ActualitésAnimaux sauvagesDes victoires à la pelle contre le déterrage, une chasse qui disparaît à petit feu ! 

ASPAS16 septembre 20246 min

Au terme de cinq années de bataille juridique, la pratique tant décriée du déterrage des blaireaux a fortement diminué en France. Une évolution positive qui s’explique à la fois par les multiples succès obtenus devant les tribunaux administratifs, mais aussi grâce au retentissement médiatique suscité par les grandes campagnes de sensibilisation menées par nos trois associations ces dernières années. Engagées ensemble contre la cruauté de la vénerie sous terre, AVES France, l’ASPAS et One Voice entendent poursuivre la lutte jusqu’à l’abolition complète de cette pratique moyenâgeuse.

La France est l’un des derniers pays d’Europe à autoriser la chasse par déterrage, aussi appelée vénerie sous terre, une pratique particulièrement cruelle et non sélective, qui consiste à envoyer des petits chiens dans les terriers de blaireaux pour les acculer, de creuser la terre parfois pendant des heures, puis d’extirper les animaux de leur terrier à l’aide de grandes pinces avant de les abattre.    

Cette chasse, ouverte de septembre à janvier, est aussi possible dès le 15 mai, sur simple décision de la préfecture : on parle alors de « période complémentaire » de vénerie sous terre. En l’absence de volonté politique d’abolir purement et simplement le déterrage, ce sont précisément ces fameuses « périodes complémentaires » contre lesquelles l’ASPAS, AVES et One Voice ont déposé plusieurs dizaines de recours juridiques* ces dernières années, avec de très nombreuses victoires à la clé. Rien qu’en 2024, sur les 26 recours en référé engagés, nos associations ont obtenu la suspension de la vénerie sous terre dans 20 départements**.    

Parmi les arguments principaux retenus par les juges : l’absence de dégâts significatifs imputés aux blaireaux (dans les cultures, les remblais routiers, etc.) et la présence de blaireautins dans les terriers au printemps et en été. En effet, le Code de l’environnement interdit de tuer les petits d’une espèce dont la chasse est autorisée, or les blaireaux ont un faible taux de reproduction et leurs jeunes ne deviennent véritablement autonomes qu’à l’automne.  

À mesure que notre jurisprudence s’étoffe, victoire après victoire, les préfets sont de plus en plus réticents à autoriser les périodes complémentaires, au grand dam des chasseurs. Certains ne les autorisent plus du tout, d’autres proposent des périodes raccourcies, quand d’autres, enfin, persistent à maintenir coûte que coûte l’ouverture de la vénerie sous terre dès le 15 mai, quand bien même un juge a déjà suspendu puis annulé l’arrêté attaqué…

En 2020, le nombre de départements à autoriser cette chasse controversée dès le 15 mai était de 72. En 2024, ils n’étaient plus que 19 !

Animal longtemps méconnu des Français, le blaireau a bénéficié de grandes campagnes de sensibilisation au cours des dernières années, et de plus en plus de citoyens sont sensibles à sa cause.    

D’après un sondage Ipsos de 2023 commandé par One Voice, 84% des Français se disent en effet favorables à l’interdiction du déterrage, quelle que soit l’espèce concernée, un pourcentage stable depuis 2018. Une forte opposition qui s’exprime régulièrement au moment des consultations publiques, chaque année, avant l’adoption par les préfets des arrêtés autorisant ou non des périodes complémentaires de vénerie sous terre. L’ASPAS et AVES France sont particulièrement mobilisées, chaque printemps, pour faire connaître l’existence de ces consultations et pour inviter un maximum de citoyens à y participer. Même si les avis ne sont que consultatifs et que très peu préfets en tiennent compte dans leurs décisions finales, le rejet de la vénerie sous terre est souvent sans appel (cela a été le cas cette année en Saône-et-Loire, par exemple, avec 84% d’avis défavorables) 

En 2020, la publication de l’infiltration par One Voice d’un équipage de vénerie sous terre permettait à de nombreuses personnes de découvrir en images l’atrocité du déterrage. En 2022, la grande pétition citoyenne déposée par l’ASPAS sur le site du Sénat était relayée par de nombreuses associations et influenceurs, ce qui avait permis d’atteindre et de dépasser le seuil des 100 000 signatures requises en moins de 6 mois. 

Cette même année, l’ASPAS avait lancé la Journée mondiale des blaireaux, le 15 mai, une importante action de sensibilisation sur le terrain, dans les médias et sur Internet, à laquelle ont participé et continuent de participer, chaque année, de nombreuses associations partenaires partout en France. 

Le 13 mai 2024, un courrier co-signé par 10 ONG a été adressé au ministère de la Transition écologique pour demander l’interdiction totale de la vénerie sous terre. Il est inconcevable qu’une chasse aussi cruelle et destructrice soit encore autorisée en 2024 : nous ne lâcherons rien avant d’obtenir son abolition complète !

* D’autres associations de protection de la nature au périmètre d’action local ont également contribué au combat juridique (FNE Aura, LPO Aura, Indre Nature, etc.) 

** Allier, Ardennes, Aube, Calvados, Charente-Maritime, Corrèze, Creuse, Eure-et-Loir, Ille-et-Vilaine, Seine-et-Marne, Deux-Sèvres, Haute-Vienne. Pour les 6 autres départements où la justice n’a pas suivi cette année notre demande de suspension (Cantal, Gironde, Lot-et-Garonne, Loire-Atlantique, Puy-de-Dôme et Vendée), des recours en annulation seront jugés a posteriori. Par ailleurs, One Voice et AVES France ont engagé d’autres recours qui ont permis de suspendre les périodes complémentaires de vénerie sous terre dans 8 autres départements : Aveyron, Cher, Côtes d’Armor, Eure, Finistère, Indre, Indre-et-Loire et Morbihan. 


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