Ce samedi 14 juin 2025 à Senlis, la fête n’était pas au rendez-vous pour tous ! La ville de Senlis organisait une fête populaire et gratuite invitant le public à assister au défilé des équipages de vénerie. L’occasion pour le public de montrer son opposition à une pratique de chasse cruelle contestée encore par une actualité récente. Le porte-parole du Collectif AVA d’opposants à la chasse à courre a été mis en garde à vue. La question de la censure et des droits citoyens fondamentaux est posée.
Sommaire
- Une invitation officielle
- Une participation à l’invitation
- Une garde à vue
- Des garde-fous
1- Une invitation officielle
La ville de Senlis organisait une fête populaire puisque ouverte à tous et gratuite et invitait à venir suivre le défilé des équipages de vénerie. Des affiches étaient publiées et diffusées pour inciter le public à s’y rendre.
https://musees.ville-senlis.fr/senlis-fete-ses-forets-les-90-ans-du-musee-de-la-venerie
Information relayée de multiples façons y compris par la fédération des chasseurs départementale qui relaie publiquement l’invitation ainsi que les opposants à la vénerie.
Cette fête de la vénerie, pratique décriée par une grande majorité de la population selon les sondages, était donc l’occasion pour le public d’exprimer son opinion d’opposition.
2- Une participation à l’invitation
L’affiche officielle précise diverses animations dont « Le défilé des chiens et des équipages de vénerie en centre-ville | 11h | Musée de la Vénerie et centre-ville de Senlis ».
Les opposants à la cruauté de la vénerie ont choisi de se rendre visibles pour le défilé évitant de perturber les expositions d’artistes ou de s’exprimer à l’intérieur du musée.
L’information sur la présence du Collectif AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) était publique et connue des autorités puisque deux arrêtés le précisent, celui de la préfecture du 12 juin et celui du maire du 13 juin.
L’arrêté de la préfecture autorise l’utilisation de drones de surveillance et l’arrêté du maire interdit certains objets à risques.
3- Une garde à vue
La garde à vue aurait pour objet organisation d’un rassemblement illégal ce que qui est contesté au motif que les opposants se sont greffés à un évènement public des veneurs.
Les documents publics permettent de confirmer ces faits puisque :
D’une part, les affiches informatives de l’évènement ont été relayées par les veneurs et les opposants, invitant tout public à y participer ;
D’autre part, les arrêtés du préfet et du maire mentionnent la présence des opposants à la chasse à courre ce samedi 14 juin mais aucun arrêté d’interdiction n’a été pris et publié.
L’arrêté du maire indique :
« considérant la connaissance de l’organisation de manifestations non déclarées,
Considérant que ces circonstances font craindre des troubles à l’ordre publics,
Considérant les éléments d’information recueillis par les services de police et de gendarmerie relatifs aux risques de troubles à l’ordre public ou à la sécurité des personnes et des biens ».
Le maire interdit par cet arrêté une liste d’objets à risques mais pas la présence des opposants à la chasse à courre.
Quant à l’arrêté du préfet, il indique :
« Considérant que dans le cadre des 90 ans du musée de la vénerie qui se tiendront le samedi 14 juin 2025 à Senlis de 9h à 21h30, il existe des risques sérieux de trouble à l’ordre public lors du défilé pédestre organisé dans les rues du centre-ville, opposant potentiellement les organisations de chasseurs et le collectif AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) et d’autres militants sympathisants ; que les manifestations de ces militants, eu égard aux risques de troubles à l’ordre public, ont fait l’objet d’une interdiction ; »
https://www.oise.gouv.fr/contenu/telechargement/89754/647375/file/20250613_RAA_sp%C3%A9cial.pdf
Le préfet autorise par cet arrêté la captation, l’enregistrement et la transmission d’images au moyen de caméras installées sur des aéronefs, mais aucune interdiction des opposants n’y figure, sinon contrairement ce qui est écrit dans le considérant car :
D’une part, il serait mentionné dans les visas avec son numéro permettant de le retrouver au RAA (Recueil des Actes Administratifs) publication obligatoire rendant les arrêtés exécutoires,
D’autre part, le Collectif AVA aurait été destinataire de cet arrêté d’interdiction le concernant directement, pour information.
La formulation ambigüe « que les manifestations de ces militants, eu égard aux risques de troubles à l’ordre public, ont fait l’objet d’une interdiction ; » pourrait laisser croire à une interdiction générale et absolue, ce qui est illégal évidemment, d’autant plus que toute restriction au droit constitutionnel de manifester doit être légitime, proportionnée et avec l’absence d’autre moyen de maintenir l’ordre public, l’arrêté comportant les délais et voies de recours pour le contester devant le juge administratif.
Le préfet de l’Oise a déjà pris un arrêté d’interdiction de rassemblement en préparation, information médiatisée puisque l’objectif des interdictions c’est que le public en soit bien informé et publié au RAA.
4- Des garde-fous
Le gardé à vue libéré sera-t-il renvoyé devant le juge ?
Encore faudra t-il prouver l’interdiction de sa présence à cette fête publique organisée par d’autres.
Les juges sont nos garde-fous contre les abus de pouvoir et la censure.
Cette opposition publique permet de revenir sur la question des droits fondamentaux des citoyens : liberté d’opinion, d’expression, de réunion et de manifestation.
On se rappelle les « casserolades » interdites par certains préfets à l’occasion de défilé présidentiel.
Se pose la question de la censure des opposants par le biais d’interdiction abusive : n’y a-t-il pas détournement de pouvoir pour faire taire des opinions qui déplaisent à certains ?
Lili administratrice CVN

Convention Vie et Nature
Mouvement d'écologie éthique et radicale pour le respect des êtres vivants et des équilibres naturels