Votre compagnon animal est mort. Vous êtes anéanti…
Et autour de vous, l’incompréhension. Vous vous sentez si seul…
« Félix était mon confident, mon ami et, après une journée difficile, un vrai rayon de soleil. Félix ne me jugeait pas, il m’aimait d’un amour inconditionnel. Quand j’étais heureuse, Félix l’était aussi. Quand j’avais le cafard, il se couchait près de moi et m’enveloppait du regard. Félix, c’est ce gentil chien adopté dans un refuge il y a 10 ans, qui au début faisait bêtises sur bêtises mais auquel je pardonnais tout… Mais voilà… Félix n’est plus. Il est mort hier matin. Je savais qu’il allait partir, qu’il me quitterait. Je le savais et je pensais m’être préparée à son départ, mais là, je suis anéantie. Je ne sais pas continuer sans lui… » Voici ce que m’expliqua Diane lors d’un accompagnement sur le long chemin du deuil de son animal.
La douleur du départ de ce compagnon animal est forte. Il y a les pleurs, la culpabilité, l’impression de s’éteindre, le manque, la souffrance, le chagrin, la colère. Pourtant, aujourd’hui, de trop nombreuses personnes pensent qu’il est indécent de parler de deuil lorsqu’un de nos compagnons disparaît. Cassons donc ce silence. Partageons ces émotions, ces souvenirs. Petit à petit, chacun à notre rythme, apprenons à nous reconstruire sans l’autre, mais empli de lui.
Vivre un deuil animalier affecte tout notre être : partager ou se taire ?
Le deuil animalier est un processus normal, un cheminement que vit toute personne confrontée à la perte de son animal jusqu’à ce qu’elle puisse réapprendre la vie sans lui.
Si chaque individu vit différemment la mort de son animal, nous passons tous par les mêmes étapes du deuil décrites par la psychologue Elisabeth Kübler-Ross. Mais ces étapes ne sont pas vécues de la même façon par tous les propriétaires, ni dans le même ordre. Elles varient en force et en durée. Certaines personnes peuvent même rester bloquées sur une phase comme la colère ou le déni, entravant ainsi leur évolution vers plus de sérénité. « Il n’y a deuil que s’il y a attachement » nous dit Christophe Fauré. Et moins la mort est attendue, plus le choc de ce détachement peut être vécu comme violent, injuste et la période de deuil subie.
Le chemin d’un deuil, ce n’est pas faire table rase du passé avec votre animal et faire disparaître vos souvenirs pour —in fine— l’oublier. Au contraire, c’est bien grâce au processus de deuil et à toutes les transformations émotionnelles que vous vivez sur ce chemin du deuil de votre compagnon animal que vous serez à même de créer un autre type de relation avec lui. Il s’agit de retrouver de l’apaisement tout en l’ancrant pour toujours en vous, en déposant un sourire sur vos souvenirs partagés. La cicatrice sera présente, mais elle sera une preuve de l’amour que vous avez vécu avec votre animal et plus une blessure ouverte et à vif.
Vivre un deuil affecte notre être entier. Faire face au regard de l’autre peut le rendre encore plus difficile à vivre. Car il est souvent reproché un excès de sensiblerie aux personnes vivant le deuil de leur compagnon animal. Cette relation peut être incomprise, sous-estimée ou volontairement rabaissée par certains qui ne souhaitent pas que la place des animaux dits de compagnie change dans la société. Si le deuil animalier était considéré, l’animal y gagnerait sa place. Il est donc opportun pour ces personnes de le moquer, voire de l’ignorer. Et le deuil animalier reste bien souvent silencieux, invisible et incompris. Oui, beaucoup préfèrent taire leur souffrance plutôt que de subir le regard et l’incompréhension des autres.
Quelques astuces pour mieux appréhender les étapes du deuil animal
Étape 1 : Le choc
C’est une phase courte dans laquelle vous vous trouvez dans l’incapacité de bouger ou d’agir.
Astuce : C’est le moment de la surprise, du choc. Pleurez, criez, parlez. Mais surtout ne prenez pas de décision pendant cette phase. Soyez bienveillant avec vous. Vos venez de perdre un ami, vous avez le droit de souffrir et de le crier si vous le souhaitez.
Étape 2 : Le déni ou négation de la réalité
C’est pendant cette phase que vous risquez de créer une sorte de sanctuaire (en gardant tous ses objets par exemple) pour le maintenir vivant et surtout garder l’espoir fou que ce que vous vivez n’est pas réel.
Astuce : Poser des mots sur la réalité peut être très enrichissant. Vous pouvez décrire la situation que vous vivez, le plus précisément possible. L’écriture vous permet de visualiser votre douleur et petit à petit de rendre consciente une situation si difficile à intégrer.
Étape 3 : La phase des émotions ou des ressentis
Comme émotions, vous pouvez ressentir la colère, la peine, la tristesse, la culpabilité, la peur, le manque…
La colère : C’est le temps de la révolte envers vous ou envers les autres. Vous vous sentez impuissant et vous en voulez à tout le monde. Derrière la colère se cache la peine. Ouvrez-vous à la colère pour que la peine puisse éclore.
La peine : Une sensation si forte qu’elle en devient physique. En effet, votre corps ne vous porte plus, vous pouvez ressentir de la fatigue, ne plus avoir d’énergie, manquer d’appétit.
La tristesse : C’est le moment de la perte de repères. Toutes vos habitudes sont chamboulées et même la plus facile des tâches vous semble impossible à réaliser.
La culpabilité : Envers vous-même ou envers les autres. Vous vous sentez coupable de ne pas l’avoir sauvé, vous reprochez à ce conducteur d’avoir roulé trop vite…Vous cherchez désespérément une personne responsable de la mort de votre animal. En mettant toute votre énergie dans la recherche, vous évitez de laisser parler la peine. Là encore, derrière la culpabilité, se cache la peine combinée au manque.
La peur : Vous avez vécu des années avec votre compagnon, son départ vous fait mal, vous êtes en colère, vous vous sentez coupable et derrière toutes ces sensations, se cache une peur. Peur de ne pas pouvoir continuer sans lui, peur de cette solitude qui est maintenant la vôtre.
Le manque : Le sentiment d’un vide que vous n’arrivez pas à combler. Ce sentiment perdurera sûrement après avoir vécu le deuil. Le manque que vous continuerez de ressentir après le départ de votre animal est tout-à-fait normal. Il est la preuve de cette relation unique qui vous unissait à votre animal.
Astuce : Encore une fois, l’écriture peut s’avérer salvatrice. Je vous conseille pour chacune des émotions ou des sensations que vous ressentez, de noter sur votre cahier ce qui se cache derrière elles : « je suis en colère car je ne peux pas le faire revenir, je me sens coupable de l’avoir fait endormir, j’ai peur de me retrouver face à ma solitude… ». En déposant vos douleurs sur le papier, vous pourrez discerner la réalité de l’interprétation que vous vous en faites.
Dans cette phase, le plus important va être de trouver une ou des raisons de continuer par deçà ces émotions. Il est important de les vivre mais il est également important de les quitter. Pour se faire, rien de mieux que de redonner vie à votre animal par vos souvenirs. Pour être plus précise, il est temps de noter toutes les belles choses que vous avez vécues avec votre compagnon. Ce qui le rendait unique, vos promenades, vos câlins, ses bêtises, ce que vous lui avez apporté, comment vous l’avez sauvé, tout ce qui fait que, grâce à vous et votre amour, votre animal a connu le bonheur.
Étape 4 : L’acceptation – phase tournée vers le futur
Vous prenez pleinement conscience que votre animal est bien mort et que rien ne pourra vous le ramener. Vous acceptez la mort de votre animal et les souvenirs chassent le manque et prennent sa place. Le futur vous apparaît moins sombre. Vous pensez à votre compagnon mais cela ne vous empêche plus d’avancer. Vous êtes riche « de lui » et cette richesse vous propulse vers le soleil.
Astuce : Coller des gommettes smileys sur vos miroirs… et à chaque fois que vous les voyez, souriez-vous pour réapprendre à sourire à la vie.
Étape 5 : La reconstruction ou l’envol
C’est l’étape pendant laquelle vous reprenez confiance en vous, vous vous sentez de nouveau prêt pour de nouveaux challenges, vous vous autorisez à sourire à la vie et à peut-être ouvrir votre maison à un nouvel ami.
Astuce : Petit Autodiagnostic. Si, malgré les années passées, des larmes vous viennent encore lorsque vous pensez à votre animal disparu, il est fort probable que vous n’ayez pas vécu votre deuil. Il est toujours possible de se poser et de décider de mener ce deuil à bout. Pour cela, vous pouvez travailler chaque phase et utiliser les astuces proposées pour arriver à la reconstruction. Et si vous en éprouvez le besoin, faîtes-vous accompagner.
Chaque deuil est unique comme chaque animal est unique et comme chaque personne constituant le foyer est unique. Chacun fait son deuil à son rythme, certains sauteront des étapes, d’autres resteront plus longtemps dans certaines. Accordez-vous du temps et de la bienveillance. Ce temps va vous permettre de libérer vos émotions et vos sentiments. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de vivre un deuil. Il y a votre façon.
Irène Combres
Coach Certifiée en Deuil Animalier
5 commentaires
Combres Irène
4 septembre 2024 à 16h21
Nous sommes très nombreux à vivre ce deuil. Et encore trop souvent, les personnes endeuillées par la mort de leur compagnon animal, doivent taire leur douleur pour éviter moqueries ou jugement.
A toute personne vivant le deuil de son ami, de son confident, de son compagnon de tous les jours, sachez que non ce n’était pas qu’un chien, qu’un chat, qu’un poisson, qu’un cheval…c’était un membre de la famille et qu’à ce titre vous allez le droit de ressentir tristesse, colère et manque.
Ne restez pas seul.e. Ouvrez-vous à vos amis et rejoignez des groupes de parole. Il en existe de plus en plus et certains sont gratuits.
Paillet
4 septembre 2024 à 12h36
Bonjour
Je sais que je ne suis pas seule à souffrir de la perte d’un animal mais beaucoup ne comprennent pas. Nous avons dû faire euthanasie Flamme le 11 février 2020. Elle souffrait d’une myelopathie dégénérative et en plus elle avait une tumeur sur la rate. Elle n’avait pas encore 10 ans. C’est moi qui ai du prendre la décision avec l’avis du vétérinaire bien sûr, mais c’est moi qui ai pris le rendez-vous. Tout c’est passé à la maison, dans son environnement et avec nous pour ne pas qu’elle parte stressée. Mais tellement douloureux que les larmes coulent encore. La question revient sans cesse, ai je fait le bon choix, aurais je dû attendre encore un peu, sachant qu’elle était condamnée. C’est son regard qui avait changé……J’aurais toujours le doute et elle me manque terriblement. Elle a été une compagne magnifique, un “chien ” exceptionnel. Pourquoi leur vie est elle su courte par rapport à la notre. Ils nous donnent tellement d’amour.
Combres Irène
4 septembre 2024 à 16h27
Se sentir coupable maintient inconsciemment un lien entre vous et votre compagnon animal. Il est extrêmement difficile de devoir prendre cette décision mais cette décision est le dernier acte d’amour et de respect que vous pouvez offrir à votre compagnon animal.
Pour avoir très souvent, lors de formations que j’animais auprès d’équipes vétérinaires, discuté de cette question “quand est-ce le bon moment”?la réponse donnée par les vétérinaires était : Même si prendre la décision est difficile, elle est la preuve de l’amour qui vous lie. Il vaut mieux 2 jours trop tôt qu’un jour trop tard.
Vous l’avez accompagné comme vous l’avez aimé avec respect et amour. Et n’oubliez pas que l’amour ne meurt jamais
Elodie
31 janvier 2024 à 8h29
Merci pour ce message grossetete,
Même si personne n’a répondu, je suis sur que chaque personne passé sur ce site, aura eu un peu d’allégement à la lecture de ce message.
Sa fait du bien d’entendre que nous ne sommes pas seules. Car dans cette peine immense, on pourrai croire que seulement nous, éprouvons cela.
Et je suis d’accord, bientôt nous les reverrons tous nos amours.
Bon courage à tous et toute
GROSSETETE
15 avril 2021 à 11h55
À vous mes consœurs et confrères qui avez perdu une petite boule de poils faisant partie intégrale de votre vie…
Je vous dis, vous n’êtes pas seul(e)s…
Partageons ensemble notre peine inconsidérable et nos émotions.
Ils sont et seront toujours dans notre cœur, jusqu’au jour où nous les reverrons au paradis.
Au paradis parce que cela ne peut être que là leur place !
Ils veillent sur nous comme nous avons veillé sur eux…
À tout jamais, je vous aime, vous adore mes enfants !