienvenu s’est lancé un nouveau défi, celui de déployer, au plan européen, le programme « Secours d’urgence lors de catastrophes ».
Ce programme a été initialement développé au sein de l’ONG dans des régions considérées à risque telles que l’Asie du Sud-Est, l’Inde ou les États-Unis. L’apparition ou la recrudescence de catastrophes dues, notamment, au réchauffement climatique, a incité IFAW à l’étendre à l’Europe. La guerre en Ukraine, les incendies hors norme chaque été, les inondations et les tempêtes de plus en plus sévères concrétisent de façon sidérante les enjeux de cette nouvelle mission. Ainsi Céline était-elle à pied d’œuvre avec son équipe pour fournir une aide d’urgence aux victimes oubliées : les animaux.
Le programme qu’elle pilote se compose de trois volets :
- Un travail de prévention et de réduction des risques avec les autorités gouvernementales et les communautés locales, en amont des catastrophes ;
- le déploiement d’urgence sur les zones sinistrées ;
- la reconstruction des habitats en aval de la catastrophe.
Enfin, Céline milite également à travers ses missions chez IFAW pour que le fait de nuire intentionnellement aux animaux en temps de conflit soit considéré comme crime de guerre, car les animaux peuvent être utilisés comme levier pour exercer une influence sur les personnes, briser leur moral et forcer leur obéissance ou soumission.
Mia Crnojevic-Cherrier, Chargée de campagnes cybercriminalité et lutte contre la criminalité faunique
Des droits de l’homme… à ceux des animaux
Mia Crnojevic-Cherrier est titulaire d’une licence en langues vivantes et études européennes de l’Université de Bath, au Royaume-Uni, et d’un Master spécialisé en droits de l’homme du University College London.
Dès ses premiers pas, Mia a toujours été accompagnée de plusieurs fidèles compagnons canins, et ce tout au long de sa vie. À tel point que ses amis et sa famille disent qu’elle a une affinité particulière pour les chiens. Son amour des animaux porte aussi sur la faune, où, lorsqu’elle a la chance de les observer dans leur véritable habitat, elle est toujours impressionnée par leurs capacités et leur beauté.
Une passion qui l’a conduite à s’intéresser très tôt aux ONG qui défendent ceux qui ne peuvent pas se faire entendre et à s’engager dans leur combat dès la sortie de ses études. S’il ne s’agit pas, à première vue, d’une voie évidente, la conservation de la faune correspond parfaitement à ce qu’elle recherchait. Mia a commencé comme militante pour la faune en 2013 et a fait campagne, depuis, sur divers projets. Elle lutte aujourd’hui, au sein de l’ONG IFAW, contre le commerce de l’ivoire et la cybercriminalité faunique. Elle développe également des solutions et des bonnes pratiques pour améliorer le traitement des animaux sauvages vivants confisqués en France.
Elle collabore avec les gouvernements, le secteur privé et les autorités pour assurer une approche plus holistique de la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages dans tous les secteurs, en combinant à la fois la conservation de la faune et le bien-être animal. Elle entretient également des relations stratégiques avec les décideurs politiques afin de faire progresser cette mission. Elle fait également partie de plusieurs groupes de travail menés par les autorités pour faire avancer ces questions.
1,8 tonne d’ivoire détruite le 28 novembre dernier
Mia a orchestré, fin 2023, une opération d’envergure visant à endiguer le commerce d’ivoire et à alerter l’opinion publique sur un trafic responsable de la mort de milliers d’éléphants chaque année. Cette opération, menée en partenariat avec l’OFB (Office Français de la Biodiversité), s’est déroulée à Reims le 28 novembre 2023. Des centaines d’objets et de défenses brutes ou travaillées, issues de dons de particuliers et du stock d’ivoire remis à cette occasion par la Douane, ont été détruits par broyage puis par combustion. En tout, 1,8 tonne d’ivoire représentant environ 180 éléphants qui ont été convoités pour leurs défenses pour en faire des articles de décoration. La quantité d’objets collectés montre l’importance de pérenniser à l’avenir un système sécurisé de collecte et de destruction de l’ivoire, pris en charge par l’État, ce pour quoi Mia Crnojevic-Cherrier mène campagne auprès des élus.
Aurore Morin, Chargée de campagnes conservation marine
La prise en compte du bien-être animal comme moteur personnel
Ayant grandi entourée d’animaux et fascinée par la vie sauvage, il est devenu évident très tôt pour Aurore Morin qu’elle dédierait sa vie à les protéger. Elle a ainsi effectué des études de droit pour apprendre les mécanismes existants autour de la conservation de la nature et des animaux et a consacré son mémoire de Master à la thématique des enjeux juridiques de la prise en compte du bien-être animal.
Une fois son Master 2 en Droit de l’environnement de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en poche, Aurore s’est mise en quête d’une place dans le monde des ONG de conservation animale et a débuté sa carrière comme chargée de campagnes relatives à la criminalité liée aux espèces sauvages chez IFAW, travaillant, notamment, à la mise en place d’une interdiction totale du commerce de l’ivoire au sein de l’Union européenne.
Son combat pour que les baleines puissent vivre dans un océan plus sûr et plus silencieux
Aurore travaille désormais au sein du programme Conservation marine d’IFAW et dirige une campagne baptisée “Blue Speeds” (“Vitesses Bleues”), visant à réduire la pollution sonore sous-marine d’origine anthropique et le risque de collision avec les navires pour protéger les mammifères marins. La croissance importante du secteur maritime de ces vingt dernières années a en effet augmenté les impacts environnementaux y étant associés. Le bruit sous-marin a des conséquences néfastes pour les espèces marines, comme les mammifères marins, mais aussi les poissons, les crustacés et les invertébrés. De nombreuses baleines sont également tuées suite à des collisions avec des bateaux naviguant à des vitesses importantes.
La campagne Vitesses Bleues s’appuie sur une étude menée par le cabinet d’études indépendant CE Delft pour IFAW, présentée en octobre 2022 au Parlement européen, dont les conclusions démontrent qu’une réduction de vitesse de l’ensemble des navires commerciaux empruntant les eaux européennes permettrait de minimiser la pollution sonore sous-marine due au transport maritime, de réduire les risques de collision avec des cétacés et de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de ce secteur de manière significative. IFAW milite pour que la vitesse de navigation moyenne soit abaissée de 5 à 10% environ en fonction du type de navire, une concession relativement mineure pour le secteur de la navigation mais dont l’impact positif serait considérable pour l’environnement.
L’équipe IFAW dédiée à cette campagne, menée par Aurore, collabore à cette fin avec l’Union européenne et l’industrie maritime. IFAW invite le grand public à porter cet appel à travers une pétition mise en ligne sur bluespeeds.org, qui a déjà recueilli plus de 90 000 signatures.
IFAW
Le Fonds international pour la protection des animaux est une organisation mondiale à but non lucratif qui aide les animaux et les hommes à cohabiter harmonieusement.