Numéro 18Bien-être animalLe shiatsu équin, un outil d’équilibre et de résilience

Sophia Al Nassery15 janvier 20255 min

J’ai découvert la médecine traditionnelle chinoise, puis le shiatsu, il y a environ 10 ans. Après la découverte du shiatsu pour chevaux lors d’une initiation, j’ai décidé de m’inscrire en formation professionnelle.

Le shiatsu est une méthode de soin par le toucher, d’origine japonaise, qui se fonde sur les bases de la médecine traditionnelle chinoise. En shiatsu, on travaille avec l’énergie, ou le QI, qui est le souffle de vie animant toute chose.

Elle circule partout dans le corps, à la surface comme en profondeur, et anime jusqu’à la plus petite cellule.

Elle est également distribuée via des canaux appelés méridiens. Ces méridiens alimentent des organes et viscères, et à des émotions qui leur sont associées.

Lorsque l’énergie y circule naturellement, le corps et l’esprit sont équilibrés, et l’on se sent bien.

Le shiatsuki (praticien) harmonise la circulation de l’énergie dans ces méridiens par des pressions, percussions et étirements.

Comme le cheval est un animal qui communique beaucoup par le toucher, accepte très bien cette pratique.

C’est une méthode douce, qui agit en surface comme en profondeur, à plusieurs niveaux, permettant de réconcilier avec la main humaine, en apportant beaucoup de bien-être et de détente.

Le shiatsu permet également d’harmoniser les émotions.

Or, le cheval est un animal de fuite, plutôt émotif, et qui est attaché à la sécurité de son groupe.

Lors d’événements douloureux pour lui, des émotions comme la tristesse, la colère, ou l’incompréhension se stockent dans le corps et créent des blocages, entravant la circulation du Qi (sevrage, séparation de son groupe familial, embarquement, achats-reventes successifs, débourrage, travail, peuvent être autant d’expériences qui peuvent être mal vécues). Cela aboutit souvent à des comportements gênants et réactifs de la part du cheval, dits « indésirables » qui sont en réalité des indicateurs de mal-être.

Le shiatsu, en libérant ces émotions, permet la levée des blocages.

Ainsi,  le cheval peut retrouver sa joie de vivre et se sentir mieux dans son corps et dans sa tête.

Ce n’est pas un pré-requis, car le ressenti va se développer au fur et à mesure de la pratique.

Simplement, dans la tradition de la Médecine chinoise il est important que le praticien soit lui-même équilibré.

Pour cela, il convient de rester dans l’humilité, de pratiquer des activités favorisant le centrage ( do in, Qi gong, méditation …), et de n’apporter au cheval que ce que ce dernier peut et veut accepter. On n’impose pas, au contraire on invite l’animal à venir se relâcher, dans un cadre bienveillant.

Lors de mes stages et formations, j’enseigne justement à se connecter à son ressenti, à être ancré et à se familiariser avec les techniques de toucher. Les stagiaires repartent avec des billes pour pratiquer sur leur animal de manière efficace, même si ça ne remplace en aucun cas l’intervention d’un praticien compétent. .

Tous les équidés, c’est-à-dire les chevaux et poneys, mais également les ânes et les mules ! Les chiens, chats, NAC aussi bien sûr, et même les animaux de ferme.

Même si tout va bien, l’un des aspects du shiatsu est la prévention : on corrige les déséquilibres avant qu’ils ne s’installent et posent problème à l’animal et à son propriétaire.

J’interviens  principalement pour les équidés, car ce sont eux que je connais le mieux, mais les chiens sont très réactifs également, et cela a pour eux les mêmes bienfaits.

Lorsque le propriétaire est impliqué dans le processus, et que plusieurs séances sont réalisées, on assiste alors à des évolutions profondes et durables.

Par ailleurs, le shiatsu est selon moi un outil indispensable dans une démarche de réhabilitation ou d’éducation de chevaux dits «  difficiles » : il permet de les réconcilier avec la main humaine, de les accompagner dans leur résilience, de libérer les mémoires du passé et de mieux les comprendre dans leur personnalité propre.

Il y a mon site internet, qui est une mine d’informations à ce sujet.

J’y publie régulièrement des articles de blog, et je propose également depuis un an et demi une newsletter mensuelle, dans laquelle j’aborde des notions de médecine chinoise de manière simple et ludique.

Par ailleurs, je viens de créer avec deux amies une association dédiée à la sensibilisation au bien-être équin, qui se donne entre autres missions, de proposer de la formation aux intervenants de refuges d’équidés (dirigeants, salariés et bénévoles).

Et ce, afin qu’ils puissent s’ils le désirent, inclure le shiatsu dans leur processus d’accueil et de remise en confiance.

Les chevaux arrivant dans ces structures étant bien souvent de grands blessés de la vie, le shiatsu sera une aide précieuse pour les aider à réapprendre à être heureux


Sophia Al Nassery
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