Si vous pensiez que les tests de nage forcée et les chocs électriques appartenaient au passé, vous allez devoir réévaluer votre position : malgré les controverses à ce sujet, le ministère de la Recherche vient d’approuver un projet qui va électrocuter 600 rats à répétition et les forcer à nager sans échappatoire pour étudier la manière dont le stress chronique peut mener à la dépression. Comment accepter ces pratiques en France en 2022 ?
One Voice expose le problème et appelle à interpeller le ministère de la Recherche.
Vous avez probablement déjà entendu parler du test de la « nage forcée » notamment grâce à PETA qui fait campagne depuis 2018 contre son utilisation par les grandes entreprises de recherche. Cette expérience implique de mettre un rongeur dans un conteneur d’eau pour observer pendant combien de temps il va se débattre et essayer d’en sortir. Le test dure généralement six minutes, une éternité pendant laquelle le rongeur ne peut pas savoir s’il va survivre ou finir par se noyer. Il se débat d’abord, avant d’abandonner l’idée de sortir, se restreignant alors à ne plus faire que les mouvements nécessaires pour maintenir sa tête hors de l’eau.
Pendant ce temps, il est filmé. De nos jours, les images seront analysées par des logiciels spécialisés, développés par exemple chez Bioseb à Vitrolles ou Viewpoint à Lyon, pour coder automatiquement les comportements observés, qui servent à évaluer la « dépression » ou le désespoir de ces animaux, le plus souvent pour prédire l’efficacité de médicaments antidépresseurs.
Un nouveau projet approuvé en France
Grâce à la Commission européenne, la France publie enfin des résumés des projets d’utilisation d’animaux récents depuis 2022.
Vous l’aurez compris : un projet récemment approuvé par le ministère de la Recherche va utiliser le test de nage forcée pour étudier « le développement de symptômes dépressifs induits par le stress chronique ».
En bref, cela veut dire que 600 rats, après qu’on leur aura implanté des canules dans le cerveau, subiront pendant deux jours d’affilée une séance de cinquante minutes de chocs électriques « non échappables et non prédictibles ».
Puis l’équipe de recherche évaluera leur comportement dépressif et l’effet d’une molécule d’intérêt avec des tests comportementaux, dont un test de nage forcée de quinze minutes.
Nous appelons le public à nous aider à faire arrêter ces tests
Il est inadmissible que ces tests se poursuivent aujourd’hui. Les rats sont des animaux intelligents, joueurs et sensibles aux besoins de leurs congénères. Des animaux sentients, en somme. Rien ne peut justifier qu’on les utilise pour nos propres intérêts.
Ces prochaines semaines, nous vous en apprendrons plus sur la nage forcée, ses pratiques en France, les campagnes internationales contre son utilisation et les alternatives envisageables pour aider les personnes souffrant de dépression.
Nous appelons le public à solliciter collectivement le ministère de la Recherche pour refuser ces tests, avec un courrier-type (à télécharger ici) à envoyer via le formulaire du ministère et à publier des tweets sur la cruauté et sur les alternatives, selon des modèles accessibles dans notre article en ligne.
/ ? \ Chocs électriques et impuissance apprise
Infliger des chocs électriques sans échappatoire à des animaux est une méthode courante dans les recherches sur la dépression. « L’impuissance apprise » a été conceptualisée par Martin Seligman et James Bruce Overmier en 1967 après qu’ils ont soumis des chiens à des chocs électriques qu’ils ne pouvaient pas éviter, pour constater par la suite que les chiens ne faisaient même plus l’effort d’éviter de nouveaux chocs électriques dans une situation où cela leur était possible. Leur expérience a été reproduite de nombreuses fois par la suite, en utilisant divers animaux, a donné lieu à de nombreuses interprétations, et a été à l’origine d’un modèle de dépression très utilisé aujourd’hui sur des rongeurs. Les chocs électriques utilisés pour provoquer une impuissance apprise font d’ailleurs partie des exemples de procédures « sévères » fournis par la réglementation française.
© Rose M. Spielman, PhD – Psychology: OpenStax, p. 519, Fig 14.22 / https://en.wikipedia.org/wiki/Learned_helplessness#/media/File:Shuttle_Box_Dog_Orange.png / CC BY 4.0
Cet article est le premier d’une série de quatre sur la nage forcée :
- Chocs électriques et nage forcée en France en 2022
- Nage forcée : les images (à venir)
- Nage forcée : les entreprises qui avancent et l’industrie qui résiste (à venir)
- Nage forcée : d’autres approches sont possibles (à venir)
3 commentaires
RB
23 juin 2022 à 9h28
De grands cerveaux humains pour justifier des méthodes d’un autre âge …,
Chevalier
22 juin 2022 à 13h49
Des monstres….. La cruauté humaine est affligeante.
Pauvres petites victimes innocentes de psychopathes tortionnaires.
Locoge
21 juin 2022 à 20h13
Les humains sont des monstres comment crs gens peuvent ils dormir tranquillement le soir honte à vous chercheurs de merde