Le 10 juin dernier, se tenait l’assemblée générale annuelle de l’OABA. Une cérémonie attendue qui s’est inscrite au sein des locaux de l’Assemblée Nationale et qui a comblé la salle de ses fidèles membres dont parmi eux : éthologues, vétérinaires, éleveurs, avocats, directeurs d’autres associations et même sénateur.
Le rigoureux travail de l’association y a été exposé, ses ambitions également. Et cette année était particulière, car c’était l’occasion de fêter un anniversaire, celui des 30 ans du Troupeau du Bonheur !
En effet, chaque année, dans le cadre de ses missions, l’OABA se voit confier des centaines d’animaux de ferme maltraités ou laissés sans soin par leur éleveur défaillant. En 10 ans, ils ont été plus de 10.000 animaux concernés (bovins, ovins, caprins, équidés) dont 2090 rien que pour l’année 2022 et ces demandes de prise en charge par les services de l’Etat ne font qu’augmenter.
C’est pour mettre fin au calvaire de ces animaux et leur offrir une nouvelle vie que l’association s’entoure de fermes partenaires réparties sur tout le territoire français qui ont pour mission de les accueillir, leur prodiguer les soins vétérinaires nécessaires et souvent aussi, leur régularisation administrative (identification, vaccination).
Certains de ces animaux, pour qui l’association obtient la garde définitive après décision de justice, sont gardés durant toute leur vie, sans exploitation (ni reproduction, ni abattoir).
Ce sont ces animaux qui constituent alors le Troupeau du Bonheur.
L’assemblée générale a ainsi été l’occasion de mettre en avant ces rescapés et leurs soigneurs avec des témoignages plein d’émotions.
Parmi eux, il y a ceux de la première heure, comme Bernard et son père qui ont accueilli l’un des premiers cheptels, Louis qui veille passionnément sur plus d’une centaine de bêtes mais aussi les transporteurs qui assurent une logistique et le confort des animaux jusqu’à bonne destination et enfin les petits derniers, comme pour ma ferme, qui constitue le 39eme troupeau sur les 40 actifs.
Pour ma part, tout a commencé lors d’une rencontre avec l’ancien président Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA durant 20 ans et parrain de la formation de Vet Agro sup dont j’étais l’étudiante.
Un échange passionné sur les missions de l’OABA, l’accroissement des procédures, le statut des animaux ne pouvant plus rester dans leur ferme du fait de leur délaissement (abandon de soins, manque de nourriture et d’abreuvement) et l’absence de « fourrière pour animaux de rente »… qui rend de ce fait si primordiale et nécessaire la prise en charge par les associations… a mené à la vocation toute trouvée de mon terrain de 10 hectares.
C’est ainsi que deux saisies d’ovins sont arrivées dans l’est. Composés de races Manech Tête noire et de Bizet, mes nouveaux compagnons ont nécessité une remise en état corporelle mais également un gros travail de remise en confiance dans la relation Homme – Animal.
Contrairement aux chiens et aux chats, les bovins, ovins, caprins et porcins pourtant également domestiqués et sélectionnés de longue date par l’Homme ne sont que rarement considérés comme individus en tant que tels. Dans les élevages, le cheptel est ainsi souvent constitué de simples numéros et cela au détriment de la connaissance des spécificités, besoins particuliers et caractère de chaque membre.
C’est ce à quoi veillent désormais les soigneurs du Troupeau du Bonheur.
L’assemblée a été une occasion de mettre en lumière autour de témoignages que veaux, vaches, cochons, moutons, poneys et chevrettes sont tous des individus doués de sensibilité et disposant bien de leur propre monde sensoriel, et aussi, que ces animaux dit de rente, peuvent également s’inscrire dans des projets agricoles différents que celui de les condamner à la bouche.
Ferme éducative, maison d’hôte à la ferme, éco-pâturage, médiation animale… Leur seconde chance en est également une pour la reconversion de certains éleveurs.
Aussi, le constat est clair : à les considérer comme des individus, à les respecter, en développant des interactions positives et à découvrir leur gouts et préférences (plutôt un bout de pomme qu’une carotte, plutôt des interactions à certains moments privilégiés de la journée…), leur fuite devient moins rapide, leur distance moins longue, jusqu’à ce que le contact physique se crée par une réelle volonté de leur part.
A ce jour, quelques-unes de mes brebis ne sont pas encore arrivées à ce choix, alors que pour d’autres je suis désormais une source d’interaction recherchée et aussi une « gratouilleuse » bien plus privilégiée que tous les aménagements du bâtiment de type brosses et picots prévus à cet effet.
Pour Vamos ou encore Hustule et son agneau, le pâturage à proximité de ma maison est devenu une place de choix. Elle permet ainsi de se faufiler pour se servir de fruits frais sur la table de mon salon lorsque j’oublie de fermer la véranda ou bien encore de se prélasser en terrasse sur les coussins de mes chiens. Malgré leur passé de maltraitance, ces animaux sont capable d’une incroyable résilience.
Pour autant, Il n’est pas question ici d’humaniser l’animal, ce n’est pas en leur donnant un nom au lieu d’un numéro ou bien en assouvissant certaines de leur volonté que cela leur ôte leur nature et identité propre. Il s’agit de mieux les comprendre pour favoriser des interactions plus agréables et qui rendra également toutes les autres interactions (tonte, vermifuge, soins particuliers…) bien moins anxiogènes pour eux mais aussi moins chronophages pour le soigneur. En résulte simplement une amélioration du bien-être pour tous.
Pour les ovins, leur instinct grégaire et la rapidité avec laquelle ils fuient en cas de danger font que souvent leur comportement est mal compris par les non-initiés. Pourtant, une étude réalisée par une université de l’Illinois a su placer le QI du mouton juste après celui des porcs et sur un pied d’égalité avec les bovins.
Vous souhaitez justement en découvrir plus sur les capacités cognitives et l’évolution des petits protégés de l’OABA ? Bonne nouvelle, il est désormais possible de les parrainer sur un site dédié !
Hustule et Hermes précédemment cités ou bien Margotte la vache, le sublime taureau Thor de la ferme de Roger, Flora douce jument revenue de bien loin ou encore Anette l’ânesse star du calendrier 2021… ils recherchent tous un parrainage pouvant leur assurer une belle fin de vie.
En vous rendant sur : troupeaudubonheur.fr
Vous pourrez cliquer sur les animaux présents dans les 40 fermes partenaires et découvrir leur histoire.
Les sauvetages de troupeaux en difficulté constituent la principale activité de l’OABA en termes de budget, 2/3 y sont consacrés. Une somme qui augmente chaque année, c’est pourquoi votre soutien est essentiel.
Ils comptent sur vous, merci pour eux.
Pauline Allier
Gérante de ferme partenaire pour l'OABA
Il y a un commentaire
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12 septembre 2023 à 7h24
Certains animaux sont gardes pendant toute leur vie. Après cette phrase se pose la question : que deviennent les autres ?