Numéro 13Animaux domestiquesToutes les nuances de bruit

Sandra Breault16 octobre 20233 min

Une BD sous forme d’un guide non-exhaustif et complètement biaisé sur tout ce que vous devriez faire pour rendre votre chien anxieux.

En 2021, le Québec a connu une véritable explosion des adoptions de chiens, une tendance observée dans bien des régions du monde durant la pandémie. Mais comme toute médaille a son revers, la province a également été témoin d’une augmentation des abandons, une triste réalité qui souligne l’importance d’une adoption réfléchie. Encore aujourd’hui, l’abandon de chien est un constat déchirant.

Parmi les raisons les plus évoquées, on retrouve souvent une incompréhension et un manque total de connaissance face à la charge de travail qu’exige l’éducation canine. Dans l’imaginaire collectif, prévaut cette idée qu’un simple passage de votre chiot dans une école canine le transformera en champion obéissant, donnant la patte et faisant le beau sans effort. Or, en réalité, l’éducation canine est un art subtil qui exige un effort soutenu et l’entière dévotion du maître. Les chiens réactifs, par exemple, présentent des comportements qui peuvent être mal interprétés comme agressifs ou excessivement peureux. Leur éducation nécessite patience, connaissance et, plus souvent qu’autrement, l’intervention de professionnels. Mais encore faut-il savoir quand et comment aller chercher les outils dont on a besoin.

Je dois avouer que j’ai moi-même idéalisé cette vie fantasmée du chien parfait. En 2016, avec mon conjoint, nous avons adopté, avec toute la naïveté du monde, un chiot berger allemand de 2 mois. Nous avons commis mille et une gaffes avec notre nouveau compagnon, et ce fut toute une épreuve. Cependant, voir d’autres personnes aux prises avec des difficultés similaires m’a inspiré l’écriture de cette BD. C’est autour de cette prémisse que je vous invite à découvrir mon univers dessiné, teinté d’humour et d’autodérision, à travers “Toutes les nuances de bruit.”, un guide non-exhaustif et totalement biaisé de tout ce que vous devriez faire pour rendre votre chien anxieux.

Pour vous mettre en contexte, en 2016, nous avions l’intention d’adopter notre premier chien. À l’époque, nous avions lu tous les livres, regardé toutes les émissions sur le comportement canin et effectué un doctorat informel en observation canine (vous savez, ce type de personne un peu gênante qui épie tous les chiens au parc sans en avoir un elle-même).

Bref, on était prêts.

Et comment résister à cette adorable boule de poils, avec ses petites pattes et ses grands yeux qui semblent dire : “Je suis un être sensible, et, ah oui, j’ai aussi des dents”. Je n’aurais jamais imaginé que cette dentition, prête à détruire mon mobilier, serait mon moindre souci. Le berger allemand est certes réputé pour être un bon chien de garde. Sur le papier, cela sonne professionnel : un chien de travail, responsable, intelligent et ponctuel. Mais qu’est-ce qui fait vraiment un bon chien de garde ? Un chien toujours en alerte (synonyme d’hyperanxieux) et maîtrisant parfaitement ses cordes vocales. Pour faire court, mon chiot avait toutes les qualités attendues d’un berger allemand, et le bruit de son existence est devenue la trame sonore de notre vie.

C’est poétiquement exprimé, mais ces huit premiers mois ont été rythmés par une variation subtile d’incessants hurlements et jappements. Mon chiot m’a complètement vidé de toute mes ressources. Par ailleurs, j’ai été submergée de commentaires provenant de parfaits inconnus, allant du monsieur qui prétend tout savoir parce qu’il a eu des labradors toute sa vie, au vétérinaire évoquant une faiblesse naturelle irrécupérable de la race (sous-entendre « vous n’aviez qu’à pas choisir un berger allemand »), sans oublier les remarques sexistes à peine déguisé qu’une femme (que dis-je, une fille !) ne possède pas l’autorité indispensable pour éduquer un berger allemand.

Mon chien incarnait l’anxiété à l’état pur, reflet de mon propre sentiment d’impuissance face à cette boule de poils débordante d’émotions à vif. Ce livre traduit avant tout ma relation avec mon besoin de contrôler mon environnement et mon chemin vers le lâcher-prise. En partageant mon histoire avec humour, je souhaite alléger le poids des difficultés de ceux qui, comme moi, affrontent leur anxiété et cherchent les moyens de la surmonter. Et quoi de mieux que de commencer par le rire pour y parvenir ? Parce que, après tout, rire de soi est la meilleure des thérapies, n’est-ce pas ?


 

Sandra Breault
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Bédéiste / illustratrice / Autrice de Toutes les nuances de bruit

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