La maltraitance animale est un sujet qui préoccupe de plus en plus de Français.
Celle-ci est en constante augmentation ces dernières années avec des actes de plus en plus violents et répertoriés sur les réseaux sociaux.
Des policiers et gendarmes ont été désignés « référents locaux », je fais partie de l’un d’entre eux. Voici mon histoire.
Je m’appelle Julie et je fais partie des 4000 policiers et gendarmes référents “maltraitance animale” formés sur tout le territoire français. Cette formation a été effectuée par la S.P.A. (Société Protectrice des Animaux).
J’ai toujours aimé les animaux, ils ont une place importante dans ma vie.
Plus jeune j’ai eu un lapin, un cochon d’inde, des hamsters, des oiseaux et un chat.
J’ai aussi voulu être vétérinaire durant de nombreuses années.
A l’heure d’aujourd’hui je suis l’heureuse maîtresse de deux chattes, deux chiens, deux lapins et d’une poule.
Ma dernière chienne est notamment issue d’un sauvetage sur l’Ile de la Réunion.
Lorsque la loi 2021-1539 du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les Hommes a été mise en place, elle a découlé sur l’installation de référents locaux parmi les policiers et les gendarmes partout en France.
C’est tout naturellement que je me suis portée volontaire.
Cette fonction consiste à prendre connaissance des signalements anonymes envoyés via la plateforme du Ministère de l’Intérieur et à confirmer ou non la véracité des faits. (mis en place le 05 octobre 2023).
Cela peut se faire en me rendant directement sur les lieux ou en mandatant une patrouille de police ou encore un équipage d’une Police Municipale.
Je dois alors rendre compte de mes investigations à la Division Nationale de Lutte Contre La Maltraitance Animale qui a été créé à la mise en place de cette loi.
Je peux également diligenter des enquêtes en flagrance suite à l’appel direct d’un requérant, d’un appel 17, d’un témoignage ou encore suite à la constatation d’un délit directement par les forces de l’ordre.
Il faut savoir qu’entre 2016 et 2021, il a été constaté une augmentation de 30% d’actes de violences commis sur un animal.
Cette augmentation est encore plus flagrante dans les DOM-TOM notamment sur l’Ile de la Réunion où près de 10 signalements sont reçus par les associations locales qui ont saisi plus de 350 chiens dans des squats en l’espace de 3 ans.
Le but de ces enquêtes consiste principalement à faire cesser l’infraction, abréger les souffrances de l’animal, pouvoir le prendre en charge et le confier à une association le temps de l’enquête.
S’en suivent les auditions des personnes impliquées, des clichés photographiques des conditions de vie ou de détention, et une décision pénale prise par le magistrat territorialement compétent.
En une année, j’ai réalisé plusieurs enquêtes concernant notamment des abandons volontaires ou des sévices graves avec actes de cruauté.
Je n’ai encore jamais eu à restituer un animal à son propriétaire dans ce type d’affaire avérée.
Les mis en cause ont toujours été condamnés à une interdiction temporaire ou à vie de détenir un animal. Je prends régulièrement des nouvelles de ce sont devenus ces boules de poils.
La dernière en date, une croisée labrador/braque de 4 mois laissée sur un balcon sous 35 degrés a été adoptée par un collègue policier.
Pour travailler à ce poste, il faut avoir un amour profond pour les animaux, savoir se renseigner là où il faut pour des espèces qu’on ne connaît pas forcément.
Ma binôme s’y connaît mieux en chat, moi je dirais en chien.
Etre entourée d’associations de confiance est également primordiale.
Il faut savoir surtout dissocier votre vision propre de l’animal à celle au sens légal du terme. Un chien qui passera ses journées dans un jardin ne sera pas forcément reconnu comme maltraité aux yeux de la loi.
Et c’est là toute la complexité qui fait à la fois notre faiblesse, à savoir le dénigrement et l’incompréhension des citoyens et notre force, celle capable de prendre du recul sur une affaire et de faire les choses correctement pour arriver à nos fins.
Julie B
Référente Maltraitance Animale Police Nationale