L’hypothèse des droits de l’animal est sans doute née d’une formulation habillement proposée par le jurisconsulte Jérémy Bentham en ces termes : « la question n’est pas : peuvent-ils raisonner, ou peuvent-ils parler mais peuvent-ils souffrir ? »[1]. En conséquence, dès lors qu’un animal présente des aptitudes à éprouver de la souffrance, celui-ci peut être présumé sensible. Sur ce postulat, les philosophes, les éthologues, les scientifiques et les juristes, progressivement ont accordé un intérêt à la souffrance de l’animal. Cela a conduit au fil des époques à l’adoption de la loi Grammont de 1850, puis récemment, à la célèbre loi controversée n°2015-177 du 16 février 2015 relative à la modernisation et à la simplification du droit et des procédures dans les domaines de la justice et des affaires intérieures.
En raison des critiques autour de la loi précitée, et de l’ineffectivité du droit positif, l’ancien Ministre de la justice Robert Badinter préconisait à l’occasion d’un colloque organisé par la Fondation, Droit, Animal Ethique et Science (LFDA), la proclamation des devoirs des êtres humains envers l’animal et la création d’une autorité indépendante, à savoir un défenseur des droits des animaux. A cet effet, la Constitution Indienne mérite d’être saluée en ce qu’elle institue un devoir de compassion à l’égard du vivant animal.
Ces recommandations prêtent à réflexion afin de rigoureusement encadrer les utilisations de l’animal par l’Homme.
Pour l’heure, en l’absence d’une autorité indépendante, les associations animalistes déploient des mécanismes favorables à la valorisation de l’animal en société à travers tantôt des colloques, tantôt des concours de plaidoirie animalier. C’est ainsi qu’en date du 29 mars 2025, s’est tenue la troisième édition du concours de plaidoirie dédié à l’animal, organisé sous l’égide du Campus Animaliste au sein de la mairie du 11ème arrondissement de Paris. A cette occasion, les sept finalistes (Clara. B, Juliette. M, Cécile. R, Ambroise. C, Sara. D, Lyslou. G et Paul D-V) ont ébloui l’auditoire ainsi que le jury par la richesse et la pluridisciplinarité de leurs sujets à savoir :
- Loup y es-tu ? Que fais-tu ? M’entends-tu ?
- La tête sous l’eau,
- A cheval entre sport et bien-être, tenir les rênes de l’éthique,
- La sensibilité des minuscules avec une proposition visant à voir remplacer la mention « sensibilité » par « sentience »,
- Plaidoyer pour un lobbying animaliste et social,
- Contes cruels de l’envers du décor,
- L’étoile qui brille encore : plaidoyer pour les sans voix.
Ce fut une grande joie d’y assister aux côtés des autres membres du jury dont Réjane Sénac, Lamya Essemlali et Res Turner.
[1] J.-B. Jeangène Vilmer, L’Éthique Animale, coll. « Que sais-je ? », PUF 2011.
Photo : @Fairshot

N'nan Tessougue
Audiencière en droit de la sécurité sociale.
Diplômée d'un Master 2 Droit de la Santé et des Biotechnologies, Paris Saclay