« Quand on supposerait même dans l’animal une grande légèreté d’épaule et de tête, une obéissance exacte, beaucoup de sensibilité, toute l’aisance et toute la franchise qu’il est possible de désirer, il serait toujours très dangereux de le soumettre fréquemment à de pareilles épreuves » Claude Bourgelat (1712–1779), écuyer et vétérinaire français, fondateur des premières écoles vétérinaires au monde.
Claude Bourgelat est le fils d’un riche commerçant lyonnais, d’abord avocat, il obtient, à 28 ans le brevet « d’écuyer du roi tenant l’Académie d’équitation de Lyon ». Il occupe cette fonction jusqu’en 1765, et publie un traité d’équitation en 1744, qui présente une nouvelle approche de l’art équestre.
Claude Bourgelat passionné de chevaux en profite pour relever les erreurs dans les connaissances anatomiques de l’époque et se lance dans des recherches en collaboration avec des chirurgiens de l’Hôtel-Dieu, Claude Pouteau et Jean Baptiste Charmetton, professeurs au collège de chirurgie de Lyon.
Cette collaboration va permettre à Claude Bourgelat de marquer la différence entre la démarche empirique et le raisonnement scientifique, de mettre en lumière la similitude entre la « machine humaine et la machine animale » et de saisir l’opportunité de créer le métier de « médecin des animaux ».
En 1750, il collabore avec L’encyclopédie de Diderot et D’Alembert, pour tout ce qui concerne l’art équestre et l’hippiatrique (forme ancienne de la médecine vétérinaire, concernant la santé du cheval depuis l’antiquité).
Devenu homme de sciences, il publie le tome 1 des « Eléments d’hippiatrique, ou nouveaux principes de la connaissance et sur la médecine des chevaux ». Dans les différents articles de l’ouvrage, Bourgelat cerne le mal de différentes pathologies, propose des remèdes alternatifs, décrit les blessures faites au pied du cheval par les maréchaux ferrants.
Dans le volume V, publié en 1755, il est précisé au sujet de Claude Bourgelat :
« L’encyclopédie vient de faire une excellente acquisition en la personne de M.Bourgelat, Ecuyer du Roi, chef de son Académie à Lyon et Correspondant de l’Académie des Sciences de Paris »
L’héritage légué par Bourgelat, ne s’arrête pas à la médecine animale, il lance les premières bases de la biopathologie comparée. En 1755, il écrit dans l’Encyclopéie de Diderot et D’Alembert :
« La médecine de l’homme est utile à celle du cheval et à celle du cheval réciproquement »
Il peut donc être considéré comme le pionnier du concept connu sous la formule actuelle, « une seule santé » (One Health). En fin connaisseur de la science vétérinaire et des chevaux, Claude Bourgelat rédigera 235 articles qui ouvriront la voie à des améliorations dans la prise en charge des animaux.
Les premières écoles vétérinaires au monde
En 1761, un arrêt du Conseil du Roi officialise la création de l’École vétérinaire de Lyon, qui ouvre ses portes en janvier 1762. Trois ans plus tard, une seconde école voit le jour à Maisons-Alfort, près de Paris. Ces deux établissements sont les premiers au monde à enseigner la médecine vétérinaire de manière académique, avec des cours théoriques et pratiques.
Ces écoles ne formeront pas seulement des vétérinaires français : elles deviendront des références en Europe et inspireront d’autres nations à structurer leurs propres systèmes de formation.
Aujourd’hui encore, les vétérinaires français prêtent un serment d’éthique inspiré du sien, appelé « Serment de Bourgelat »équivalent du Serment d’Hippocrate pour les médecins :
« Toujours imbus des principes d’honnêteté qu’ils auront puisés et dont ils auront vu des exemples dans les écoles, ils ne s’en écarteront jamais. Ils distingueront le pauvre du riche. Ils ne mettront point à un trop haut prix des talents qu’ils ne devront qu’à la bienfaisance et à la générosité de leur patrie. Enfin, ils prouveront par leur conduite qu’ils sont tous également convaincus que la fortune consiste moins dans le bien que l’on a que dans celui que l’on peut faire. »
« Je promets et je jure devant le Conseil de l’Ordre des Vétérinaires de conformer ma conduite professionnelle aux règles prescrites par le code de déontologie et d’en observer en toute circonstance les principes de correction et de droiture.
Je fais le serment d’avoir à tout moment et en tout lieu le souci constant de la dignité et de l’honneur de la profession vétérinaire. »

Claude Bourgelat, écuyer passionné, est reconnu non seulement comme le fondateur de la médecine vétérinaire moderne, mais aussi comme un pionnier de l’interdisciplinarité entre science, pratique et éthique.
Il est l’un de ces esprits éclairés du XVIIIe siècle qui ont su transformer une passion en discipline scientifique. En fondant les premières écoles vétérinaires et en posant les bases d’une médecine animale rigoureuse, il a laissé son empreinte dans l’histoire des sciences et du bien-être des animaux.

Guillaume Prevel
Conseiller régional Ile-de-France du Parti animaliste
Correspondant des Hauts de Seine du Parti animaliste