Si le mot martyr pouvait consciemment s’appliquer aux bêtes, c’est celui qu’il faudrait employer.[…]. A la mémoire de nos chevaux, je demande une grande pitié de cœur, égale, dans la proportion de l’animal à l’homme, à celle que nous consacrons à nos soldats.
Henri Diffiné, septembre 1914
Les animaux, soldats malgré eux
Enrôlés en masse pour soutenir l’effort de guerre lors du premier conflit mondial, les animaux sont encore et toujours les grands oubliés de l’histoire. Pourtant sans eux pas de guerre de mouvement, pas de ravitaillement, pas de renseignements, pas de soins, de missions d’espionnage…S’ils ont souvent été évoqués par leurs compagnons de misère humains avec qui ils partageaient l’enfer du front et des tranchées, ils sont depuis les éternels oubliés des livres d’histoire et des hommages aux morts, lors des cérémonies du 11 Novembre.
Le rôle tenu par les animaux à poils et à plumes est toujours autant méconnu du grand public, qui ne retient que la souffrance des Poilus dans les tranchées, quand il n’a pas oublié purement et simplement l’existence de ce conflit du début du siècle dernier.
Chevaux, ânes, mules, mulets, chiens, pigeons, bœufs, chameaux et éléphants, toutes ces victimes de la folie humaine n’ont pas le droit au recueillement et au vœu pieux du « plus jamais ça »
Victimes, ils ne le sont pas dans l’inconscient collectif, un animal doit mourir pour l’homme. Le sang versé par ces millions de victimes importe peu. Tout a été très vite oublié après l’énorme service rendu à la nation.
Des monuments pour mémoire et reconnaissance
Les animaux ont été à la peine, ce n’est que leur rendre justice qu’ils soient mis à l’honneur lors des commémorations. Pourtant, la reconnaissance de la nation ne va pas de soi, pour bon nombre d’édiles locaux qui rechignent à élever des monuments ou à apposer des plaques rappelant les millions de victimes animales de ce conflit. Les raisons budgétaires sont vite mises à contribution pour masquer et justifier cette indifférence aux malheurs de ces innocentes victimes que l’homme a fait massacrer par millions.
Durant les années 1920-1925, ce sont près de 35 000 monuments aux morts qui sont érigés malgré les difficultés financières de la reconstruction. Rares sont les communes françaises qui ne possèdent pas un monument honorant les soldats humains tombés pour la France.
Quid des victimes animales dans tout ça ? rien ou presque, saluons tout de même les quelques exceptions comme le Mémorial des animaux de guerre situé sur Park Lane à Londres, qui rend hommage à tous les animaux morts sous le commandement britannique au cours de l’histoire ou encore celui érigé à Pozières par l’organisation australienne AWAMO ( Australian War Mémorial Organisation) qui milite pour la reconnaissance du sacrifice animal lors des conflits armés.
Paris sera-t-elle enfin au rendez-vous de l’Histoire ?
Une sublime occasion a été manquée par Paris de rendre un hommage vibrant pour les « soldats à quatre pattes » et à ceux à plumes, oubliés de ce conflit, lors des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale.
Durant ces 4 années de célébrations, un hommage aux équidés, aux chiens, aux pigeons tués lors de la Grande Guerre aurait pu être fait et ainsi réparer cette injustice de l’histoire.
Au lieu de cela, le silence, jusqu’à un revirement tardif de la ville de Paris et l’annonce d’un vote à l’unanimité pour l’édification d’une stèle en hommage aux animaux de guerre.
Les cérémonies du centenaire passées, le projet semble être cependant retombé depuis deux ans dans les oubliettes de la petite histoire des promesses politiques.
Guillaume Prevel
Conseiller régional Ile-de-France du Parti animaliste
Correspondant des Hauts de Seine du Parti animaliste
7 commentaires
Animatopie
12 novembre 2020 à 22h18
Bonjour,
Nous avons également un article publié sur le sujet dans notre newsletter, visible dans les archives. Votre article en est très complémentaire en dénonçant le silence des institutions face au sacrifice de tant d’animaux. Je vous mets le lien si intéressés : https://www.animatopie.com/archives
Merci pour votre engagement,
Animatopie
prevel guillaume
13 novembre 2020 à 13h22
Merci pour ce partage Animatopie
SYLVIE PATAKI
11 novembre 2020 à 14h06
Bonjour,
je ferai partie des personnes à respecter les 2 minutes de silence demain à 11 heures en l’honneur de tous ces animaux morts pendant la première guerre mondiale. Je pense tellement aux animaux qui souffrent dans leur chair aujourd’hui, mais je n’avais pas pensé à ceux tombés pendant la guerre. Ce sera chose faite demain. Merci pour cette proposition.
Sylvie
Prevel
11 novembre 2020 à 21h05
Merci à vous Sylvie.
Dominique BENET
11 novembre 2020 à 8h26
On se sert des animaux ; ils sont ensuite vites oubliés : guerres, vivisection, sauvetages en montagne, chiens de police et de douane. Pour bon nombres d’entre eux, des sanctuaires devraient être créés pour leur retraite. Pour les animaux utilisés pour l’expérimentation animale, les rescapés devraient être sécurisés dans des refuges. Des plaques commémoratives devraient enfin rappeler que des millions d’animaux sont morts pour la France. Pourtant, l’ humain, être inconstant, égoïste, frivole, se désintéresse de tout ce qui ne concerne pas sa petite personne, il oublie que lui aussi est un animal.
Lortic
10 novembre 2020 à 20h51
Bonsoir Guillaume
Merci de rappeler le sacrifice involontaire et monstrueux de milliers d’aniMaux dans cette guerre et dans d’autres
L’idee D’une ou deux minutes de silence pour eux demain me parait une bonne initiative
Peut-être pourrais-tu fixer une heure et que les défenseurs des animaux se manifestent sur les réseaux sociaux pour montrer que nous sommes tous solidaires contre l’exploit Des animaux
PREVEL
10 novembre 2020 à 22h05
bonsoir Lortic,
Demain à 11 heures, ce sera bien. Le cessez le feu de 1918 était à 11 heure…merci pour ta contribution et de ton hommage aux animaux morts durant ce conflit.
Amitiés
Guillaume