Dans son nouvel ouvrage, « Âmes et animaux » (Ed. Fayard) disponible depuis ce mercredi 27, Arno Klarsfeld nous replonge au cœur du premier confinement, une expérience sans précédent qu’il a partagée avec ses parents, Serge et Beate. Il y livre ses réflexions, ses états d’âmes et surtout, son envie de faire avancer la cause animale par le biais d’histoires fictives mêlant l’humain aux animaux.
Votre livre a été écrit pendant le premier confinement sous la forme d’un journal, un format permettant aux lecteurs de mieux s’immerger dans votre quotidien et celui de vos parents. Écrire vous a-t-il permis de mieux vivre cette crise sanitaire ?
J’avais de la compagnie entre mes parents et mes animaux. Pendant cette période, je me suis beaucoup plongé dans les dossiers du Conseil d’Etat mais écrire m’a aussi permis de m’occuper. Ça a été une sorte d’échappatoire, un mode d’évasion. Il ne se passait pas grand-chose au quotidien mais trouver et rédiger une nouvelle chaque jour me prenait du temps. C’était une discipline.
Quand j’y repense, le premier confinement a été un moment heureux parce qu’il s’est terminé favorablement. J’ai apprécié ce retour en enfance et aux valeurs essentielles. J’espère que ça continuera en ce sens. Malheureusement, les fins sont toujours tragiques, c’est triste mais je touche du bois. J’espère que mes propres parents n’auront pas de problème de santé. Ils ont été parmi les premiers vaccinés. J’ai fait ce qui fallait.
« Âmes et animaux » est agrémenté d’une trentaine d’histoires mêlant l’humain à l’animal. Sont-elles toutes issues de votre imagination ou vous-êtes-vous inspiré de votre histoire ou de celle de certaines de vos connaissances pour les écrire ?
Il y a du vécu dans chacune de mes nouvelles, certaines plus que d’autres. On se raccroche toujours à sa propre expérience. Ce sont soit des histoires qui nous appartiennent, soit, des histoires lues ou vues à la télévision lors de reportages ou documentaires. On les modifie en changeant le récit et les personnages. On les agrémente avec sa propre personnalité. J’espère que les lecteurs y percevront ma sensibilité et ma touche d’humour. Ce livre a pour mission de les faire voyager mais aussi de les amener à réfléchir, notamment sur la condition animale.
Vous couchez sur feuille votre envie de faire avancer la cause animale. C’est la première fois qu’un de vos ouvrages met en lumière ce combat de toujours. Pourquoi le faire maintenant ?
Les animaux sont présents dans tous mes livres mais pas de la même manière. Par le passé, j’ai aussi écrit des articles à ce sujet dans divers journaux, j’en ai parlé à la télévision. Cette cause me tient à cœur et fait partie de moi. Je voulais écrire un livre sur cette problématique depuis longtemps. Un roman. Mais écrire un grand roman est compliqué car il doit saisir toute l’époque dans laquelle on vit. Finalement, pendant le confinement, c’est par le biais d’un journal que je l’ai fait.
La cause animale touche davantage de monde aujourd’hui. Il y a 10 ans, on se moquait de moi lorsque je l’évoquais. Maintenant, un peu moins et je crois que ça n’ira qu’en s’améliorant dans le monde occidental. Il y a une tendance qui vient des associations. Beaucoup de facteurs poussent la population à manger moins de viande car l’élevage est à la fois source de déforestation, d’émission de CO2 et de beaucoup de souffrances. Mais cette tendance pourrait être égoïste car elle vient aussi d’un besoin de se préserver. En préservant la planète, on préserve son cadre de vie.
Nous sommes dans un monde relativement en paix malgré la pandémie. Les gens sont de plus en plus attachés aux animaux, ils sont plus sensibles. Ils voient en eux un peu plus de conscience et d’humanité. En revanche, s’il y avait une guerre nucléaire ou si les vikings venaient à débarquer à nouveau pour tuer tout le monde, je pense que l’amour des animaux prendrait une place différente, plus secondaire.
Votre amour pour vos parents transparaît également beaucoup. Ont-ils joué un rôle dans votre lutte en faveur des animaux ?
Nous avons toujours vécu avec des animaux. Des chats, des chiens et même un petit singe ramené par mon père du Brésil. Ils ont toujours été considérés comme des membres de la famille. J’étais traité comme eux, peut-être même un peu moins bien (rire). Les animaux ont une conscience, ça a toujours été une évidence pour nous.
Aujourd’hui, les mentalités évoluent, le rapport des consommateurs à la viande change. Nul besoin d’élever des vaches pour les massacrer sans pitié. Il existe d’autres moyens de trouver des protéines. Il faut juste se montrer tolérant car ce changement ne peut avoir lieu du jour au lendemain. L’homme mange de la viande depuis tellement de temps. Il faut convaincre pour éviter de se tourner vers le terrorisme animal.
Quel est votre position quant au statut juridique des animaux ?
Ce n’est pas la peine d’inscrire dans la constitution le droit à l’environnement, il y figure déjà à l’inverse du droit des animaux. Il faut leur accorder une reconnaissance constitutionnelle. Cela mettrait fin à des pratiques barbares et inutiles comme la chasse à courre ou la corrida. On peut faire « Olé » sans avoir à tuer le taureau. Les adeptes défendent la tradition mais ces pratiques gagneraient à être supprimées car ce que l’on perdrait en tradition, on le gagnerait en humanité. Certains sudistes pourraient dire que pendre les noirs dans le sud des États-Unis était une affaire de tradition, non c’était un mal. La France, elle, a aboli la peine de mort, je ne vois pas la raison pour laquelle on devrait laisser un cerf innocent se faire dévorer vivant pour le plaisir de traditionnalistes sans cœur.
Que pensez-vous de la proposition de loi, examinée actuellement à l’Assemblée nationale, visant à renforcer la lutte contre les abandons et la maltraitance animale ?
C’est une bonne chose mais c’est facile car tout le monde est d’accord. Il n’y a pas d’opposition. Personne ne prendra la parole en disant : « laissez-moi abandonner ou maltraiter mon chien ». En revanche, lorsqu’il s’agit de sujets tels que la corrida, la chasse à courre, l’abattage rituel où les oppositions sont dures, le gouvernement n’écoute pas car il ne veut pas s’engager. En examinant cette proposition de loi, le gouvernement se donne bonne conscience mais sans vraiment vouloir changer les choses. L’opinion a basculé du côté de ceux qui souhaiteraient que ces activités disparaissent et pourtant, le gouvernement s’inquiète d’une ultra-minorité qui risquerait de faire du grabuge tellement leur passion est forte. Ce n’est pas très démocratique, ce n’est pas très gentil pour les animaux et ce n’est surtout pas très courageux.
Amandine Zirah
Rédactrice freelance
2 commentaires
Thierry Hely
27 janvier 2021 à 17h07
Bel article ! Et que l’on ne dise pas à Arno Klarsfeld et ses parents, “vous n’avez pas honte de vous occuper des animaux et pas des humains !”.
Merci à Arno d’avoir intégré la FLAC !
http://flac-anticorrida.org/serge-et-arno-klarsfeld-deux-generations-contre-la-corrida/?fbclid=IwAR2ByDHW_QIDac9bPQsgNlORVeUKMCUCrn8j00YHtK669BE1KPQ10mYnxW0
Lasseres
7 mars 2021 à 17h04
L’homme est destructeurs, de la vie animales pour les intérêts des sols, ont veux les connaitres pour les dominer, les feux de forêts font des mortalités, volontaires, 1 milliard d’animeaux mort aux Brésil. 100 avions 747 de 70,000litre d’eaux aux charge de tous les états suffiraient pour éradiquer les feux dans le monde.
Les éoliennes tue 400,000 oiseaux par ans.